18 # Gallinacé

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Avertissement : avant d'entamer la lecture de cette confession, il est important de s'emparer d'un comprimé de Padamalgam et de l'ingérer rapidement. Une fois ceci fait, vous pouvez commencer la dégustation de mon texte en ayant à l'esprit que mon objectif n'est pas de casser du sucre gratuitement mais de faire part de certaines expériences négatives qui ne sont, du moins je l'espère, pas forcément représentatives de l'ensemble de la communauté des volailles.

En ces temps de troubles et de manifestations publiques ponctuées ça et là d'exactions policières, des souvenirs me reviennent dans lesquels quelques gallinacés m'ont ébloui par leur manque total d'intelligence, de morale, de bon sens, voire les trois à la fois.

Je tiens à rappeler avant tout que j'ai aussi eu de bonnes expériences avec des policiers. J'en ai d'ailleurs fait mention dans d'autres confessions, et j'ai en mémoire également ce fabuleux tournage de snuff movie dans une cave à Aubervilliers... ah non, là, ce n'étaient que des déguisements ! Bref, reprenons.

Ou plutôt, commençons. Je pose le contexte : je reviens d'un séjour dans le sud et je dois retrouver mon cousin à Gare de Lyon pour que celui-ci m'emmène ensuite de la gare à chez moi en voiture. C'est bien plus pratique pour moi, étant donné l'état désastreux du complexe ferroviaire francilien. Il y a du monde pour faire des jeux de mots pour le 1er avril, mais par contre, pour mettre des ascenseurs, y a plus personne.

Je retrouve mon cousin à la surface et nous rejoignons rapidement sa voiture, juste à temps pour intercepter un agent de police qui s'apprête à mettre une amende pour un stationnement interdit sur une place GIC. Sur le coup, je ne lui en veux pas : mon cousin n'a pas le macaron GIC, c'est moi qui le détiens (forcément, c'est moi l'infirme !), et je me dis qu'une simple explication devrait suffire pour échapper à l'amende qui, en tout bon sens, ne se justifie plus. Mais là, je fais plusieurs erreurs : j'utilise des mots qui n'ont aucun écho dans la tête du monsieur qui fait son métier avant tout pour atteindre des quotas et non pour que le droit soit respecté comme il se doit.

Aucune explication n'est recevable puisque le flic a entièrement raison à partir du moment où c'est lui le flic et pas nous. Le bon sens, il ne connaît pas. Il ne connaît que le constat, et son constat est qu'une voiture est garée sur une place où elle ne devrait pas.

À cette époque, je ne suis pas en fauteuil et je me déplace seulement avec une canne. Et aux yeux de ce représentant de la haute intelligence, rien ne prouve que je suis handicapé. Ah bah tiens... heureusement que j'ai ma carte d'invalidité dans mon portefeuille ! Sinon, comment aurait-il pu deviner qu'un jeune homme marchant à l'aide d'une canne ne feignait pas le handicap ? Peut-être seulement en m'écoutant et en me regardant plutôt qu'en étant fixé sur l'amende qu'il rédigeait... mais c'est trop demandé pour un cerveau occupé à faire de si grandes choses !

La situation commence à vraiment m'énerver et comme j'ai une grande gueule, je ne peux m'empêcher de balancer un « voilà ce que ça fait de donner du pouvoir à des abrutis ». Ça par contre, il a écouté et bien enregistré. Du coup, en plus de l'amende pour stationnement interdit, vient s'intercaler une autre pour outrage. Un peu à la manière des Inconnus, quand dans les Trois Frères ils qualifient l'huissier de moults sobriquets (« c'est pas incompatible avec un enculé, c'est même un pléonasme », à mourir de rire !), je suis à deux doigts de lui demander d'en signer une autre pour réellement lui faire comprendre ce que c'est un outrage. Mais bon, je me calme. Tout aussi représentant de la loi qu'il puisse être, le flic a tort. Ce que l'administration m'a prouvé après maintes procédures longues et chiantes comme le tour de France à la télé...

Il faut croire qu'être handicapé est seulement possible si on est détenteur des papiers qui indiquent que l'on est handicapé. Pas de carte d'invalidité, pas d'handicapé. Pas d'handicapé, pas de place handicapé. Pas de place handicapé, pas d'infraction. Pas d'infraction, pas de problème. Enfin je crois. J'ai un doute. Le contact de ce bel abruti a endommagé mon intelligence...

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