XII

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~Green Day - Still Breathing~

Elle est partie.

Voilà tout ce que mon père a su me dire. Elle s'est enfuie, sans affaires, sans voiture, sans vêtements et sans nourriture. Elle n'a que ses pieds pour courir et elle est seule, certainement au milieu de nulle part. Appuyé contre le dossier de mon lit, j'essaie de trouver quelque chose à quoi me raccrocher. Quelque chose qui me maintienne à la réalité, qui m'évite de sombrer. Mais je sais que rien n'empêchera mes larmes de brûler mes joues. Rien ne m'empêchera de me poser toutes ces questions ridicules qui me restent sans réponse.

C'est ma faute, c'est ma putain de faute. Elle est partie parce que personne n'a su la retenir. J'ai cru qu'on pouvait l'aider rien qu'en étant sa famille, mais nous sommes des trouillards, ma famille est faible, et tout le monde fuit. On fuit les problèmes. Alors on a fuit ma mère, et maintenant c'est elle qui nous fuit.

On l'a cherché partout, chez nos tantes, nos oncles, dans les rues, dans les bâtiments, dans ce cimetière, on a ratissé Londres toute la journée à sa recherche mais elle reste introuvable. Aussi transparente que l'air qui nous entoure. Et je n'ai jamais autant eu besoin d'elle que maintenant. J'ai besoin de sa voix, de ses étreintes chaleureuses et de ses sourires réconfortants. J'ai besoin de sentir son odeur et de replonger en enfance, lorsque je dormais dans ses bras. J'ai besoin d'elle pour me rappeler que j'ai une raison de devenir quelqu'un.

Il fait presque nuit maintenant, le ciel est parsemé de nuances de rose et de orange, un spectacle que j'aurai d'habitude apprécié. Tout pourrait paraître normal. À cette heure là, ma mère préparerait le dîner, mes plus jeunes soeurs joueraient dans leur chambre, pendant que les deux plus grandes seraient au téléphone ou sur les réseaux sociaux et que mon père finirait un dossier important. Notre quotidien est partit en fumé, et je crois qu'il est trop tard de prier pour que les flammes ne nous aient pas tous déjà anéanti. Je danse au milieu d'un cauchemar.

Par je ne sais quel moyen, j'arrive à puiser dans les dernières forces qu'il me reste pour me tirer jusque dans la salle de bain. La maison est tellement silencieuse que j'entends le vent souffler contre les murs. L'ambiance qui règne ici ne nous ressemble pas, il n'y a plus qu'un vide immense qui se reflète sur chacun de nous. Lorsque je me retrouve face au miroir, j'aperçois directement le bleu qui longe ma joue droite, ma lèvre fendue et gonflée et mes cernes qui ont l'ai ancrés dans ma peau. Je fais peur à voir, encore plus depuis que Liam Payne est passé sur mon chemin.

Mon téléphone vibre pour ce qui doit être la vingtième fois de la journée, et c'est encore un appel de Zayn. Je n'ai pas le courage de lui répondre, je n'ai pas la force de lui expliquer tout ce qu'il s'est passé depuis que je lui ai dit que j'allais aux toilettes. Mais la pointe de culpabilité qui m'envahie me pousse à décrocher.

-Louis ? Tu vas bien ? Ça fait vingt fois que j'essai de t'appeler.

L'inquiétude dans sa voix me fait culpabiliser encore plus, et je peine à lui répondre.

-Je vais bien Zayn, merci de t'inquiéter. C'est juste...ma mère. Encore.

-Je t'ai dit que tu pouvais venir chez moi si ça n'allait pas.

-Non c'est pas ça, je soupire en évitant de croiser mon regard dans le reflet. Elle est partie, personne ne sait où elle est.

Zayn reste silencieux, tout autant que moi. Et je crois qu'on réalise tout les deux que la situation a dégénérée au point que même ma mère n'en est plus maîtresse. Personne ne contrôle plus rien, et au fond on a peut-être bien tout perdu depuis le début.

-Peut-être que mon père avait raison, j'arrive à dire dans un faible tremblement. L'hôpital psychiatrique était sûrement la solution.

-Ne dit pas des choses pareils Louis, vous allez la retrouver et tout finira par rentrer dans l'ordre.

Follow you | Larry StylinsonWhere stories live. Discover now