Avoir un petit-ami surprise en une leçon.

54.6K 4.8K 1.6K
                                    



Durement, j'appuyai mon genou contre le dos de Tamara, tout en maintenant fermement ses bras en arrière, la forçant ainsi à rester immobile. Poitrine contre le sol froid du gymnase, elle parvenait malgré tout à se débattre en tout sens, luttant jusqu'au bout avec une férocité presque effrayante. Mais j'étais suffisamment solide pour ne pas me faire renverser et la maintenir dans cette position jusqu'à ce qu'elle cesse de s'agiter. Et elle dû reconnaître l'inévitable : elle s'était fait battre. Mieux encore. Je l'avais battue. Dans un combat réel, elle serait morte. Et elle le savait plus que quiconque.

Enfin, son corps cessa de remuer et elle gronda sourdement. Je souris en coin, comprenant aisément que c'était sa façon d'admettre sa défaite. Je relâchai l'étreinte de mes doigts sur ses poignets et elle bondit sur ses pieds pour me faire face, détestant l'idée d'avoir été plaquée au sol. Méfiante, je reculai d'un pas lorsque ses yeux semblaient étinceler de rage. Ma respiration était saccadée. Je transpirai à grosse goutte. Et du sang courrait le long de mon épaule gauche, ainsi que sur ma joue. Mais, pour la première fois, je n'étais pas la seule dans ce triste état. Les cheveux roux de Tamara voguaient en tout sens autour de son visage, témoignant de son acharnement, et son souffle était aussi irrégulier que le mien. Je me détendis finalement lorsqu'elle se pencha en avant, appuyant ses paumes contre ses genoux pour se maintenir, le tout dans un long gémissement plaintif :

- La vache. Tu m'as démolis les vertèbres.

Je ris malgré moi, soulagée de constater qu'elle m'offrait un large sourire. Elle ne réclamait aucune excuse, aucun regret. Elle était probablement très agacée, mais elle éprouvait aussi une forme de satisfaction. Mais quand je voulue m'excuser, malgré tout, je fus couper dans mon élan. Par un petit détail dont je prenais tout juste conscience. Un minuscule détail. Le silence. Aucune pensée. Aucune voix. Aucun son. Rien. Le néant. Pourtant, tous étaient encore présent dans le gymnase, me contemplant dans un mutisme glaçant.

Mon malaise éclata aussitôt et je titubai dans un geste maladroit lorsque je voulue reculer, comme pour m'échapper de ces centaines de pairs d'yeux me dévisageant inlassablement dans un mélange d'incrédulité et de fascination. Mes fesses atterrir lourdement, de façon très gracieuse bien évidemment, sur le sol. Les rires fusèrent aussitôt et je rougis de gêne. Magnifique. Au moins, j'étais parvenue à rompre le silence morbide. Je me mordis la lèvre. Quel était l'intérêt de vaincre une vampire si je me ridiculisais dans la seconde suivante ? La réponse était simple. Aucun intérêt.

Mais, me surprenant grandement, une main de femme se tendit dans ma direction. J'hésitai dès l'instant que je me retrouvai face au visage d'Epona. La rancœur que j'éprouvai à son égard était encore plus que présente, la seule qui n'avait pas totalement disparue durant ces trois derniers mois. Cependant, j'écarquillai les yeux lorsqu'elle m'adressa le sourire le plus doux et naturel du monde. Son visage ré-arborant la douceur première que j'avais crue voir en elle. Fronçant les sourcils face à ce comportement nouveau, elle ne cessa pourtant pas de sourire et de me tendre cette main que je n'avais aucune envie de saisir.

- Je suis vraiment impressionnée, Keylinda, m'assura-t-elle. Jamais je n'aurai pensé que tu pourrais atteindre un tel niveau en si peu de temps.

- Ce n'est certaine pas grâce à vous, rétorquai-je, froidement.

- Si je ne t'avais pas rabrouée, Devon ne t'aurait jamais donné de cour.

Je devins livide alors qu'elle m'adressait un clin d'œil complice. Elle avait tout organisée depuis le début. Elle avait anticipé ma réaction. Anticipé celle de Devon. Tout n'avait été qu'un stratagème ? Son sourire s'élargit un peu plus. Cette femme était encore plus machiavélique que je ne l'avais cru. Elle n'hésita pas à rire de ma pensée et se pencha en avant pour venir attraper la main que je lui refusais. Aisément, elle me redressait en me prouvant que son allure chétive cachait une force herculéenne.

Water LilyWhere stories live. Discover now