Juin 1940 - L'exode et l'occupation, retour à Menucourt

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Mes parents, eux, avaient quitté Menucourt le lundi 10 juin, ignorant ce que je devenais. Avais-je pu aller jusqu'à Omerville la veille ?

Sur la route de Chartres, des gens « bien renseignés » leur avaient raconté qu'Omerville avait été bombardée et que des fermes avaient brûlé. Imaginez leur inquiétude. Après avoir parcouru à pied, aller et retour, la distance Menucourt – Écrosnes (environ 160 km) et pris une journée de repos pour récupérer quelques forces, le 21 juin, mon père arrivait après une trentaine de km à bicyclette sous un soleil brûlant ; joie des retrouvailles après tant d'angoisses ! Le lendemain, il venait me chercher en voiture grâce à un ami, Michel Coubriche, à qui il avait pu procurer un peu d'essence.

J'apprendrai bien plus tard, quand la Poste fonctionnera de nouveau, que nous avions eu l'ordre de fermer les écoles, à partir du 14 juin si mes souvenirs sont exacts.

Me voilà donc à Menucourt, sans école et sans élèves. Mais je ne vais pas rester longtemps inoccupée. Le cousin Louis Bourgeois, maire du village, me demande de l'aider à la mairie. L'instituteur, secrétaire de mairie, est mobilisé, et même prisonnier en Allemagne, dans un OFLAG (Offizier-Lager, camps de prisonniers de guerre destiné aux officiers) ; sa jeune femme, Mme Foulon, s'est réfugiée dans la Creuse, chez ses parents, avec ses deux filles : Annie, 5 ans, et Michelle, 3 ans environ.

10 novembre 1939 - InstitutriceWhere stories live. Discover now