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Jaden

Installé dans cette salle sombre, Sacha est tout excité à l'idée que la film ne commence.

Il s'est placé entre Noémie et moi, et attaque déjà ses pop-corn au caramel.

Sa mère inspecte son portable. Elle pianote quelque chose puis le range dans son sac. Je la sens nerveuse.

Mais quand Sacha dépose un baisé sur sa joue, son visage s'illumine.
Ce petit est un magicien.

Il est capable d'animer sa mère d'un simple contact.

Si seulement j'avais su faire la même chose à l'époque au lieu de la briser...

Le film commence enfin. L'obscurité s'intensifie. Je ne sais même pas ce que nous sommes venus regarder.
Sacha m'a rapidement expliqué le synopsis mais je n'ai absolument rien compris.

Puis je dois avouer que la projection n'est pas ma réelle motivation.
Le véritable object de ma présence se trouve à un siège de moi m'obligeant à tourner la tête pour l'observer.

Et puis au bout de quinze minutes, Sacha se lève, chuchote quelque chose dans l'oreille de sa mère, et il descend les quelques marches pour s'asseoir en face de l'écran.

Je patiente quelques secondes, hésitant à m'approcher d'elle, par peur de la brusquer.

Puis finalement, je le fais.

Noémie semble surprise mais elle ne dit rien.

— Je m'approche au cas où, tu aurais besoin d'être rassuré pendant ce film d'horreur.

— C'est un film pour les gosses.

— C'est exactement ce que je disais.

Je l'entend éclater de rire et je ne peux m'empêcher de sourire en l'observant.

Son rire me manque.

— Désolé que tu t'inflige ça Jaden. Tu n'étais pas obligé. Chuchote t-elle.

— J'en ai envi.

De toi aussi.

Ma voix doit laisser transparaitre plus d'émotion que j'aurai du, et je vois Noémie agripper l'accoudoir me prouvant qu'elle semble pertuber.

— Tout va bien?

Je lui demande.

— Oui. Oui... Bafouille t-elle.

Nos regards se sont arrimés avec autant d'évidence qu'à l'époque. L'étincelle dans son regard me fait vibrer, et me consume entièrement.

Elle est la seule pour moi. Elle l'a toujours demeuré.

Je fais glisser mes doigts sur l'accoudoir jusqu'à frôler sa main. Ce contact aussi enfantin qu'il soit, m'anime de plus bel. Je fais glisser mes yeux pour trouver ses lèvres.

Ont-elles la même saveur qu'à l'époque?
Je me souviens qu'elles étaient les seuls à apaiser mon âme et mes maux.

Noémie reste immobile. Je vois sa poitrine se soulever rapidement.

Noémie - A jamaisWhere stories live. Discover now