Chapitre 14

0 0 0
                                    

-    Pourriez-vous me donner sa description monsieur ?

-    Mais je suis le meurtrier madame annonçais-je de but en blanc.

-    Co...ment bégaya mon interlocutrice ?

Je raccrochais.

La femme me dévisagea avec des yeux ronds comme des billes. Elle entrouvrit les lèvres mais aucun son ne sortit. Cette soirée avait dû être assez éprouvante pour elle. A peine cette pensée traversa mon esprit qu'elle fondit en larme. Je ne réagis pas ; premièrement car je n'avais aucunement l'intention de l'approcher plus que je ne l'avais déjà fait et deuxièmement car je suis quelqu'un de très peu empathique, les sentiments et émotions coulent sur moi, je ne les ressens pas, ... ou plus. De plus je n'avais aucune idée de la manière dont il fallait gérer une femme en pleurs. Au loin les éclats de lumières bleus et rouges venaient crever l'obscurité de la nuit. Je me rapprochais une dernière fois du corps sans vie qui gisait au sol et m'imprégna de ce visage, de cet homme, cette image serait la dernière que j'aurai de lui. Des voitures balisées se stationnèrent devant la ruelle de telles sortes à bloquer l'accès. Plusieurs hommes sortirent des véhicules arme au poing. On me somma de m'agenouiller les mains bien en évidence, ce que je fis. Rien ne servait de résister j'avais commencé autant en finir. Un flic armé jusqu'aux dents vint me laquer au sol avec vigueur et force il me passa les menottes sans ménagement. Selon moi il n'était pas nécessaire d'en arriver à e telles extrémités, finalement je n'étais qu'un adolescent pommé de dix-sept ans et non un terroriste multirécidiviste. Mais bon en un sens c'était un honneur de voir tout ce défilé, j'avais l'impression d'être quelqu'un d'important ça me plaisait.

-    Vous avez le droit de garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra être et sera utilisé contre vous devant une cour de justice. Vous avez le droit à un avocat et d'avoir un avocat présent lors de l'interrogatoire.

Comme dans les films, génial ! Juste avant que le flic ne me mette dans la voiture je jetai un dernier regard à cette femme qui avait tout comme moi rencontré la route de ce monstre et ce que j'y vis me fit une drôle de sensation dans le corps. Je crus y percevoir... de la reconnaissance ? Une chaleur inhabituelle se rependit en moi, on s'était compris.

« Tu n'es pas une personne méchante »

Je me retrouvai donc en compagnie de deux policiers de part et d'autre de moi s'assurant sans doute que je ne prenne pas la fuite d'une quelconque façon. Durant tout le trajet pas un mot ne sorti. Je ne savais pas si on allait à la maison d'arrêt ou au poste mais une chose était sûre j'allais forcément être enfermé pensai-je, léger.

Nous arrivâmes devant ce qui me semblait être un poste on me fit sortit puis avancer pour enfin rentrer dans le bâtiment. Là on me mit en cellule. Un banc m'y attendais, je ne sais combien de temps je passais là peut-être deux heures ou peut-être plus, à vrai dire je restai là, allonger retraçant les derniers évènements en date. Comment cela avait-il pu dégénérer à ce point ? J'eus une pensée pour le couple Clark. S'inquiétaient-ils de mon absence ? Avaient-ils été prévenus ? Comment allaient-ils réagir ? Quoique pour cette question j'avais la réponse. Après tout quelle réaction pouvait-on avoir lorsque le jeune homme qu'on a hébergé durant une journée seulement est accusé et bientôt rendu coupable de meurtre. C'est très simple, on s'en sépare avant que son poison ne nous contamine. Mais mes inquiétudes étaient plus orientées vers mon futur que mon passé, c'est vrai, estimant n'avoir aucune chance devant un jury je me savais condamné mais la question était de savoir où ? j'étais encore mineur je ne risquais donc pas vraiment de finir dans une prison de haute sécurité. Allais-je supporter la soumission ou encore la vie conditionnée ? Tant de réponses inconnues à mes questions. Cependant je caressais l'espoir de recouvrer une vie après la case enfermement. Nourrissais-je du regret après l'acte commis et après des heures passées à méditer derrière ces murs ? Non, aucun cet homme avait mérité le sort qui lui avait été réserver. Un sentiment d'accomplissement se créait chaque fois que l'image du monstre revenait en moi. J'avais ôter la vie d'un corps et je ne me sentais absolument pas concerné par une quelconque trace de culpabilité ou de tristesse. J'avais tué et j'étais fier d'avoir tué. Est-ce qu'une personne seine d'esprit prononcerait ces mots ? Certainement pas. Après tout peut-être étais je quelqu'un de particulier, un sociopathe ou simplement une personne qui ayant mis fin à ses angoisses et à ses peurs les plus profondes ressentait un sentiment de soulagement. Je m'allongeai sur le banc et, dans la tranquillité et le silence de ma cellule m'assoupis. Un visage, son visage vint perturber mes songes. Il était là, au-dessus de moi et me regardait, sans un mot, sans un geste, juste son regard fixé sur moi. Cette sensation désagréable me fit sortir de mon sommeil. Je m'éveillai un peu comateux et perdit un instant toute compréhension du moment. Un instant j'avais oublié ce que je faisais ici entre quatre murs. Mais un uniforme vint me le rappeler en frappant les barreaux de ma cellule avec sa matraque.

CondamnéWhere stories live. Discover now