34 | Iréel.

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ASLAN

31 Août 2022. Indianapolis.

L'ambiance à cause de mes mots est électrique, froide voir glaciale. Le silence est le roi de la pièce depuis plusieurs minutes. J'ose à peine respirer, mon regard est figé sur le liquide qui est toujours dans mon verre. Je n'y ai pas touché, je suis beaucoup trop crispé pour boire. Pourtant je devrais parce que l'intérieur bouche est si sèche, je ne cesse de déglutir alors que je n'ai plus de salive. 

Je crois que personne ne parle pour ne pas être le coupable de ce qu'il va suivre. Je déteste ce genre d'ambiance parce que cela peut durer encore longtemps si personne n'y met fin. Je vois encore son expression quand j'ai dit mon nom. Il s'est figé puis il est passé de l'étonnement à l'incompréhension. 

J'ai de suite baisser la tete, incapable de supporter ce regard, parce que je ne sais pas ce qu'il veut dire. Je sais bien qu'il ne comprend rien mais je suis effrayé par ce qu'il va suivre. Je débarque chez lui alors qu'on ne se connait pas. J'entre chez lui, je m'assois sur son canapé et je lui avoue être le fils de son frère. 

Cayetano aussi est silencieux, il n'a pas dit un mot depuis. Pourtant là je voudrais qu'il parle, qu'il sorte une connerie pour qu'il oublie ce que j'ai dit.

-C'est impossible.

Je relève la tête et rencontre son regard. Il est complètement dépassé par les événements.

-Pourtant c'est vrai. Il ne ment pas. souffle Cayetano

Alfonso refuse d'y croire, il continue de nier, de dire qu'on ment, que c'est impossible.

-C'était des drogués, des alcooliques, pourquoi ils auraient eu un enfant, c'est une trop grosse responsabilité.

Un rire sans humour quitte ma bouche, j'aurais aimé qu'ils pensent comme ça aussi, ça aurait évité tant de douleurs. Il se lève et commence à s'éloigner. Je me lève et décide de le retenir. J'ai un gros sac à vider et il est hors de question que je parte d'ici en me traitant de menteur.

-Pourquoi je mentirais ?

Il se stoppe et reste dos à moi. Je croise les bras sur mon torse, une sorte de barrière pour me protéger.

-Je suis le fils d' Andrew Astreas et Kim Amstrong. Et putain que ça ne me plait pas de le dire.

Je me force à garder une voix stable et reprend la parole :

-Ma vie, je l'ai passé enfermé dans un placard à balai qui me servait de chambre ou parfois c'était la cave. Alors que je cherchais de l'amour, j'ai eu les insultes, ça a commencé comme ça, des mots, mais parfois ils sont plus violents que les coups.

Je le pense vraiment, les mots ont beaucoup plus d'impacte que les coups. Eux ils finissent par disparaître, les mots, selon le taux d'intensité, sont horribles, ils sont ancrés dans la tête. Tu ne les oublies pas de sitôt, voire pas du tout.

-Ensuite c'est les coups, des claques, des coups de poings, des coups de pieds, un peu partout sur le corps.

J'essuie rageusement les larmes qui coulent sur mes joues et me force à continuer. J'ai besoin de le hurler à la terre entière pour m'en débarrasser.

-Et quand c'est plus assez, que ça ne fait assez mal à leurs yeux, on passe à des mesures plus fortes, plus extrêmes.

En même temps que les mots quittent ma bouche je me remémore tout. Et putain que c'est douloureux. J'ai l'impression qu'on me crève le coeur à chaque fois que j'ouvre la bouche.

-Les brûlures, l'eau brûlante, le briquet, la cigarette. La douleur est tellement forte, ça fait tellement mal mais tu te forces à fermer ta gueule sous peine de recevoir deux fois plus.

ASTREASWhere stories live. Discover now