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Noam,

Debout au milieu de ma cellule, je prends le temps de la détailler dans les moindres détails, pour la dernière fois. Cette cellule qui m'a logée pendant ses quatre presque cinq dernières années...

J'y ai été logé comme un détenu "moyen", pas inculte, mais pas VIP non plus. D'autres incarcérés ont le privilège de ne pas être logés à la même enseigne. Certaines cellules passent du taudis, où j'ai vécu, au palace, ou presque. Mais malgré tout, c'est ici que j'ai mené ma vie quotidienne.

Je fais glisser mon journal dans mon sac d'affaires. Mon journal qui contient ma vie, vue de dedans. Celui qui lirait celui-ci pourrait avoir l'impression d'être lui même immerger dans le vif du sujet. Ici, j'ai pris le goût d'écrire, et toutes mes journées y sont relatées . Ils sera pour moi comme un "souvenir" dans ce passage dur de ma vie.

Aujourd'hui c'est une nouvelle page qui ce tourne, et un nouveau chapitre qui débute. Je pourrais même nommer celui-ci : "Nouveau départ", ou "Vivre avant d'être libre"... Je souris bêtement à cette idée. J'enfourche la bandoulière de mon sac sur mon épaule et me retourne, me chargeant moi même d'ouvrir les grilles, de cette cellule n°276. J'étais le n°276.

L'abruti de maton qui se chargeait de faire trembler mes barreaux chaque jour, m'escorte jusqu'à la sortie, où Victoire m'attends. En passant dans les couloirs devant diverses cellules, je me rends compte que la nouvelle de mon départ à eu vite fait de circuler.

Certains avec qui je discutais de temps à autre m'expriment leur soutien : "Bien joué Hazz !", "Profite de ta nouvelle vie !", "Fais gaffe de pas faire le con mec, ou sinon, on te retrouvera très vite...", "La belle à fait sortir la bête...", cette dernière phrase vient de Pico, celui à qui j'avais éclaté le front sur la table suite à ses pensées salaces envers Vic.

Je me stoppe devant sa cellule et le vois assis sur son lit, le regard dans le vague.

-" Hey Pico, je lui dis, toi aussi tu trouveras quelqu'un qui te feras sortir d'ici, et qui te permettras de revoir ton gosse."

Je vois ses sourcils se froncer et ses yeux briller. Il me souris alors pour la première fois, avec un regard remplit de sincérité, et hoche la tête en me faisant le signe de solidarité, une tape contre son torse.

Je continue mon chemin jusqu'à la sortie, et voit enfin Victoire. Le maton m'ouvre la grille, et lui aussi me grogne :

-" Fais gaffe à toi Harrys." avant de claquer brutalement la grille comme à son habitude.

Je rigole, me disant que tout compte fait, ce gars devait sûrement m'apprécier.

Le taxi s'arrête devant l'immeuble de Victoire, qui me rappelle ma première sortie avec elle. Je suis encore gêné de devoir loger chez elle, mais elle était ma seule possibilité pour obtenir cette condition. Je la suis, jusqu'à l'ascenseur, et une fois arrivé au bon étage, devant sa porte, elle me tends son trousseau.

-" A toi l'honneur Noam, ouvre. Tu es ici, chez toi"

Ce sentiment qui m'envahie en entrant dans le séjour, je ne saurais l'expliquer. Je suis heureux, oh ça oui, mais bordel qu'est ce que je flippe.

Et si personne ne voulait me donner ma chance en m'embauchant ? Et si cette nouvelle vie ne me convenait pas ?

La peur de l'inconnu me fait douter, peut être que, finalement, j'étais mieux en taule. C'était chez moi, je connaissais le milieu, les habitudes, les passe droits ... Ici, je me sens terriblement perdu.

Temptation Où les histoires vivent. Découvrez maintenant