Baisé mouillé.

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Je dévisageai Kenan avec un agacement certain alors que je savais déjà qu'il était l'unique responsable de la subite interruption qu'avait subit ma torpeur. Il avait été le premier à s'engouffrer dans la pièce, bien que vite suivit par son frère. Mais la fureur de celui m'assurait qu'il était contre ce qui venait de se dérouler. Néanmoins, cela ne l'empêchait pas de se tenir droit devant moi sans en avoir obtenu la permission. Andrew ferait des bonds s'il apprenait qu'ils se permettaient une telle chose alors qu'il s'était montré très sûr de lui en affirmant qu'aucun de mes créateurs n'oseraient entrer dans ma chambre sans me demander mon accord auparavant. Mais il avait eu tort. Ou plutôt avait-il toujours tort. Ils avaient osé. L'un comme l'autre.

Isidora bondit sur ses pattes, sentant ma colère fuser en elle comme si c'était la sienne. Elle se plaça face à Kenan qui reposa ses yeux sombres sur elle, une courte seconde. Elle n'hésiterait pas une seconde à lui arracher la tête à grand coup de dent, mais il n'hésiterait probablement pas non plus à la faire rôtir. Et je ne tenais pas particulièrement à assister à mon premier bain de sang, peu importait à quel point ce type me mettait hors de moi. Je rappelai Isidora qui feula de mécontentement en constatant que je lui refusai, encore une fois, le droit d'arracher quelques plumes au démon. Mais, sans trop se faire prier, elle vint se blottir contre moi, poussant juste sa tête contre mon épaule pour me signifier son désaccord.

- J'ai dû rêver mais il ne m'a pas semblé t'entendre frapper ? Lançai-je à un Kenan qui prenait déjà ses aises dans ma chambre en s'asseyant sur le bureau. Et depuis quand tu suis ton frère dans ses ennuies ? Continuai-je en me tournant vers Maël.

- À quoi aurait-il servit que je frappe ? Rétorqua Kenan en haussant les épaules. Tu aurais refusé. Je serais rentré malgré les protestations du petit ange. Tu aurais râlé, comme maintenant. Donc en somme nous en serions au même point. Je nous ai juste fait gagner du temps. Si je dois te donner une raison supplémentaire, c'est très simple : on doit parler et tes caprices de gamine me tape trop sur les nerfs pour que je me montre patient.

- Je suis désolé, soupira Maël dès que son frère eu terminé sa longue tirade. J'ai essayé de le retenir. Néanmoins... pour une fois, je ne suis pas totalement en désaccord avec lui. Nous devons parler, tous les trois.

- Pour l'instant, tout ce dont j'ai envie, c'est de dormir, soupirai-je. Je suis épuisée, la journée a été une catastrophe d'un bout à l'autre. J'ai bien le droit de prendre une soirée calme avant de déclencher une nouvelle crise, non ?

- Tu t'imagines des choses fausses, rétorqua Maël dans un soupir contrit. Tu te prends la tête sur des idioties. Je n'ai pas l'intention de te laisser te mettre en tête qu'on s'est sentis obligés d'être avec toi alors que ce n'est absolument pas le cas. Si nous l'avions voulu, nous ne serions pas là.

Je détournai le regard, tirant sur mon médaillon, ma nervosité reprenant le dessus sur la colère. En plein dans le mille. Un peu trop même. Surtout quand les murs que j'avais érigé semblaient toujours infranchissable. Andrew. C'était forcément lui le coupable. Je murmurai tout bas quelques malédictions à son encontre. Il avait tout déballé, à tel point qu'il était probablement inutile de leur cacher mes pensées, mais mon esprit se refusait à eux.

Et je compris un peu mieux pourquoi j'avais tant de mal à le faire. Pourquoi je devais créer des murs aussi haut que la tour Eiffel pour les empêcher de lire en moi. C'était à cause du lien qui nous unissait. Mais, par contre, un mystère voulait résider dans le fait que Kenan semblait posséder un meilleur accès à mes pensées que son frère.

- Ce que tente de t'expliquer Maël, c'est que nous avons fait nos choix, Keylinda, enchaîna Kenan dont les iris restaient d'un noir profond. Je t'ai espionné dans le but de prendre ma décision, de décider si je souhaiterai rester à tes côtés ou simplement faire ma vie de mon côté. Oui, tu m'attires comme personne ne m'attirera probablement jamais. Mais j'avais le choix. Et j'ai aucunement besoin qu'une gamine vienne mettre son nez dans mes décisions sous prétexte qu'elle a envie de jouer les greluches coupables. Je n'ai aucunement besoin de ton avis, j'ai fais ce que j'ai voulu.

Water LilyWhere stories live. Discover now