JE SURVIS

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Loona.Douze ans. Treize ans auparavant.

Ilarrive que parfois dans notre vie, les choses ne se passent pastoujours comme nous le souhaitons et c'est ce qui arrive trèssouvent dans la majeure partie des cas. J'aimerais gagner au loto,mais je ne gagne pas. Ce vase est tellement beau, il rendrait lesalon merveilleux mais je ne l'achète pas. Je l'aime, il nem'aime pas. Elle me frappe, elle n'arrête pas.

Dansmon cas, beaucoup de chose ne me plaises pas à commencer par cesrideaux hideux dans le salon. C'est ma mère qui les a choisi voilapourquoi ils sont accrochés ici et pas ailleurs, dans la poubellepar exemple. Les tableaux qui sont fixés au mur et font seulementacte de présence, je ne les aimes pas non plus, et ne parlons pas decette boite à musique verdâtre posé sur le meuble de l'entrée.Je n'aimes pas non plus lorsque ma mère me casse la gueule, nimême quand mon père ne fait que crier dans cette maison. " Oùest passé, ci !", "Pourquoi est-ce que c'est là, ça !".Jamais content.

Unefois, je me suis même demandé ce que ça ferait si je participais àun acte illégale. Seraient-ils fières de moi, ou bien est-ce qu'ilsme puniraient ?

Dansla mesure ou la deuxième option serait sélectionnée, je pense quecette sanction serait la dernière, je ne survivrait probablementpas. En revanche, si c'est la première option qui estsélectionnée, je peux vivredurant,au minimum, trois jours et non pas survivre.Je vis depuis que je suis sortie du ventre de ma mère cependant, jesurvis depuis l'âge de cinq ans. Il arrive parfois que ma mèresoit gentille et dans ces cas là, elle m'emmène faire dushopping. Bien évidemment ce n'est pas moi qui choisi mes proprestenues, il ne faut pas rêver. Mais j'aime bien, cela me permet desortir un peu et de ne pas rester enfermée toute une semaine dans machambre.

Detemps à autre, il m'arrive d'avoir des pensées cruel. Je lesregrette presque aussitôt, du moins... une partie de moi lesregrette. J'ai voulu que notre voiture se plante dans un arbre, unefois. Il ne s'est rien passé et finalement, ce n'est pas plusmal.

—LOONA,TU DESCENDS TOUT DE SUITE !

Voyez-vous,cette chose illégale dont je parlais précédemment vient d'êtreconnu de tous, y compris de mes parents si j'en crois leurs appels.Je n'ai pas fais grand chose, j'ai seulement voulu tester uneexpérience qui n'a pas l'air de s'être avérée efficace. Etj'en paierais le prix.

J'ouvrela porte de ma chambre, sans trembler. Je me déconnecte du monderéel et avance comme si je n'était pas là. Comme si mon corpsétait dépourvu d'âme. Je le fais très souvent et la plupart dutemps, cela fonctionne. J'ai beau paraître vide, je ne le suispas, loin de là. Lorsqu'il s'agit de faire une connerie, je nerecule devant rien et j'assume. Je ne suis pas une lâche, j'avancedirection le danger sans un regard en arrière. Je ne dis pas que jen'éprouve aucune once de peur, seulement je vis avec cette peuralors c'est comme si elle faisait partie intégrante de moi. De moncorps. De mon âme, de tous. Je ne cris plus, quand on me pousse enhaut des escaliers, ni même quand on brise une bouteille en verredans mon dos. La peur et la douleur font partie de moi.

Àce moment précis, je sais que je ne passerais probablement pas lanuit. À moins qu'ils ne s'inquiète de n'être pas assezdiscret et donc que ma sœur, Elena, apprennent ce qu'ils me font.Si, et seulement si cette option leur vient en tête alors je nemourrai pas avant demain, ce qui me laisserais le temps dem'échapper, ce que je ne compte pas faire. Comme je le disais, jene suis pas une lâche et fonce droit vers le monstre qui m'attend.

Ilsme parlent, je n'écoute pas.

Premiercoup.

Jefixe ces rideaux immondes balayer le sol, alors que je me prend undeuxièmecoup.

Jetombe à terre sans vraiment m'en apercevoir. Le troisièmecoupnetarde pas et je sens un liquide chaud dévaler ma joue gauche.

Lebruit de la porte d'entrée qui vient de se refermer, signant ainsila fin du début de mon épreuve, me permet de détaler avant demourir sous les coups, comme beaucoup d'autres enfants dans le monde.

Ilne me faut pas longtemps pour atteindre rapidement ma chambre et dem'allonger face au plafond. J'y ai dessiné des papillons, del'herbe et un soleil, il y a deux ans. Je me débrouille pas mal endessin. Il me permet de croire en mes rêves. Tout ce qu'il sepasse n'est qu'un cauchemars et ce simple dessin me rappel quepour pouvoir un jour me réveiller, il faut déjà avoir sombré.

Jesurvis.

CARNET SECRET: Le mystère de LoonaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant