12 | Méchant monstre.

523 34 0
                                    

ASLAN

5 Juillet 2022. Chicago.

"-Ne bouge plus. La prochaine fois que tu bouges, je rajouterai le double, jusqu'à ce que tu comprennes.

Je frémis de peur, elle me noue l'estomac et la gorge, mes jambes peuvent flancher à tout moment. Je tente de fixer un point pour ne pas craquer. Je ne dois pas. Mon regard est sans arrêt attiré par le miroir face à moi qui me renvoie mon misérable reflet.

-Joyeux anniversaire, mon loup.

Aujourd'hui c'est mon anniversaire, j'ai 13 ans. Je ne voulais pas avoir 13 ans parce que je sais ce que papa va me demander. Je ne veux pas mais si je ne le fais pas il va me faire mal. Encore. Je sursaute quand il laisse tomber le fouet sur le sol. J'ai mal au dos, il brûle.

-Tu sais ce que j'attends de toi.

Ce n'est pas une question mais une affirmation. Il m'a déjà expliqué ce qui arriverait une fois l'anniversaire de mes 13 ans. Il me pousse à avancer en appuyant sur mon dos brûlant et douloureux. Le trajet jusqu'à la cave est court. J'entre à l'intérieur, l'odeur de sang me fait grimacer.

La cave comporte juste une petite ampoule qui grésille et une chaise en bois au centre. Je m'arrête, je suis venu plusieurs fois mais jamais encore la chaise était occupée. Un homme se tient assis sur la chaise avec des cordes sur les poignets et les chevilles. Il pleure. Malgré le scotch sur sa bouche, ses sanglots passent la barrière du collant.

-Tu sais ce que je veux, alors fais le.

Pour la première fois depuis longtemps je le regarde dans les yeux. Ma réaction lui fait plaisir, il aime savoir que j'ai peur. Il s'éloigne pour prendre un objet dans la petite armoire tout au fond : un couteau. Je secoue la tête et tente de fuir mais sa main chope ma nuque. Il me force à faire face à l'homme et me force à prendre l'outil tranchant. Le couteau semble peser lourd, ses doigts qui s'enfoncent dans mon dos meurtrit me force à tenir le bout de la lame devant moi, vers l'homme.

-Plante le dans son coeur.

-J-Je veux pas. bégayé-je

Sa grosse main se referme sur le manche, emprisonnant mes doigts, je ne peux plus les retirer, ils sont écrasés contre le manche. Il guide ma main vers la poitrine de l'homme qui tente de reculer mais le dossier de la chaise ne le mène à rien. Mes yeux sont accrochés aux siens.

J'essaie de lui faire comprendre que je ne veux pas faire ça. Trop occupé à regarder le visage du monsieur, je ne fais pas attention à mon père qui enfonce la lame. Un cri d'effroi passe la barrière de mes lèvres.

Papa recule et s'éloigne tout en riant. Moi je suis figé, je n'ose plus bouger, j'ai l'impression que le moindre mouvement peut le tuer sur le coup. Je sais qu'il ne va pas survivre mais j'ose espérer que papa va changer d'avis et qu'il va tout faire pour soigner l'homme.

-Il est déjà condamné de toute façon. se moque papa

Ces mots sont comme des lames qui s'enfoncent dans ma peau. Mes jambes me lâchent, le couteau m'échappe et tombe au sol dans un bruit qui résonne dans mes oreilles. La porte de la cave qui claque me fait tourner la tête, le verrou quelques secondes après me fait paniquer. J'accours vers cette dernière et tente de l'ouvrir mais elle reste bien close.

-Je suis désolé, je suis désolé, je suis désolé. répété-je jusqu'à manquer de souffle

L'homme souffre mais ses yeux me fixent, sa chemise blanche se colore de rouge, la tache s'agrandit petit à petit. Mes jambes me mènent jusqu'à lui et mes mains retirent le bâillon.

ASTREASDonde viven las historias. Descúbrelo ahora