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35 - Phoebe : Are we too far gone ?

 « Le terme valvulopathie cardiaque (littéralement, maladie des valves cardiaques) désigne divers dysfonctionnements des valves cardiaques. Ce sont des maladies fréquentes dont les causes se sont modifiées avec l'amélioration des conditions sanitaires... »

Je plisse les yeux, peinant à me concentrer avec le bruit qu'il y a dans le café. D'habitude, je ne suis pas contre un bruit de fond pour me sentir moins seule pendant mes révisions, mais ce chapitre est particulièrement ennuyeux, et mon regard a trop tendance à dévier sur les vagues. Venir réviser ici n'était peut-être pas la meilleure idée, même si c'est déjà mieux que sur la plage, avec tout ce vent. Et il y a beaucoup trop de monde... pour ça, le littoral de Sydney ne m'a pas manqué.

De plus, je sais aussi que la vue de Connor serait une distraction que je ne peux pas me permettre d'avoir, à quelques semaines de mon examen de rentrée. Pourtant, une fois de plus, mes yeux divaguent sur les vagues au loin, que j'aperçois à travers les baies vitrées du café. Je reconnais Connor, grâce à son bermuda bleu marine. Mon cœur s'emballe tandis que son visage me traverse l'esprit.

Voilà trois jours que le World Qualifying Series s'est achevé, et les garçons n'ont pas perdu de temps. Ils continuent de s'entraîner tous les jours, tout aussi intensément — si ce n'est même plus. Connor est tellement fatigué quand il part se coucher que nous ne pouvons échanger que quelques mots. J'essaye de ne pas m'en formaliser. Il est hors de question que je devienne cette petite-amie collante qui ne sait pas vivre plus de quelques minutes sans son copain.

Et de toute façon, tu as plus important à faire, me rappelle une voix pleine d'amertume, dans ma tête.

Je reporte ma concentration sur mon ordinateur, et ce qui s'y affiche. Les maladies cardiovasculaires est écrit en gros en haut du document, et je ne suis qu'à la cinquante-septième page sur quatre-cent-quatre-vingt-un. Je soupire, tentant d'apaiser le pic d'anxiété que je sens percer ma poitrine. Une part de moi, de plus en plus grosse, craint que je n'arrive pas finir mes révisions à temps.

Avec tout ce qui s'est passé dernièrement, j'ai trouvé très peu de temps pour réviser. Non, c'est une excuse, me gronde cette même voix. Tu avais juste la tête ailleurs. Pire que ça, tu n'avais pas envie de réviser. Et tu sais très bien pourquoi, continue-t-elle d'un ton réprobateur. Connor, Connor, Connor — et mon propre stress, bien sûr. Si cette histoire de couple n'était pas aussi nouvelle pour moi, j'y mettrais moins d'énergie, moins de passion. Peut-être arriverais-je à passer plus de temps loin de lui.

Je retiens un soupir, me trouvant soudain pathétique.

Si je n'ai pas une excellente note à cet examen, ma demande pour devenir interne à l'hôpital de Sydney au service de chirurgie cardiaque sera rejetée. Ceux qui y sont admis chaque année se comptent sur les doigts d'une main. Mon cœur se fait soudain bien lourd dans ma poitrine.

Le message de John ce matin n'a pas aidé. « T'as compris comment est traitée la péricardite constructive ? Je galère complet. ». Je n'ai pas répondu. Je n'ai rien compris à son message. En vérifiant dans le sommaire de mon manuel, j'ai cependant fini par comprendre que cette maladie était mentionnée au chapitre 82. Traduction : j'étais complètement, totalement, à la bourre.

Et dire que je croyais pouvoir réviser l'entièreté de ma deuxième année de médecine en deux mois d'été. Je suis complètement naïve. Peut-être aurais-je dû rester à Sydney, finalement. L'idée ne me plaît pas, mais elle est déjà moins effrayante que celle de rater mon examen.

C'est trop tard, maintenant, arrête de regretter et révise avec le temps qu'il te reste, me reprends-je. Alors j'inspire profondément, quelques fois, et me replonge dans mes notes.