7 mai 1945 - L'armistice

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Le lundi 7 mai 1945, après la classe, Mme Lamy, mère d'une collègue m'appela ; que se passait-il ? Elle me semblait bien excitée à plus de 70 ans. J'accourus : la T.S.T. venait d'annoncer que la paix était signée.

Le lendemain matin, nous avons fait classe comme à l'accoutumée, mes petites élèves s'appliquèrent à dessiner une frise de drapeaux tricolores sur leur cahier de classe... Avec quelle joie !

L'après-midi, nous avons défilé au son de la fanfare, avec tous les élèves sagement aligné, en range par deux, derrière la municipalité et la population. Rassemblement sur la place de la mairie où une estrade avait été dressée à la hâte : le maire prononça le discours de circonstance, la foule chanta la Marseillaise, le Chant du départ, le Chant des partisans...

Le soleil brûlait sur la place cimentée, les jeunes arbres ne dispensaient qu'une ombre parcimonieuse en ce début de printemps, qu'importe : c'était la victoire, c'était la paix enfin retrouvée !

Un peu de repos et je décidai de prendre le train pour Paris. Je retrouvai mon oncle, ma tante, ma cousine, des voisins. À la porte d'Orléans, au métro, pas de poinçonneurs, on voyageait gratuitement ; des groupes de voyageurs allaient d'une voiture à une autre en riant. À partir de la station Chatelet, nous avons remonté à pied la rue de Rivoli ; quelle joyeuse pagaille dans les rues ! On riait, on chantait, on se prenait par le bras sans se connaître ; la rue appartenait à la foule en délire ; personne ne regrettait plus la quasi-absence des véhicules.

Vers minuit, nous arrivâmes rue Caumartin chez le frère de mon oncle, restaurateur ? Ou limonadier lui aussi ? Quelques bouteilles de Champagne, cachées au fond de la cave, réapparurent et le claquement des bouchons accentua l'euphorie générale : mon premier verre de Champagne !

10 novembre 1939 - InstitutriceWhere stories live. Discover now