4 # L'handicapitaine de soirée

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Bonjour à vous amis infirmes !

Être handicapé, ça signifie que sortir est plus difficile. Sortir avec une fille, encore plus. Mais ça ne m'empêche pas de m'amuser, et d'inviter de temps en temps des amies en tout bien tout honneur comme d'autres demoiselles en combattant la friend zone. L'histoire que je vais vous conter retrace le terrible périple que j'ai traversé en compagnie de la charmante Juliette, que j'avais rencontré à une soirée il y avait quelques temps.

C'est un jour de juillet qui avait été annoncé comme ensoleillé mais qui s'avère tristement grisâtre et pas vraiment chaud. Qu'à cela ne tienne, Juliette n'est pas venue pour rien et nous décidons quand même d'aller boire un verre dans le centre-ville. Elle prend son parapluie, au cas où. C'est une sage décision, car cinq minutes après notre départ de chez moi, la pluie se met à tomber.

Le parapluie est trop petit pour deux, et je n'ai pas envie de me prendre la sauce. Je la fixe du regard, des gouttelettes ruisselant sur mon visage : « je me fais tremper là, tu veux pas t'asseoir sur moi comme ça tu tiens le parapluie et il nous couvre tous les deux, et moi je pilote pour vite rejoindre le restaurant. » Elle me regarde suspicieusement. Mais qu'est-ce qu'elle croit ? Que je vais en profiter pour la peloter, direct, comme un sauvage sans éducation ? OK, elle est très attirante, mais bon, je reste un être civilisé.

Finalement, au bout de quelques secondes elle accepte et s'assoit sur mes genoux. Je passe mon bras gauche autour de sa taille en prétextant que sinon, je vais rester coincé contre l'accoudoir et que c'est plutôt douloureux, et de la main droite, j'empoigne mon joystick et fonce à toute berzingue vers le restaurant qui nous attend.

Le trajet est d'environ 20 minutes. La pluie continue, et Juliette n'arrête pas de remuer. Elle me dit qu'elle est mal assise, alors je lui dis d'y aller franco, que de toute façon je ne sens plus rien et qu'elle est légère comme une plume. Je mens doublement : bien sûr que j'ai encore des sensations, elle le sait pertinemment, par contre, c'est une fille très fine, mais 50 kg sur des jambes aussi épaisses que celles d'un Somalien touché par la famine (pléonasme ?), et bien ça pèse !

Après quelques instants de repositionnement, Juliette m'annonce enfin qu'elle a trouvé la posture parfaite. Seulement, elle n'a pas l'air de se douter de quelque chose qui me ronge. Elle a le pétard sur mon mandrin, et le jean que je porte n'atténue que trop peu la sensation. Je n'ai plus qu'une peur : bander.

Je garde mon sang-froid et me focalise sur la route ainsi que sur une discussion avec ma passagère qui est tout à fait lambda et absolument pas excitante. Nous passons par un sentier de gravier (dans le parc où j'ai eu ma panne, cf 2e confession), juste avant d'arriver au restaurant, mais les tremblements provoqués par les petits cailloux sous les roues de mon bolide ont des répercussions sur nos deux corps. Je la sens se cramponner, serrer les fesses (dans tous les sens du terme), et moi je n'ai qu'un n'espoir, c'est que mon système sanguin se contienne pour ne pas se déverser dans mon corps caverneux.

Je vois le restaurant au loin. Plus que quelques mètres... et là, miracle : la pluie s'arrête. Je me dis que Juliette va redescendre, puisqu'au départ, elle semblait trouver la situation gênante et un peu trop ambiguë. Mais non, elle me donne un gentil petit coup de coude en me disant que finalement, « c'est pas plus mal de se faire transporter ». Bah voyons... tu n'iras pas t'étonner quand tu découvriras le frein à main...

Enfin nous arrivons à notre destination. Je passe les détails sur le repas, car il n'y a rien d'extraordinaire : rigolades, discussions sur tout et rien mais aussi sur ce fameux sujet qui nous obsède tous tant, le sexe. Nous passons vraiment une excellente soirée, entrecoupée de multiples « on trinque à ». Le temps passe si vite que c'est finalement le patron de l'établissement qui nous demande de partir. Bordel, c'est ouf la relativité du temps : posez vos mains sur une plaque de cuisson et chaque seconde équivaudra à une année, et passer du bon temps avec une charmante femme et ce sera l'inverse. Damn it !

Confessions InfirmesWhere stories live. Discover now