Passé. Présent. Rêve. Réalité. Je ne sais pas ce que je préfère.

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Chapitre 24 à 30 corrigé par _DarknessWhite ! 



Je m'arrêtai, haletante, et laissai tomber mon épaule contre le tronc d'un arbre. Du revers de la main, j'essuyai les perles de sueur qui couraient sur mon front et mes temps. Mais cela ne suffisait pas à me faire recouvrir une respiration sereine et ralentir les battements de mon cœur. Je m'accroupis, totalement épuisée. J'avais couru pendant ce qui me semblait des heures. Mes jambes étaient lourdes. J'avais soif. Faim. Chaud et froid à la fois. Et je me sentis surtout envahi par une fatigue contre laquelle je ne parvins pas à lutter. Je crois que c'était le contrecoup de l'utilisation de mes dons. 

À bout, je me laissai donc tomber sur le sol, inspirant d'un profond soulagement alors que l'air ambiant était d'une fraîcheur revigorante. Une légère brise venait adoucir la chaleur brûlante de mes joues. Mais je frissonnai dans une contradiction parfaite. Ma peau humide n'appréciait guère cette fraîcheur, pour sa part. Il faudrait que je pense à renfiler mon sweat dans quelques minutes, lorsque j'aurais recouvert un semblant de force. 

Les yeux fixés devant moi, seule ma respiration rythmait le silence pesant. J'avais toujours aimé les séjours en forêt. La nature, le ciel étoilé, le chant des oiseaux le matin, l'odeur du bois, les bruits berçants la nuit. Mais, aujourd'hui, je n'éprouvai aucun plaisir à ce calme serein. Cela me rappelait juste à quel point j'étais seule. Et cela depuis une longue journée. J'étais surprise de penser un mot frustrant. Déjà un jour. C'était peu. Et pourtant déjà trop. Qui aurait cru qu'un jour je me plaindrai de la solitude. Je souris en coin, me rappelant aisément d'un temps, pas si lointain, où je la réclamais en vain. 

Distraitement, j'attrapai, dans mon sac, une bouteille que j'avais eu la présence d'esprit d'emportée. Mon don sur l'eau me permettait de la remplir à ma guise mais face au récipient vide, je grimaçai quelque peu. Même ce mince effort me semblait insurmontable tant je me sentis arasée. Mais, à peine envisageai-je l'idée de remettre cela à plus tard, qu'elle se remplit miraculeusement. Je fronçai les sourcils avant de soupirer, ne sursautant même pas lorsque sa voix résonna, toute proche : 

- Tu as vraiment cru que tu pourrais nous semer aussi facilement ?

Je relevai la tête pour plonger mes yeux dans ceux, bleu, de Maël. Un large sourire satisfait s'étendait sur ses lèvres alors qu'il me contemplait de haut. Dans son dos, je remarquai les ailes sombres de Kenan qui le faisaient atterrir, tout en douceur. Il balança, moins élégamment, son sac au sol. Il ne m'adressa pas le moindre regard et se vautra au sol, s'allongeant dans l'herbe sans le moindre scrupule pour son jean clair. 

Et, avant que je n'aie le temps de poser la moindre question sur son absence, Isidora bondit devant moi. Son ronronnement me fit me mordre la lèvre d'un délice impossible à refouler. J'accrochai vivement mes doigts à sa fourrure, lovant ma tête contre la sienne. Je ris malgré moi, le nœud dans ma gorge se défaisant automatiquement. Je fermai les yeux, inspirant longuement et savourant la chaleur qu'elle diffusait. 

« - Tu en as mis du temps, l'accusai-je faussement avant de regarder en coin Maël. Et qu'est-ce qu'ils font ici ? Je croyais que tu allais nous en débarrasser ?

- Tu ne pouvais pas partir seule, m'annonça-t-elle sobrement. Avec eux, nous avons une chance de nous en sortir. »

Je la regardai en coin, tanguant entre mécontentement et satisfaction. Maël se laissa glisser contre le tronc auquel j'avais fini par m'adosser, précautionneusement. Son épaule se colla à la mienne. Je le laissai faire, manquant cruellement de la force nécessaire pour l'en dissuader. De toute façon, la chaleur de sa peau contre la mienne, plus froide, me procurait un bien immense. Je n'avais plus envie de lutter. Pas quand leurs présences venaient de faire voler en éclat une souffrance naissante. 

Water LilyWhere stories live. Discover now