Chapitre 20

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Une fois notre cellule regagnée le maton me prit à part :

- Ecoute moi bien petit merdeux depuis le peu de temps que tu es ici je n'entends que ton nom. Je t'ai laissé tranquille car tu es nouveau ici et en période probatoire mais j'ai lu ton dossier et j'ai bien peur pour toi qu'après ton audience tu reviendras là. Alors sache une chose, si jamais il ne te vient l'envie de faire à nouveau parler de toi je serai là mais cette fois crois moi tu auras perdu tout sourire sur ta gueule d'ange. Souviens toi qui possède la matraque ici. Un indice : ce ne sont pas les noirs. Je viendrai te chercher demain matin. Et numéro douze une dernière chose. N'oublie jamais que tu es un meurtrier et rien d'autre compte sur moi pour te le rappeler chaque jour me cracha-t-il en fermant ma cellule.

Un meurtrier... un meurtrier et rien d'autre... Sa voix résonna dans ma tête. Voilà tout ce qui me caractérisais je n'étais plus que ça, réduit à la simple image de bête sanguinaire. Aux yeux du monde je n'étais plus Nathanaël Hell mais Nathanaël le meurtrier. Celui qui avait commis un parricide. Tout au long de ma vie je m''étais obstiné, et avec succès, à être indiffèrent quant au regard des autres, notamment ceux de mes camarades qui me jugeaient et dénigraient constamment devant mes habits, mes cocards, mes tatouages, mon renfermement ou mal-être peu importe le nom que ça porte. Cependant aujourd'hui tout était différent je ne supportais pas l'idée qu'on puisse voir en moi juste un meurtrier. Même si en un sens c'est bien ce que j'étais je me refusais à me voir uniquement comme tel, la vérité était tellement plus complexe que cela oui j'étais un tueur mais j'étais d'abord une personne qu'on avait utilisée, brisée, battue et qui en conséquence avait réagi de manière plus incisive mais pas pour autant plus violente et ça seul moi pouvait le comprendre, je ne lui avais même pas rendu le tiers de ce qu'il m'a fait subir. Je n'aurai pas eu assez de sa mort pour le repentir, il avait répandu trop de mal autour de lui.

Je m'allongeais sur mon lit le regard vague, dirigé vers le plafond, laissant mon esprit vagabonder. Demain le verdict sera donné. De combien d'année allais-je écoper ? Il y avait quelque chose que je détestai par-dessus tout dans cette cage. C'était le temps qui semblait comme figer. Ici dans nos cellules aucune indication nous était donnée, les secondes semblaient passées comme des minutes et les minutes comme des heures. Je me dis alors que ma peine allait me sembler bien longue enfermée derrière ces barreaux. Une question demeurait cependant pérenne qu'est ce qui allait me faire tenir ? Quel est l'élément qui me permettrai de passer vingt ans de ma vie enfermé tel un animal dans un zoo sans émettre la moindre résistance qu'elle qu'elle fut. A la différence de nombreux détenus voire tous, à seulement dix-sept ans je n'avais plus rien, ni famille, ni amis, ni maison, ni quoique ce soit. Je ne vivais pour rien ni personne. Dans ce monde je n'étais ni ami, ni frère, ni fils, ni amant. Je n'étais rien de tout ça seule une âme égarée ayant perdu et à jamais tout point de repère. Dans ma vie je n'avais côtoyé que violence et injustice. Oui voilà un point où j'étais sûr d'une chose : le monde était injuste. Longtemps, désespéré j'ai prié. Prier je ne sais quelle puissance peu importe laquelle fut-elle du moment qu'elle m'aidait. C'est alors que j'ai compris, compris que j'étais seul et que rien ni personne ne viendrait changer cela. En cours j'avais alors pu entrevoir ma porte de sortie. Nous étudions alors les statistiques lorsque le prof mentionna une certaine régression vers la moyenne. J'y fis alors le parallèle avec ma vie. Si jusque-là je n'avais connu que violence et drame alors peut-être qu'un jour allait arriver où enfin cette régression vers la moyenne ou plus communément appelé karma allait me permettre de recouvrer espoir, d'éprouver un peu de bonheur grâce à un évènement heureux. Seulement voilà, là encore la vie me montra à quel point elle pouvait se montrer injuste. Comme on peut s'en douter je n'y ai pas eu droit, et quelques années plus tard me revoilà plus bas que jamais cette régression vers la moyenne synonyme pour moi de descente aux enfers. Cependant après chaque coup que la vie m'infligeait une idée persistait. Ça ne pourra pas être pire. Et voilà c'est comme cela qu'à dix-sept an on se retrouvait à ma place. Finalement j'étais un grand naïf ou un optimiste, remarque l'un n'empêche pas l'autre. Mais m'étais-je purement et simplement voilé la face ou bien avais-je juste caressé à de trop nombreuses reprises un espoir qui semblait pourtant vain.

CondamnéWhere stories live. Discover now