Noémie - A jamais

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Noémie

Sur le chemin du retour, Sacha ne me parle que de Jaden et de l'admiration qu'il ressent pour lui. Il serre sans cesse le bouquin qu'il lui a offert contre sa poitrine.

Et la mienne se serre en observant son innocence.

Malgré tout je dois une nouvelle fois le mettre en garde. Il le faut et il comprendra sans poser de question.

— Il ne faudra pas parler de Jaden à Louis. Compris mon chéri?

— Oui je sais maman. Ne t'inquiète pas.

Je m'en veux de lui demander de me couvrir à chaque fois qu'un ancien camarade de classe me croise en ville.

Mais l'expérience m'a prouvé que Louis n'était pas capable de tolérer la présence d'un homme autour de moi.

Il accepte mon fils alors... Cela me suffit.

— On le reverra Jaden maman?

— Je ne sais pas.

Je scrute la réaction de Sacha il semble déçu par ma réponse.

— Lui, j'aimerai qu'il reste dans notre vie maman...

Sacha me dit ça avec tant de candeur que je culpabilise sur le coup.
Ai-je le droit de taire ce secret plus longtemps?

Vais-je perdre l'amour de mon fils si je lui dis tout?

— On est bien avec Louis non?

— Parfois oui...

— Il s'occupe bien de nous. Ne fais pas ta mauvaise tête Sacha.

— Il le fait quand il est heureux. Sinon... Il crie trop, et j'aime pas t'entendre pleurer la nuit...

Il m'entend pleurer? Mon coeur se serre plus fort. J'ai mal d'infliger cela à mon fils. Quelle mère pitoyable je fais.

— Si je pleure... C'est que je pense à Mami. Elle me manque beaucoup.

Je mens en utilisant bien souvent le prétexte de ma mère. Il y a bien longtemps que je n'ai plus versé de larmes pour elle. Mes yeux étant bien trop occupés à pleurer les mauvais traitements de Louis.

— Je suis désolé maman. Parlons d'autre chose. S'excuse Sacha en me serrant contre lui.

Nous arrivons très vite chez nous. Sacha se douche et met son pyjama pendant que je cuisine. Puis je le retrouve endormi devant la télé.

Je scrute l'heure dans l'horloge du salon. Il n'est que dix-huit mais à quoi bon le réveiller. Je le porte jusqu'à sa chambre, et le pose dans son lit.

J'embrasse son front, un sourire aux lèvres.

Quand il dort, il est le portrait craché de son père.

Jaden.

Après de longues minutes à le couvrir du regard, je file me doucher et enfiler un pyjama douillet.

Le diner est déjà prêt, et Louis devrait arriver d'une minute à l'autre.

Quand j'arrive près de notre chambre, j'entend des bruits de pas à l'intérieur.

Je pousse la porte, et trouve mon conjoint debout devant notre lit, le regard aussi sombre qu'est le ciel à cet instant précis.

Il me fixe avec violence. Je sens mon corps trembler.

J'ai horreur quand il me regarde de cette façon.