37 | Le loup.

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ASLAN

4 Septembre 2022. Chicago.

"- Il faut que tu le fasses !

Je tiens le couteau dans ma main, la manche tremble tellement mes doigts sont crispés autour de ce dernier. Je n'arrive plus à bouger, je suis comme paralysé. Je n'ose pas lever les yeux, je ne veux pas rencontrer son regard effrayé. Je l'entends pleurer, ou peut être que c'est moi... Papa rigole, ses mains serrent mes épaules, il me tient au cas où je voudrai partir.

-Allez plante le. Si tu ne le fais pas, je vais m'occuper de la voisine. Tu sais la vieille peau chez qui tu vas pour chialer comme un gosse.

Il sait que je vais chez Hope. Il va lui faire du mal à cause de moi ! Je ne veux pas qu'il lui fasse du mal à cause de moi. Je lève la tête vers la dame qui est accrochée à la chaise. Son maquillage a coulé, elle secoue la tête de gauche à droite et hurle derrière son bâillon. Elle me supplie de ne rien lui faire. J'aimerais bien mais je suis obligé. Si je ne le fais pas, il me fera du mal à moi mais aussi à Hope. Et c'est la seule qui me protège et m'aime. Si je la perds, je n'ai plus personne.

-Fais-le. Si dans une minutes tu ne le fais pas, je le fais et après je m'occupe de l'autre.

Le temps passe vite quand tu n'es pas pressé, quand tu as peur. La minute est presque écoulée, il ne cesse de m'annoncer le temps qui baisse en chuchotant à mon oreille.

-Dix secondes, dépêche toi. Tic, tac, tic tac.

La pointe de mon couteau se pose sur sa poitrine à cinq secondes et elle s'enfonce à deux. Elle hurle, ses yeux se révulsent, des larmes coulent en continu. J'enfonce le couteau le plus loin possible. Je veux qu'elle meurt le plus vite possible pour souffrir le moins possible. Quand elle s'éteint pour de bon, sa tête bascule vers l'avant. Ses mains qui serraient les accoudoirs se relâchent. Son haut rose se colore de rouge.

-C'est bien. Je suis fière de toi.

Cette nuit là j'ai dormi avec cette femme morte, comme à chaque fois qu'il me force à tuer quelqu'un. Il veut que je me souvienne. Mais je n'ai pas besoin de ça pour me souvenir. Je me souviens de tout, je ne pourrais pas oublier. La nuit a été longue. Dans ce genre de situation, je n'arrive pas à fermer les yeux plus de deux secondes. Je fixe le corps sans vie qui me fait face en pleurant, en m'excusant bien que la personne ne puisse plus m'entendre. Ce n'est pas plus facile même après dix meurtres. Pour moi c'est encore plus dur à supporter. La nuit les innocents viennent se venger en me privant de sommeil, me laissant juste deux heures de répit.

-C'est super mon loup, ton père m'a dit ce que tu as fait.

C'est bien... Ce n'est pas bien, ça me tue à petit feu, c'est peut être ce qui est bien finalement. "

J'ouvre les yeux, une lumière m'aveugle, le plafond blanc est si éclatant, la luminosité me broie les yeux. Je me redresse et pose mon bras près de mes yeux pour adoucir. Je suis dans une salle blanche, toute blanche, même le sol est blanc. Il n'y a rien d'autre à part une grille d'aération grise. 

Je me lève et grimace à cause de mes douleurs, le sol dur n'est pas très confortable. Je m'avance vers la porte et tape dessus, je n'arrive juste à me faire mal. Je me glisse contre le mur face à la porte. 

J'étais à la boite avec les gars puis la fumée à embaumer tout le bâtiment. Je suis tombé au sol et puis plus rien. Je n'ai pas besoin d'être très intelligent pour trouver qui est le coupable. Je mords ma lèvre et maintenant j'ai juste envie que la porte reste close. Parce que si elle s'ouvre, il sera forcément derrière. 

ASTREASWhere stories live. Discover now