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Noémie

Papa et moi communiquons quotidiennement par téléphone. Voilà presque dix jours que nous sommes à Cannes.
Il me manque toujours autant mais j'ai moins de mal à supporter son absence.

Avec Agathe je dirais que notre amitié s'est
renforcée. Nos nombreuses soirées potins en scrutant les comptes instagram des étudiants de notre bahut, sont de loin mes moments préférés.

Qu'est ce qu'on se marre avec Agathe !

En ce qui concerne Jaden...

A mon grand bonheur, on le voit très peu. Il s'est fait une bande de potes cannois. Il passe ses journées à la plage avec eux, et ses soirées à trainer ensemble.

Tant mieux. C'est pas moi qui vais m'en plaindre. J'appréhendais vraiment la cohabitation avec lui. Mais en réalité, il ne m'adresse plus la parole, les peu de fois ou je le croise dans la villa.

En fouillant son instagram avec Agathe, on a remarqué qu'il avait publié des photos avec ses nouveaux amis.

J'avoue l'avoir trouvé canon dans chacun des clichés. Il n'est beau qu'en photo, en réalité c'est le mal incarné.

Une jeune fille pose à ses cotés, elle lui donne un bisous sur la joue, tandis qu'il semble boire une cannette interdit aux mineurs.

Je scrute un long moment cette image. Et puis automatiquement, je me rappelle de la photo de nous qu'il a pris le soir du baisé volé. Instinctivement, je place mes doigts contre mes lèvres.

Agathe me ramène à la réalité.

— On se bouge ?! Sabrina est d'accord pour qu'on sorte rien que toutes les deux ce soir.

— T'es vraiment sure de vouloir sortir?

— Absolument. J'ai un super programme. Il y a un coin branché au bord de la plage. On va s'habiller en bombe et on va aller se trémousser un peu.

— Agathe on est mineur !

— T'en fais pas. C'est un endroit familiale.

Je finis par accepter, je me dirige vers la valise et en sors ce que j'ai de plus présentable. Un jean noir, un t-shirt blanc et je place au dessus une chemise oversize noir et blanche.
Quand je rejoins mon amie, elle porte une magnifique robe rose, et une paire de sandale.

Agathe grimace en me fixant de ses yeux bleus.

— Tu vas ou comme ça? C'est quoi cette tenue d'enterrement?

— T'aimes pas?

— On dirait un bucheron égaré.

— Ah... J'aime bien moi. Je dis en jetant un regard sur moi même.

Agathe retire la chemise que je porte. Puis elle m'inspecte un long moment.
Elle se dirige vers son armoire et me tend un petit short en jean.

— Tiens mets ça. !

J'attrape le mini short en fronçant les sourcils.

— T'es vraiment sure là?

— Fais moi confiance. On est pas resté dix jours à la piscine à faire bronzette pour priver le monde de notre bronzage. T'as des jambes incroyables ! Montre les !

Sous les encouragements d'Agathe, j'enfile le short et je m'empresse d'observer mon reflet.
Je suis obligée d'avoir que le résultat me plait beaucoup. Je ressemble à ma mère ce soir.

Agathe s'approche de nouveau et raccourcit mon t-shirt en le boquant dans mon soutien-gorge.

— Voilà ! Ça te fait un jolie croc top. T'as un ventre plat !! Profites-en. Dans dix ans, ton ventre aura surement accueillis des morveux... et tu regretteras de pas en avoir profiter.

Les répliques de ma meilleure amie ont toujours le chic pour me faire rire et flipper en même temps. Quand je l'écoute parler on dirait une quarantenaire qui a déjà tout vécu.

Après une rapide mise en beauté pour ma part; un peu de mascara, et avoir lâché mes longs cheveux bruns ondulés, nous décidons d'y aller.

J'ai tout de même la boule au ventre. Sortir le soir sans la présence d'un adulte, c'est une premiere pour moi. Mais Agathe semble totalement à l'aise. Elle est heureuse parce que Mathis lui fait une petite crise de jalousie après qu'elle lui aie envoyé une photo d'elle avec écris en légende « ce soir c'est la tournée des boites avec Nono ».

Comme si on allait faire ça.
À 16 ans voyons ! Quelle idée !

Un bus nous dépose dans une rue très festive, il est pas loin de dix-neuf heure.
Il y a des vacanciers partout.
Une bonne odeur de crème glacée, et de moneï. Les gens ont l'air heureux...
J'adore. Ça me rappelle mes vacances en famille quand maman était toujours parmi nous.

Nous nous stoppons dans le « dit »restaurant et nous nous y installons.
Agathe semble déçue, elle parle à peine.
Moi je trouve l'endroit très bien. La moyenne d'âge est d'environ quarante ans. Mais je me sens à l'aise. Personne ne nous calcule. Que demander de plus?
Nous commandons des hamburgers mais je sens qu'Agathe n'a qu'une envie « fuir ».

— Quelle ambiance morbide! Je peux pas rendre jaloux Mathis dans un endroit pareil. Se plaint mon amie. Pourtant sur google avis, les commentaires étaient unanimes, j'ai lu les mots « branchés », « ambiance de folie », et « mecs canons ».

Je déglutis.

— Deux choses. Pourquoi cherches tu des mecs canons? Et surtout pourquoi veux-tu rendre jaloux Mathis?

Agathe souffle en levant les yeux au ciel avant de me répondre.

— Ma chère Nono. Les hommes ont besoin de sentir qu'on peut leur échapper à tout moment. Sinon ils se désintéressent. C'est triste mais c'est comme ça. Si un homme se montre jaloux c'est qu'il t'aime.

Je n'en suis pas si sure mais c'est elle l'experte. Moi j'y connais rien à ces choses là.
Alors je me contente d'hocher la tête en finissant mon hamburger.
Pendant ce temps Agathe pianote sur son portable pendant un long moment.

— C'est bon j'ai trouvé ! On va aller au Morrison.

Au quoi?

— C'est un bar branché. Il y a même un espace pour danser. Lèves tes fesses Nono. On bouge illico presto.

Je scrute mon amie en espérant qu'elle déconne.

— Mais on a que seize ans !

— T'inquiètes pas j'ai pris ma trousse de maquillage, quelques coups de pinceaux et on aura l'air majeur. S''impatiente t-elle en en me forçant à quitter ma chaise.

Après avoir quitter le restaurant, Agathe sort son matos et elle me repeint la face. Je ne sais pas à quoi je ressemble mais elle semble satisfaite.

— Madame maillard ! Vous êtes ultra canon !

Je souris finalement amusée. Mais je garde espoir pour qu'on ne nous laisse pas entrer dans ce bar réservé aux adultes.
Agathe ne recule devant rien, elle attrape ma main et nous filons vers ce monde dont j'ignore tout...

Noémie - A jamaisWhere stories live. Discover now