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Victoire,

-" Tu ne manges pas tes frites ?"

Le regard de Max vers mon assiette est similaire à celui d'un gosse devant le sapin le matin de noël.

-" Vas y, prend les."

Je pousse mon assiette dans sa direction et me dirige tout droit dans la salle de bain de mon nouveau chez moi. La tête penchée sur le lavabo j'ouvre le robinet pour m'humidifier le visage. Peut-être que ça m'aidera à me calmer. Le reflet de cette fille dans le miroir me dégoûte. Il me renvoie l'image d'une sale gosse égoïste qui a gâché la vie d'un innocent, tout ça car elle n'a pas daigner porter plainte presque cinq ans plus tôt...

Ma main ouvre instinctivement le placard à pharmacie pour y trouver la petite boîte de pilules magiques que m'avait donné le psychologue après mon agression.

-" Mais qu'est ce que tu fous ?!"

Max entre en trombe, m'arrache la boîte des mains et me fait recracher très exactement les 17 gélules que j'ai dans la bouche.

-" Merde, Vic ! Merde, merde merde ! C'est ton problème en ce moment ?!"

A son regard je comprends à quel point il est paniqué et la pression retombe d'un coup. Je me laisse glissée le long du lavabo et m'effondre en larme sur le sol. Max me prend dans ses bras, et me berce.

-" C'est Louis ?" murmure t-il à mon oreille.

Je lui fais non de la tête et il souffle, l'air rassuré. Mon dieu si il savait... Il ne voudrait plus de moi comme meilleure amie.

-" Parle moi Vic, tu sais très bien qu'on peut tout se dire !"

Son air démunie et inquiet face à cette situation, ne fait qu'accroître ma détresse et ce sentiment de culpabilité. L'amitié qui nous lie ne fait qu'augmenter cette envie que j'ai de tout lui raconter sans réfléchir. Une seconde de plus, et je pourrais tout lui déballer. D'une traite. Mais non, je reprends conscience et me rappelle la peine qui m'attend si je dévoile ne serais-ce qu'un soupçon de mon dossier. Ce secret est bien trop lourd à garder, et j'ai une confiance aveugle en la discrétion de Max... Je pourrais peut-être lui détourner la situation juste soulager ma conscience...

-" C'est juste que... Mon dossier de droit commence à prendre un peu d'ampleur sur ma vie sociale. L'homme que j'épaule Max, est comme toi et moi, il ne mérite rien de tout ça, tout ce qu'il vit, cette souffrance, cette...routine affreuse. Les gens là-bas sont impitoyable entre eux, ils ne laissent rien glisser, aucune parole de déplacée, et lui, il est au milieu de tout ça. Il mériterait tellement une pause, ne serait ce qu'une journée en stand by..."

-" Hé bien demande une autorisation de sortie journalière, me répond t-il comme une évidence en haussant les épaules. Ma foi, des tonnes de ces gars se baladent tous les jours en ville ! Ils ont juste un périmètre de restriction."

Suis-je bête, pourquoi je n'y ai pas pensé avant ?! Je me tape le front, avant de prendre Max dans mes bras, le surprenant au passage et le faisant éclater de rire.

-" Doucement Vic ! "

-" Tu es simplement GÉNIAL Max ! Merci, merci ! Je suis tellement préoccupée que j'en ai oublié les premières bases de mes cours. Je vais faire profiter à No...mon client, de ma position, et lui octroyer une journée de liberté !"

****

Je marche sur le trottoir en direction de la prison. J'ai revu mon discours hier soir toute la soirée, même cette nuit étant prise d'insomnie et à l'excitation du sujet. De Balzac va t-il approuver ma démarche, et Vigor va t-il accepté ma demande ? Comment va réagir Noam, à l'annonce d'une journée de liberté à mes côtés en dehors de ses quatre murs lugubres ... ?

Temptation Where stories live. Discover now