Promesses. (prof/élève)

III

Quelques jours étaient passés, puis quelques semaines.
Cet accident fut vite oublié et notre routine de vie recommença. Par contre, ma relation avec Monsieur Horel avait énormément évoluée. Je me rendis compte au fur et à mesure des jours qu'il était un bel homme, aussi bien physiquement que moralement. Nous n'avions pas vraiment reparlé de ce jour où il m'avait sauvée mais un lien nous unissait. Celui du sauveur avec la sauvée. C'est peut-être cliché mais plus le temps passait, plus nos regards se faisaient complices et plus nos rires étaient sincères.
Un jour, je me décidai à tout de même aller le remercier pour ce qu'il avait fait:
«Monsieur?
- Oui Dora?
- Est-ce que je peux vous parler deux minutes?
Il me regarda avec un petit sourire au coin des lèvres, je suppose qu'il préparait une blague, c'est toujours la tête qu'il faisait avant de sortir une de ces vannes que je trouvais d'ailleurs plutôt drôle. Mais cette fois-ci il ne dit rien. Il attendit que je parle. Plus personne n'était dans la salle.
Je déposai mes béquilles contre un mur et m'appuyai sur une table.

- Je voulais vous remercier à vrai dire.
- Pour?
Il m'avait très bien de quoi je parlais mais il me cherchait.
- Pour m'avoir sauvé la vie... En mettant en danger la vôtre.
- C'est parfaitement normal, franchement quelle image j'aurais eue si je t'avais laissée crever!
- Vous vous rendez compte de ce que vous me dites? Alors je dois comprendre quoi ? Vous m'avez sauvée pour votre image, votre réputation de merde? Je vous félicite alors. Franchement vous savez ce que vous êtes? Un prétentieux égoïste qui ne voit que lui. Mais moi je crois que vous avez juste un gros problème de confiance en vous! Sinon pourquoi vous vous mettriez tellement en avant? Vous m'écoeurez à porter un masque, je me demande qui est le vrai vous et comment vous avez fait pour l'enfouir si profondément !

J'avais crié ça d'un coup, je n'étais pas vraiment énervée contre lui, c'était étrange. Je ressentais plutôt de la pitié envers cet homme. Quant à lui, il me regardait avec les yeux grands ouverts. Il avait honte et était stupéfait face à ma réaction.
Les larmes lui montaient aux yeux. Mais il ne pleura pas.

- Tu as raison. Il m'avait dit cela d'une monotonie presque inhumaine.
- Quoi?
- Oui tu as raison, je me cache derrière mes allures de gars sûr de lui parce que j'ai peur et ça a toujours été comme ça. Je t'ai sauvée parce que j'ai eu peur pour toi et que tu es importante pour moi, bien qu'on ne se connaisse presque pas. Tu me fascines, je ne sais pas pourquoi. Mais..
- C'est à cause du défi! Je l'avais interrompu et j'avais fait une grosse connerie. Il se raidit.
- Quel défi? Il était à nouveau froid et distant.
- Non rien, je me suis compris c'est l'essentiel , non?
- Dora, qu'est-ce que tu me racontes encore? Il me criait un peu dessus.
- J'ai dit rien. Bon je dois y aller, allez salut!
- Au revoir.

J'oubliai mes béquilles et partis en prenant appui sur mes deux pieds. Deux secondes plus tard j'étais par-terre et je me tordais de douleur.
Je vis une onde d'inquiétude dans son regard qui se transforma très vite en un fou rire. Celui-ci étant contagieux, j'oubliai ma douleur ainsi que ma fierté et je me mis à rire.

*
Ce jour-là, j'étais tombée amoureuse de lui. Son rire avait eu raison de moi, et ses yeux bleus foncés m'avaient menés au début de ma perdition. J'étais folle de lui et je me serais damné pour l'avoir.
J'avais perdu le défi mais un autre se proposait à moi, le faire tomber amoureux à son tour. Et si effectivement je le fascinais, ce serait bien plus facile qu'en apparence...

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