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XVI

~Muse - New Born~

Harry

Je vois du sang, du sang partout. Mes pensées troubles et interdites s'emmêlent et plus rien n'a l'air cohérent. J'ai tout essayé pour faire le vide en moi, mais rien n'y fait. Je me sens plein de démons qui me hantent. Qui me poursuivent. Me traquent. J'ai l'impression qu'ils ne finiront jamais par me lâcher. J'ai la peau qui me brûlent, mes entrailles qui se déchaînent. Le carrelage gelé peine à refroidir le sang qui bat dans mes veines. Parfois, un sursaut me sort de ma torpeur et je m'écrase brusquement contre la paroi rocailleuse qu'est la dure réalité. Puis je replonge dans les bras du diable qui a mon coeur entre ses griffes.

Lui qui m'a tout pris, pourquoi ne veut-il pas me prendre aussi ? Qu'il m'emmène avec lui, je n'ai pas peur de mourir, d'aller en enfer. Il rit de moi, je le vois bien, mais putain je n'ai pas le droit de lui laisser croire qu'il est plus fort que moi. Je n'ai pas le droit de m'en remettre à Dieu non plus. Je le sais. Je suis seul.

Le morceau de verre fin glisse lentement entre mes doigts avant de cogner contre le sol. J'ai du sang sur mes doigts tremblants. Des larmes sur mes joues. De la rage sur ce qu'il reste de mon coeur. Je vois trouble, mais tout ce que je vois me répugne. Tout ça fait pourtant partit de moi, ces bouts de verre brisés, ce sang presque séché.

Je pense être seul, mais au fond je ne le suis peut-être pas. Je sais qu'ils sont là, quelque part, cachés dans l'obscurité, attendant que je flanche pour m'achever. Ils sont ici, m'observant sans dire un mot. Je leur en veux, à ces démons, d'exister et de me nuire chaque jour de mon existence. Alors j'explose en sanglot un nouvelle fois. Je laisse mes larmes rouler le long de mes joues. Elles semblent me brûler la peau, y laisser des cicatrices hideuses.

J'ai tout essayé, absolument tout pour oublier ce passé merdique qui s'accroche à moi. Il faut croire que les remords persistent tandis que l'avenir s'efface sous mes doigts. Il n'y a plus que ça dans ma tête : ce foutu passé, toutes ces merdes qui m'encrassent encore la vie, toutes mes peurs, mes angoisses, ma folie qui me bouffe.

Je suis ne suis pas suicidaire, ni dépressif. Juste un peu assommé par la vie elle-même. Et j'ai juste besoin de quelques secondes pour souffler, ne plus rien ressentir. Oublier, tout oublier.

Il sera bientôt temps.

-Harry...

La voix de Louis a le même effet qu'un coup de poignard en pleine poitrine, et je me fige instantanément, me concentrant soudainement sur ce son comme la seule chose qui aurait de la signification dans cette maison.

-Je sais vraiment pas ce que tu fiches là-dedans, je comprends si ce que tu souhaites c'est être seul. Mais même si tu me demandes de m'en aller je resterai. Parce que je te l'ai promis.

Nouveau coup de poignard, bien plus profond cette fois. Je me laisse aller contre ses paroles, comme une bénédiction, comme l'étreinte d'un ange qui vous accorde quelques secondes de sa vie. Tous mes sens -ou ce qu'il en reste- sont orientés vers Louis et sa voix tremblante, légèrement cassée. C'est comme si mes quelques secondes m'avaient été accordées, et je profite avidement de cette libération. Quelques secondes d'oubli où mon corps et mon âme ne sont plus enchaînés à mon passé.

-Je te l'ai promis Harry, je resterai avec toi. J'ai du mal à te comprendre, à comprendre ta douleur, mais je tiens à être à tes côtés pour l'affronter. Je ne veux plus faire demi-tour, mais tu dois me faire confiance et accepter mon aide. C'est la seule manière pour que tu puisse t'en sortir.