Été 1943

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Je fais le bilan de ces quatres premières années à l'Éducation Nationale.

J'ai chassé les doryphores, j'ai été caissière à la boucherie « communale », je sais réaliser un vêtement sur mannequin, piquer à la machine, apprêter un pantalon de drap, cuisiner des légumes (à défaut de viande), confectionner des gâteaux sans beurre, des gâteaux sans sucre (à la carotte), rendre comestible une viande un peu « passée », etc.

Je suis prête à affronter les fléaux sociaux, une crise d'épilepsie si elle se présente... Et même à enseigner et à faire profiter les élèves d'une méthode nouvelle d'éducation physique. La promotion « Les roses de Noël » va maintenant être dispersée dans le vaste département de Seine et Oise en attendant la fin de la guerre qui s'éternise. Notre chant de promotion sur l'air de la 9ème de Beethoven convient mieux que l'hymne au Maréchal :

« Peuple des cités lointaines

Qui rayonnent chaque soir ?

Sentez-vous vos âmes pleines ?

D'une ardent et noble espoir ?

Luttez-vous pour la justice ?

Êtes-vous déjà vainqueurs ?

Ah ! Qu'un rythme retentisse,

A vos cœurs mêlant nos chœurs. »

Le 5 janvier 1945, Ginette Cornubert me donne quelques nouvelles des camarades ; la guerre est terminée mais les restrictions continuent et la vie est toujours dure comme en témoigne sa lettre.

10 novembre 1939 - InstitutriceWhere stories live. Discover now