III

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~The Neighbourhood - Afraid~

Je m'engouffre aux côtés de Zayn dans la grande maison d'Aaron et la musique qui tambourine entre les murs nous enveloppe directement. On est envahi par l'atmosphère oppressante de tout ce monde qui transpire et qui se déhanche en rythme. Je regrette instantanément d'être venu, mais lorsque j'aperçois le regard heureux et détendu de Zayn, je me dis finalement que je peux faire un effort. Les lumières des projecteurs nous aveugles et nous nous frayons difficilement un chemin à travers la foule jusqu'au salon. Parmi les autres nombreuses têtes, j'aperçois la chevelure blonde et soyeuse de Niall Horan, qui se déhanche un gobelet à la main, aux côtés d'Eleanor. La jeune Calder, fille unique de la famille, ne m'adresse qu'un léger sourire tandis que Zayn et moi serrons Niall dans nos bras. Je vois très bien qu'une tension règne entre la brune et moi depuis que nous avons rompu. Ou plutôt depuis qu'elle a rompu avec moi. Je n'ai même pas cherché à avoir des explications, je me doutais bien qu'elle aimait quelqu'un d'autre. Alors j'ai haussé les épaules et j'ai souri. Un peu comme tout le monde le fait tout le temps. Ta copine te quitte comme une merde ? Hausse les épaules et souris. Des millions de gens meurent chaque jours ? Hausse les épaules et souris. Ta vie dérive, plus rien ne va ? Hausse les épaules et souris. Le monde brûle, l'univers s'évapore sous nos yeux fermés ? Hausse les épaules et souris putain. Parce que c'est ce que tout le monde fait. On ferme notre gueule et on continu d'avancer.

-Comment vous allez ? demande Zayn en haussant la voix pour pouvoir se faire entendre à travers la musique.

Le blond hoche la tête en souriant, puis reporte son gobelet à ses lèvres sans s'arrêter de danser. Eleanor se contente de lever son pouce pour faire comprendre que tout roule pour elle. Alors la discussion s'arrête  ici, et Zayn me tire par le bras pour m'emmener jusqu'à la cuisine. Il se met dos à moi, en face du comptoir et se retourne après avec deux gobelets de vodka. Je porte celui qu'il me tend à mes lèvres et le liquide chaud se répand dans ma gorge. Le contact à la fois étrange et familier me fait frissonner.

-C'est super tendu entre toi et El', entame Zayn en criant à moitié.

-Je crois qu'elle ose plus trop me parler, je réponds avant de boire une seconde gorgée de vodka.

Et c'est vrai, je pense vraiment qu'Eleanor n'ose plus me parler. Sûrement parce qu'elle se sent coupable, sûrement parce qu'elle s'en veut un peu, sûrement parce qu'elle pense que je vais mal et que venir me parler aggraverait les choses. Ou alors elle en a tout simplement plus rien à foutre. Je n'en sais rien, ce sont ses pensées, ses choix, mieux vaut que je ne m'en mêle pas.

-Je pense qu'au fond ça te fou en rogne, rétorque le basané. Tu l'aimais, tu l'aimes peut-être encore, et tu cherches à enfouir tout ce que tu ressens. Je te comprends pas Louis, arrête de faire comme si tout allait bien. Ta grand-mère est décédée, ta mère devient folle, ta petite-amie vient de te quitter, et toi t'es là, planté devant moi comme si...putain comme si tout allait vraiment bien dans le meilleur des mondes ! C'est quoi ton problème ? Tu te drogues ? Tu peux me le dire, je suis ton meilleur pote non ?

Je pouffe de rire sans même m'en empêcher. Je crois que parfois, Zayn s'inquiète trop.

-Tu vois ! s'écrit-il en levant ses mains vers moi. C'est exactement ce qui cloche chez toi ! Tu te marres tout le temps, tu prends tout à la légère mais putain au fond je sais que tu ne rêves que de pouvoir  libérer tes sentiments. Alors fais-le, pourquoi tu retiens ?

-Parce que ça ne mène à rien. Je veux pas finir dépressif, je veux pas mourir en me suicidant. Parce que si je vais trop loin il n'y aura personne pour me retenir. Alors j'évite de partir tout court.

J'apporte une nouvelle fois mon gobelet à mes lèvres sous le regard inquiet de mon meilleur ami. Il doit me prendre pour un cinglé, mais je considère tout de même avoir le droit de sourire au lieu de me morfondre. Alors la discussion que nous venons d'avoir s'enfuit bien vite de mon esprit et il se concentre à présent sur la fête qui se déroule autour de nous. C'est dans ce genre de moment que l'on peut remarquer les différences et les groupes sociaux qui se forment entre nous tous. D'un côté il y a les défoncés, ce qui sont drogués, bourrés ou les deux à la fois. En général ceux-là n'ont pas un niveau d'étude bien élevé. Ensuite il y a les coincés, ce qui n'osent ni bouger, ni boire, ni fumer, ni danser. Eux sont plus branchés études, et ils sont là de force ou juste par hasard. Et puis il y a la catégorie du milieu, ce sont ceux qui sont là juste pour s'amuser avec leurs amis, boire sans en abuser, draguer sans forcément coucher. Et dans ces trois catégories de différenciation se trouve encore d'autres catégories qui différencie un groupe d'une même catégorie. Et je fais moi-même partit d'un de ces groupes puisque je suis ici.

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