Chapitre 10

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AMÉLIE



C'est aujourd'hui. Mon concours. Nous sommes le 8 novembre, il est 14 heures. Les représentations commencent à 17 heures. Nous avons assez de temps pour répéter et tout mettre au point. Nous avons bien travaillé les chorégraphies durant ces quelques mois. En néo-classique, nous dansons sur «Crystallize» de Lindsey Stirling. J'adore cette chanson. Elle me donne des frissons chaque fois que je l'entends.
Pour ragga, la chanson est quelque peu différente. C'est «Bam bam» de Olatunji.
En contemporain, c'est sur «Dance without you» de Skylar Grey, le Remix de Ricky Luna.
Nous sommes tous réunis dans la grande salle. Tous les élèves sont assis dans les sièges disposés en gradins et la directrice du concours nous explique différentes règles ainsi que le déroulement des représentations. En tout premier, il y a l'école de Paris. C'est une prestigieuse école, je pense que ça va être un de nos grands concurrents. Il y a d'abord leur contemporain suivi de leur classique et de leur hip-hop. Après vient le tour de l'école de Lyon. Pour elle, je ne m'en inquiète pas trop. Ils font d'abord passer le moderne-jazz, ensuite le ragga puis le classique. Ensuite, c'est au tour de l'école de Toulouse, un grand
concurrent également. L'ordre de passage est donc classique suivi de ragga qui est suivi de hip-hop. Vient ensuite le tour de l'école de Lille, notre école. L'ordre est néo-classique, ragga, contemporain. Et l'école clôturant le concours est l'école de Nantes. Ils ne présentent que deux chorégraphies : celle de classique et contemporain.



-Étant donné que certaines d'entre vous font toutes les chorégraphies représentant leur école, entame la directrice, nous avons mis en place une mini chorégraphie qui ne comptera pas entre les représentations, pour ainsi donner aux personnes concernées le temps de se changer. Bien entendu, il faudra vous dépêcher, il n'y a pas une seconde à perdre. Je propose maintenant une répétition générale de la représentation. Vu que les juges ne sont pas encore présents, c'est le moment de tout mettre en place. Aller, on y va !

Nous partons tous dans les loges, sauf les filles de contemporain, de l'école de Paris. Nous entendons la musique commencer et les pas sur la scène retomber lourdement de temps en temps.



***




Il est 18h, et l'entracte s'est terminée il y a 10 minutes.



«L'école de Lille ? Le néo-classique ?» nous appelle une dame se tenant dans l'encadrement de la porte.



«C'est nous.» répond Malia en se levant.



«Ça va être votre tour.» sourit-elle. «Je vais vous accompagner jusqu'aux coulisses.»



«D'accord.»




Nous nous levons toutes les quatre et commençons à marcher derrière cette dame. Elle est vêtue d'une robe noire assez décontractée et de ballerines de la même couleur, et ses cheveux sont ramenés en un chignon stricte. Elle a l'air plutôt gentille, et son calme m'aide à faire redescendre mon stress commençant à être palpable.



«Allez-y, et surtout, ne faites aucun bruit.» dit-elle en ouvrant la porte.



La musique de la danse d'hip-hop de l'école de Toulouse bat son gré, et ça me fait stresser encore plus. Nous nous dispersons, étant donné que nous ne rentrons pas toutes du même côté. Garance et moi rentrons du côté jardin, tandis que Malia et Lola du côté cour. Nous sommes prêtes, et j'effectue quelques étirements de dernière minute. J'envie quelque peu Garance, elle n'a pas du tout l'air stressé.



«Tu vas finir par t'évanouir. Détend toi.» me chuchote-elle en riant.



«Tss. Toi t'as facile.»



«Ils ne vont pas te manger hein. Imagine toi qu'il n'y a personne dans la salle. Aucun jury, aucun parent, aucun public. Tu verras, tu te sentiras beaucoup mieux.»



«Je fais de la danse depuis toute petite. Je te laisse imaginer le nombre de spectacles que j'ai effectués. Et bien cette peur est toujours restée, impossible de m'en débarrasser. C'est comme ça.»



Elle acquiesce en rajustant sa coiffure qui est, en l'occurrence, une tresse africaine en épis de blé. Pour la tenue, nous portons une tunique blanche et un collant, ainsi que nos chaussons. J'ai vraiment peur de rater un pas, ou pire, d'en oublier un. Ça a toujours été une grande peur chez moi. Me retrouver en plein milieu de la scène, sous les projecteurs, des centaines de personnes me regardant, ne sachant pas quoi faire. Heureusement pour moi, ça n'est jamais arrivé.

La musique s'arrête et les applaudissements envahissent la salle. La boule au ventre déjà présente dans mon estomac s'agrandit, et j'inspire et expire un grand coup. Après quoi tout devient noir. C'est le moment.

(Pour cette partie, je vous conseille d'écouter en même temps la chanson donnée auparavant pour cette danse. Vous visualiserez beaucoup mieux la danse.)

Les premières notes se font entendre et la scène s'éclaire peu à peu. Nous avançons lentement et allons nous placer. Je suis devant avec Lola, et Malia et Garance sont derrière. La mélodie m'enveloppe, et je ne contrôle plus mon corps. Les pas de danse se font tout seuls, sans que je réfléchisse. Je me sens libre, je me sens bien. J'ai l'impression d'être seule, sans que personne ne puisse me juger. Je me lâche. Et cela n'était pas arrivé depuis longtemps. J'ai cette sensation chaque fois que je monte sur scène. Je ne fais même pas attention aux filles présentes avec moi sur la scène et continue mes mouvements, tous synchronisés, tous parfaits. Les 4 minutes 20 de chorégraphie s'écoulent très rapidement, je ne les vois même pas passer. La musique se stoppe et les applaudissements se font entendre. J'entends crier mon nom et reconnais ma mère. Les larmes me montent presque aux yeux, mais je les chasse d'un battement de cil, tout en restant droite, sérieuse. Nous quittons ensuite la scène en courant élégamment. La mini-chorégraphie d'entre les représentations entame, et je me dépêche d'enlever ma tenue pour enfiler celle de ragga, c'est-à-dire un legging noir, un débardeur kaki, des baskets et une chemise à carreaux accrochée autour de la taille.



***





-Vous avez touts été super ! Tous vos professeurs sont extrêmement fiers de vous, vous avez donné le meilleur de vous même et c'est cela qui compte ! J'espère que le public a également apprécié. A présent, les juges sont en train de réfléchir et nous aurons le verdict dans quelques minutes.

Nous sourions tous à pleines dents en entendant ce récit. Nous sommes tous, je dis bien tous, regroupés sur la scène en attendant le nom de l'école gagnante, et plus particulièrement de la personne gagnante. Parce que oui, il y a un trophée pour l'école remportant le concours mais ils ont également choisi une personne de cette école qu'ils ont particulièrement remarqué. Cette personne reçoit un trophée et quelques opportunités de refaire certains concours individuels ou encore d'aller dans une grande école. Mon cœur bat tellement vite, je n'arrive pas à calmer la vitesse. J'ai l'impression que mes poumons vont exploser. La boule dans mon estomac revient, et je suis obligée de parler à Malia pour me calmer.



«Tu crois qu'on va gagner ?» me demande-t-elle.



«Je n'en sais rien. L'école de Paris a l'air d'avoir fait un carton. Je ne sais pas trop si on a des chances à leurs côtés.»



«Dis toi que même si on a pas gagné, on l'a fait, et on a été à fond. Personnellement, je n'aurai aucun regret.»



Je souris faiblement en tortillant mes doigts dans tous les sens.



-Bien ! Le verdict est tombé ! Les résultats sont dans ma main.



En effet, elle tient une feuille dans sa main droite, et le micro dans la gauche.



-Personne ne doit être déçu, sachez que les juges ont eu beaucoup de mal à choisir, vous avez tous été géniaux ! Vous avez tous le mérite de gagner. Bien, je vais maintenant annoncer l'école et la personne gagnante.



Elle se racle la gorge en toussant, et affiche un grand sourire en dépliant le papier.



***

Mon BadBoyWhere stories live. Discover now