Ce que je suis ? Oh je sais pas. Peut-être un truc poilu.

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- Arrêtes de te torturer ainsi, reprit de vive voix Andrew. Laisses ce médaillon tranquille, je ne vais pas t'annoncer une mort imminente, tu sais.

- Ça se pourrait, rétorquai-je sans obéir. Une maladie dégénérative qui me ferait avoir des hallucinations...

-  Si c'était une maladie quelconque, crois-tu sincèrement que nous pourrions échanger par la voie de la pensée ? Keyli, je sais que tu es intelligente et que tu ne crois pas réellement à une telle hypothèse.

- J'aurais préférée être stupide, crois-moi bien, soupirai-je lourdement. Allez, déballes ton sac. Raconte.

J'essayais de me montrer ferme et assurée mais ma voix tremblait d'une inquiétude que j'étais incapable de refouler. Elle était palpable et je savais parfaitement qu'il devait la percevoir, tout comme toutes personnes se trouvant à trois kilomètres à la ronde. Je passai mes doigts sur l'un des tatouages entourant mon  avant-bras. Il était plutôt joli. Il faisait tout le tour de mon poignet en une ligne droite assez sèche mais d'où semblait pendre plusieurs breloques. Je traçai la courbe d'une fleure alors que je n'avais aucun mal à reconnaître la forme des pétales du cerisier. Ma fleur préférée. 

Le second bracelet était plus voluptueux, la ligne droite se cassant en de nombreuses arabesques. Les coulures de chaque coupures retombaient jusque sur le dessus de ma main, longeant presque l'anneau noir qui était, lui aussi, apparut très récemment. Le tatouage autour de mon annulaire était très stylisé me faisant penser aux branchages d'un arbre dans ses courbes imprécises. 

- Ils te plaisent ? Me questionna Andrew en constatant mon intérêt. Nos créateurs choisissent souvent la forme que prendra le dessin, du moins, quand ils ont conscience de ce qu'ils font. J'ai choisi la bague.

- Tu es... mon créateur ? Répétai-je, intriguée par l'appellation. Que dois-je comprendre par là ?

- As-tu déjà pu étudier la mythologie celte ? Me questionna-t-il sans apporter la moindre réponse à ma propre question.

- Pas vraiment, admis-je, consciente qu'insister ne servirait probablement à rien.

- Et bien saches que le peuple celte est celui ayant le plus raison dans ses croyances. Les Dieux qu'ils vénèrent existent réellement.

- Je ne ...

- Écoutes jusqu'au bout avant de me dire que tu ne vois pas où je veux en venir, me coupa-t-il plus sévèrement. Ne me juge pas fou avant que je n'ai eu le temps de pouvoir me défendre.

- Je t'écoutes, soupirai-je à contrecœur, luttant contre cette profonde envie de lui dire qu'il l'était pourtant très certainement.

- Notre grande déesse, Dana, est la même que celle racontée dans les livres mythologiques celtes. Ils l'ont toujours considéré comme primordiale dans leur culte et ils avaient raison de le faire. Dana est une déesse des plus puissantes, une déesse de la fertilité pour certains, la déesse mère de toute chose pour d'autres. Et là encore, aucun n'auraient tout à fait tort. Dana donne à des êtres humains un don, un don incroyable et donne ainsi naissance à un être vivant différent. Unique. Comparable à aucun autre.

Il marqua une courte pause alors que j'assimilais assez mal tout ce qu'il me racontait. Je devais soudainement croire en une divinité quelconque ? Enfin. Je devais admettre que j'étais captivée par ses paroles. J'avais toujours aimé entendre les contes et les légendes venus du monde entier. Au collège j'avais eu la chance de faire un court séjour en Grèce et j'en gardais un souvenir mémorable uniquement grâce à notre professeur passionné de mythologie qui nous en avait abreuvé durant tous le séjour, à mon grand plaisir. Mais, aujourd'hui, je n'étais pas aussi enthousiaste que j'aurais pu l'être dans un autre contexte. Si je n'avais pas cette boule au fond de la gorge qui voulait me crier que je n'allais pas aimer découvrir que ce que je prenais pour des contes étaient bien réel. 

Water LilyWhere stories live. Discover now