23 # Quand on voit deux fois au lieu d'une

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Bonjour à tous !

Après ces derniers temps quelque peu tumultueux, il est l'heure de reprendre mes infirmes récits. Aujourd'hui, je vais vous parler d'une atteinte aux yeux dont je souffre, liée à ma pathologie : la diplopie binoculaire. Le monsieur il louche.

Grosso modo, c'était à peu près ça. J'avais un œil qui disait merde à l'autre. Mais reprenons depuis le début. Strabisme ? Oui et non, disons que le strabisme est ce qui se voit de l'extérieur. Ma maladie étant à la fois neurologique et musculaire, mes muscles et mes nerfs optiques ne sont pas dans leur état de forme optimal. Cela a engendré un désalignement des yeux (le strabisme) mais plus que cela, une diplopie binoculaire, à savoir une double vision qui se développe à la suite d'un déséquilibre des deux yeux.

Croyez-moi, c'est pas très pratique au quotidien, et encore moins quand on est handicapé. Et en plus de ça, ça vous donne l'air benêt : combien de fois on m'a demandé à qui je m'adressais quand je parlais, combien de fois on m'a dit que j'avais le regard vague...

Remarquez, quand j'y pense, quand on a sous les yeux une chose agréable au regard (comme un joli petit cul, dirait le beauf qui sommeille en moi), c'est plutôt cool de l'avoir en double !

Enfin bref, toujours est-il que ce trouble a été diagnostiqué comme une retombée de ma pathologie, ce qui m'a permis d'être pris en charge par la fondation ophtalmologique Adolphe de Rothschild à Paris. Pourquoi seulement il y a deux ans, alors que mon strabisme était apparent depuis la fin de mon adolescence ? Allez savoir. Y a-t-il eu copinage entre la Pitié-Salpêtrière et cette fondation #complotmédical ? Je ne sais pas, mais au moins, on m'offrait une solution à mon problème : une opération chirurgicale.

Quand j'y repense, le terme qui convient le mieux à mon suivi médical dans cette fondation est le suivant : « YOLO ». Si les premiers rendez-vous de mise en contact et de diagnostic se sont plus ou moins bien passés (communication pas très claire, aucun rendez-vous effectué avec moins de deux heures de retard, secrétariat absolument odieux (du genre à vous raccrocher à la gueule de la même manière qu'un joueur de WoW qui simule une déconnexion de sa box en plein raid pour se casser)...), le plus dommageable est arrivé à partir du jour même de l'opération.

15 juillet 2015. Il est huit heures du matin, et je suis déjà sur place, car malgré mes nombreuses relances, aucune personne n'a été capable de me donner ne serait-ce qu'un créneau horaire pour mon rendez-vous opératoire. La seule chose que l'on m'a dit, c'est « en général, les chirurgies sont effectuées le matin ». Une information d'une précision... chirurgicale !

J'arrive donc au secrétariat, et je suis, comme dans tout bon cliché, accueilli par une quarantenaire aussi aimable qu'une porte de prison briquée à l'huile de morue. Pas de bonjour, pas de sourire, elle se contente de prendre mes papiers et de me faire patienter à côté. Et le festival commence.

Première nouvelle : je ne suis pas sur le planning. Et pourtant, ma convocation prouve bien que je dois être là où je suis, sans précision horaire certes mais tout de même aujourd'hui. Débute le défilé du personnel soignant qui commence à se demander si mon dossier n'est pas perdu. À ce moment-là, je me sens vraiment en confiance, je sais que je suis entre de bonnes mains, que je vais confier mes yeux à des personnes capables qui travaillent dans un service d'un professionnalisme effarant ! Bon ok, c'est pas l'aide-soignant qui va tenir le scalpel, mais bon...

Deuxième nouvelle : on a enfin retrouvé mon dossier, mais je dois seulement passer sur le billard en toute fin de matinée. Et en attendant, évidemment, je dois rester parfaitement à jeun. Mais ce n'est pas tout.

Troisième nouvelle : il n'y a plus de chambre disponible. En voilà une bien bonne ! Apparemment, ça ne pose pas de problème si en sortant du bloc, après une anesthésie générale, je dois rester dans un couloir en attendant mon réveil, et même plus puisque je suis censé resté jusqu'au lendemain matin.

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