Temptation

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Noam,

Je ne pense qu'à ça depuis des jours. Putain ! Cette nana a réussi à m'avoir un jour de perm alors que pendant quatre années, aucun de mes soi-disant avocats commis d'office ne s'était donné la peine ne serait-ce que d'y penser.

Elle n'est pas revenue depuis et ça ne fait qu'accroître ma curiosité sur les raisons qui font que cette journée ait été acceptée...et mon excitation. Je vais enfin pouvoir voir autre chose que ces murs bétonnés et crades. Je n'arrive pas à y croire.

Depuis quelques jours, j'ai un élan de positivisme qui est réapparu. Je commence à imaginer ce que serait ma vie si je sortais plus tôt que prévu de cet enfer. Je commence à avoir des plans d'avenir. Bien sûr, j'ai des cours qui me sont donnés deux fois par semaine ici qui ont une équivalence de master, mais l'idée de pouvoir continuer, me traverse l'esprit et je me surprends à penser que c'est possible.

Bordel Noam, redescend sur terre ! Personne de qualifié ne t'as sorti de cet enfer en quatre ans, ce n'est pas une gamine qui plus est, « étudiante » qui va y arriver.

Voilà de quoi se sont composés mes trois derniers jours. De pensées positives, d'espoirs, et de «retours » brutaux à la réalité. Je me pose des tonnes de questions, j'ai tellement longtemps été tenu éloigné de la vie réelle que j'ai peur d'être complètement à l'ouest, d'être pommé et ça me rend nerveux. Et puis passer la journée avec cette fille n'était vraiment pas la chose que j'aurais souhaité, bien au contraire, j'aurais préféré la passer avec Louis, le seul véritable ami que je possède, mais soit, je ne n'ai pas vraiment le choix, alors je saisi tout de même l'opportunité.

Il est bientôt 11h30, heure a laquelle nous avons le droit de pouvoir nous diriger vers la cantine pour le déjeuné. Je prend un plateau, bousculant un mec au passage. Il lève la tête et me regarde prêt à dire quelque chose mais ne riposte pas. Tout le monde ici, a déjà vu de quoi j'étais capable lorsqu'on se confronte à moi, mais depuis que Victoire me rend visite régulièrement, ces gars ont repris confiance en eux et me charrient chaque jour un peu plus.

Je m'installe comme d'habitude, quand je décide de manger ailleurs que dans ma cellule, à ma place habituelle, en bout de table, seul. Personne n'a jamais voulu poser son plateau a côté du mien, tant mieux, je préfère manger en paix.

J'entends des ricanements et des messes basses pas loin de moi, et quand je tourne la tête, je comprend le pourquoi de celles-ci : Victoire...

Elle est accompagnée par cet enfoiré de maton qui l'escorte, et approche en ma direction. Elle n'est pas a l'aise du tout, je le vois à sa démarche raide. Elle garde la tête haute, comme pour surmonter une épreuve. Pour elle , celle-ci devrait s'appeler le couloir de la mort...

Elle s'installe face à moi :

-" Bonjour Noam... Bon appétit." me dit-elle avec un petit sourire.

-" Tu parles...toujours cette même bouillie dégueulasse..." je lui répond en tapotant ma cuillère dans cette merde visqueuse qui se trouve dans mon assiette.

Elle grimace.

-" C'est vrai que ça n'a pas l'air très appétissant... Tu dois rêver de pouvoir manger un bon petit plat..."

Si j'en rêve ? J'en mourais !

-" Ça tu peux le dire..." je souffle.

-" Quel est LE plat que tu souhaiterais manger en premier en sortant d'ici ?" me demande t-elle.

Cette fille est vraiment trop curieuse, et parler avec elle devant tous ses taulards me gêne un peu. Je n'aime pas le regards que peuvent porter ses types sur elle. On croirait des morts de faim, prêts à la bouffer. Mais je me laisse aller à sa curiosité, c'est tellement peu souvent que j'entretiens une vraie conversation...