27 # Vacances à roulettes II - Juppé, au s'cours !

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Reprenons le récit de mes vacances et retrouvons-nous à la deuxième étape de mon voyage : Bordeaux. J'y suis pour retrouver une amie que je n'ai pas vue depuis très très longtemps, une amie que nous allons surnommer « meuf de poche » car elle est toute petite (mais ce n'est pas une enfant attention) !

Pour commencer, je dois rendre hommage à cette copine qui a fait preuve d'un courage et d'une ténacité incroyables. En effet, il faut savoir qu'elle habite au deuxième étage d'un immeuble sans ascenseur. Vous voyez le tableau : il a fallu qu'elle me porte pour monter et descendre pendant une semaine ! Des nanas comme ça, on n'en croise pas tous les jours ! Elle a beau mesurer 1,55 m pour pas plus de 45 kg, quelle force ! Quelle endurance ! C'est beau l'amitié...

Il y a une chose vraiment regrettable à Bordeaux, c'est l'invasion de poubelles sur les trottoirs. Je ne sais pas si pendant l'été les éboueurs se raréfient, mais déjà que certains trottoirs sont difficilement praticables pour les fauteuils, vous imaginez le bordel lorsqu'ils sont encombrés de poubelles éparpillées ça et là. C'est dommage parce que c'est une jolie ville, qui bénéficie d'un héritage historique très visible notamment dans son architecture. Tout ça est gâché non seulement visuellement mais pratiquement. Et à mon avis, ça ne doit pas être gênant que pour moi...

Par contre, Bordeaux est quand même très au point au niveau de ses transports en commun : le tramway est très utile, et la plupart des bus (oui je dis seulement la plupart, vous allez comprendre pourquoi) sont accessibles, ce qui facilite largement les déplacements.

Il y a de nombreux endroits très agréables à parcourir, notamment les quais, sur lesquels ma copine de poche et moi avons fait de nombreux drifts, elle assise sur mes genoux et pilotant mon bolide en empoignant le joystick comme une pro. J'arrête tout de suite toutes les supputations qui commencent à germer dans vos cerveaux pervers : non, ne voyez pas là une métaphore pour désigner mon chibre, ma meuf de poche n'est pas ma petite copine de poche ou encore mon plan cul de poche, bien qu'on puisse dire que je l'ai montée à de multiples reprises, puisqu'elle m'a porté dans bien des situations... je suis sûr qu'elle va apprécier de lire ces lignes haha !

Mais assez de généralités, abordons le quotidien. L'appart' de ma copine de poche est petit, c'est un studio, et il n'est pas du tout praticable pour une personne handicapée dont le fauteuil est resté au rez-de-chaussée. Pour la moindre des choses, pour le moindre de mes besoins, je devais demander de l'aide à mon amie. Aller aux toilettes ? Elle devait tout d'abord me soulever du canapé puis m'aider à longer les murs jusqu'au glorieux trône. Idem pour me laver. Idem pour tout. Je n'ai bien sûr participé à aucune tâche ménagère, je n'ai rien fait. Dans ces moments-là, vous êtes partagé entre l'impuissance, la gêne, et la reconnaissance.

Bien sûr, elle ne m'a fait absolument aucun reproche. Elle ne rechignait pas à m'épauler dès que j'en avais besoin. Mais quand même, je dois reconnaître que j'ai été un sacré fardeau ! C'est dans ces instants-là que je me dis que j'ai une chance incroyable d'avoir des amis comme ça.

Un jour, tandis que nous désirions aller rendre visite à des amis à elle sur l'autre rive de la Garonne, nous avons essayé de prendre le seul bus qui alimentait cette zone. C'est là que j'ai eu ma première grosse déconvenue de mon séjour bordelais.

En 2016, on est en droit d'attendre des très grandes villes qu'elles soient adaptées aux besoins des personnes handicapées. Je demande pas que l'on refasse absolument tous les trottoirs et les bâtiments, mais il y a des choses à faire qui devraient être déjà faites. Les bus par exemple : nous attendions à l'arrêt, et la déception tant attendue arriva, incarnée par un véhicule qui ne disposait pas de rampes permettant à des gens en fauteuil de monter. Le conducteur s'est montré très aimable et a pris le temps d'appeler son central pour ne pas nous laisser comme des merdes sur le côté de la route. Quelques minutes plus tard, un minibus était « commandé » pour qu'il vienne à notre secours.

Confessions InfirmesWhere stories live. Discover now