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Victoire,

Non mais qui sonne de si bonne heure un samedi matin ?

Lasse, un vieux bas de survet gris et un long t-shirt blanc je vais, malgré la fatigue, ouvrir et découvre un nain vêtu de bleu qui se tient devant moi.

-" Bonzooooour Vic !"

Tommy... Tommy le petit frère de Max se tient devant moi, un blouson turquoise sur le dos et portant un sac Spiderman comme si il pesait 3 tonnes. Putain, le traître ! Il utilise un enfant ! Max utilise les grands moyens pour m'amadouer ... Et ça marche. J'adore les enfants, et ce grosse de 3 ans et demi est tellement craquant ! Ignorant Maxence qui se tient derrière, la mine renfrognée, je tente de paraître naturelle auprès du petit prince.

-" Coucou mon chou ! Que fais tu là ?"

-" Ze voulais te voir pour faire les manèzes !"

Comprenant qu'il parle de la foire du trône que j'adore, et des manèges, que Noam a refusé de faire, je ne peux m'empêcher de sourire.

-" Il est où ton çaaaaa ?" Reprends le gnome en me bousculant pour rentrer à l'intérieur à la recherche de Lilo, mon chat.

Je me retrouve alors face à Max, qui me regarde désemparé, les mains dans les poches. Je n'ai pas envie de ré aborder le sujet qui m'a rongé ses 5 derniers jours. Je souffle et braque mon regard dans le sien avant de dire :

-" T'inquiète, je m'occupe de lui ce matin, et le déposerais chez toi pour midi." puis je lui claque la porte au nez.

Qu'est-ce qu'il croit ? Que je vais tout lui pardonner en l'échange d'un peu de présence avec son mini-lui ? Hors de question ! Par contre, je compte bien profiter de ma matinée avec Tommy, afin de m'évader un peu !

Je regarde par le judas, et vois Maxence s'éloigner vers l'ascenseur.

***

Nous sommes sur le chemin du retour, le petit bout endormi dans le creux de mon épaule, j'ai décidé de prendre un taxi parce que le pauvre Tommy était épuisé et il m'a épuisé par la même occasion. Il faut dire qu'il n'a pas arrêté de me faire aller et venir dans toute la foire, on a fait au moins 10 fois le tour et je n'exagère pas !

"Tatie on va faire ce manèze... zé faim... ze veut à boire... ze veut retourner faire l'autre qui était là bas..."

Le chauffeur me prévient que nous sommes arrivés.

-" Tommy, mon ange, je lui caresse sa petite touffe de cheveux, on est arrivé à ta maison."

Un petit gémissement se fait entendre, il se frotte les yeux et, et déjà sur le qui vive. Je ne comprendrais jamais comment un gamin, quand il se réveille, pète autant la forme, moi le matin il ne faut pas me parler le temps que je n'est pas eu ma tasse de thé, bref.

Nous sommes maintenant devant la porte de l'appartement de Max, le gnome dans mes bras sonne.

Faite que ce ne soit pas Max qui ouvre, faite que ce ne soit pas...

Loupé.

La porte s'ouvre et c'est le blond qui se tient devant.

-" Alors comment c'était Tom ?" demande Max qui me regarde droit dans les yeux s'attendant surement à ce que je lui dise quelque chose.

-" Trop cool Mazk !"

Il descend et court directement dans la maison, me laissant là toute seule. Je lance un regard lourd de sens à Max, et me retourne, sans un mot. J'appuie plusieurs fois sur le bouton de l'ascenseur, pour que celui-ci arrive plus vite mais en vain, ça ne sert à rien... J'attends de longues secondes, sentant le regard pesant de Max dans mon dos, jusqu'à ce que le bip de son arrivé retentisse. Je souffle de soulagement, monte et me retourne pour lui faire face.

-" Vic... ,les portes commencent à se refermer, Vic je suis vraiment DÉSOLÉ !!" hurle t'il au moment où les portes m'enferment à l'intérieur.

Les larmes que je retiens depuis son apparition ce matin, se mettent à déferler sur mes joues.

Ces dix derniers jours, je les ai passés enfermée chez moi, à bosser ou à la bibliothèque. Les quelques heures de liberté que je me suis octroyées étaient pour voir Louis, qui, entre parenthèses ne m'a toujours pas parlé de son « pote » derrière les barreaux, et Anna. Nous avons passé plusieurs soirées ensemble à avoir des discussion typiquement féminines. Elle m'a raconté avoir craqué pour un des collègues qui bosse avec elle à la boulangerie dans laquelle elle effectue quelques heures en semaine, lorsqu'elle n'ai pas à la fac. Un certain Tristan, un, je cite, « dieu vivant » auquel elle semble très éprise.

Je n'ai pas parlé de ma découverte sur Max à Anna, j'attends le bon moment. En ce qui le concerne, je ne l'ai pas revu. Il m'a envahi de textos dans lesquels il s'excusait de sa lâcheté, il expliquait qu'il avait flippé comme un malade ce soir-là et que, paralysé par la peur et sous l'effet du choc, il n'avait pas été en mesure de réagir comme il l'aurait souhaité. Il m'a aussi dit qu'il avait pensé, et je le crois, que le coupable, le « véritable » avait été arrêté suite au témoignage qu'il avait fait, où, selon lui, il innocentait complètement Noam. Pour lui cette affaire était réglée.

En revanche, il m'a avoué avoir tenté à plusieurs reprises de me dire la vérité, à savoir qu'il avait tout vu ce soir-là, qu'il était au courant, mais il était pris de remords, et avait profondément honte de sa réaction de « tapette » comme il le dit. Il avait peur de me perdre en me racontant la vérité, et il s'en veut énormément car il m'a tout de même perdu. Enfin ça, c'est ce qu'il croit et je le laisse mariner.

Max est mon meilleur ami depuis le jardin d'enfance et ma colère et ma rancune ont vite laissé place à la culpabilité de l'avoir rejeté comme un moins que rien le jour ou il est venu me voir avec Tommy. Je peux comprendre sa réaction après y avoir réfléchi de longues nuits, et je me dis que connaissant Max, si effectivement il n'a pas réagi ce soir là c'est qu'il devait réellement flipper.

Puis je lui en vouloir pour ça ?

De même que je comprends le fait qu'il n'ai pas osé m'en parler par la suite, je veux dire, c'est délicat à avouer, du genre : "ouais écoute j'ai tout vu mais j'ai laissé faire parce que j'avais pas les couilles d'intervenir et je me chiais dessus". Non, sérieusement, je comprends, et je suis prête à lui pardonner, il me manque, il me manque réellement, mais je ne veux pas qu'il croit que c'est si facile que ça, donc je le laisse un peu poireauter et j'irais le voir un de ces jours pour m'expliquer un peu plus calmement avec lui.

Ces dix derniers jours, j'ai aussi souvent vu De Balzac. Nous nous retrouvions régulièrement à la bibliothèque universitaire pour faire des recherches sur la liberté conditionnelle. J'ai lu un pavé en quelques jours sur les conditions requises et les « devoirs » du condamné, si un tel jugement été accordé.

La personne condamnée est placée pendant tout le délai d'épreuve sous le contrôle du juge de l'application des peines compétent en fonction du lieu de résidence fixé par la décision accordant la mesure, et sous la surveillance d'un conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation.

Je n'ai pas revu Noam depuis notre journée de sortie exceptionnelle, et je suis stressée à l'idée de le revoir dans deux jours, pour lui faire part de cette possibilité qu'il a de faire sa propre demande de libération conditionnelle.

Je ne l'ai pas eu non plus au téléphone et je ne sais pas la réaction qu'il aura envers moi. Nous devons préparer ensemble cette condition écrite, qu'il doit écrire de ses propres mains, avec mon aide. Je dois avouer qu'il m'a manqué ses derniers jours, et que la distance qu'il a imposé lors de la fin de notre journée ensemble m'inquiète, et m'intrigue énormément. Je ne sais donc pas comment je vais devoir réagir avec lui jeudi...

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