VIII

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~RED - Not Alone~

Inconsciemment, j'arrête de courir et me retourne. Je peux encore apercevoir le terrain de basket d'où je suis, mais je ne distingue que la silhouette d'Harry dans l'ombre de la nuit. Le seul bruit que j'entends provient de mon cœur qui cogne bruyamment contre ma poitrine, le monde autour s'est arrêté. Pour une raison qui m'échappe, je me retrouve à marcher de nouveau vers le terrain alors que je devrai m'enfuir, rentrer chez moi, retrouver ma famille, ma mère. C'est certainement la culpabilité d'avoir envoyé ce foutu message, ou bien cette putain d'image qui me trotte dans la tête. Celle de cette boite orange qui frappe le sol. Ces comprimés qui envahissent le bitume. Cette écriture au marqueur noir. Et le pire, c'est l'image de la tête d'Harry. La peur dans ses yeux. La haine et la souffrance à la fois. Un truc que personne n'a jamais vu chez lui. Je commence à comprendre, Harry s'est forgé une réputation qui allait avec son image. C'était un peu comme une évidence, Harry ne souffre pas, bien-sûr que non, c'est Harry Styles.

Certes, le monde a ses problèmes, j'ai mes problèmes, Harry a ses problèmes. C'est un fait, on passe tous par la case déception. On est tous un jour déçu par la vie parce qu'on se rend compte au final qu'elle n'a rien de merveilleux à nous offrir. Je voudrai croire que c'est la même chose pour Harry. Je voudrai hausser les épaules, et lui dire que c'est pareil pour tout le monde. Or je sais que c'est faux. Personne ne dort dans un cimetière à part les morts. Personne ne prend d'anti-dépresseur quand tout va bien. Personne ne traîne seul les rues en pleine nuit quand tout va bien. Je ne veux pas aider Harry. Si je pouvais lui faire payer toutes les conneries qu'il a faites je le ferais. Mais quelque chose m'empêche de partir alors qu'il est toujours sur ce terrain.

Le regard d'Harry de l'autre coté du grillage me glace sur place. Assis à même le sol, la boite orange qui paraît minuscule dans ses grandes mains, les cheveux batailles sur son front, je distingue d'ici les marques rouges qui creusent ses joues. Il replie ses genoux contre son torse sans me quitter du regard. Je me décide alors à rentrer sur le terrain mais sa voix dure me stoppe.

-Je t'ai dit de dégager.

-Depuis quand je devrais t'obéir ? je demande sans attendre de réponse alors que je rentre sur le terrain.

Je m'arrête une nouvelle fois, mais volontairement. Parce que plus je m'approche de lui plus je comprends que quelque chose ne va pas. Il est recroquevillé sur lui-même appuyé contre le grillage et cette position me fait légèrement penser à ma mère il y a quelques heures mais je chasse cette pensée avant qu'elle ne m'envahisse une nouvelle fois l'esprit. Ses boucles ondulent légèrement à cause du vent, ses épaules s'affaissent et se relèvent rapidement, son torse se soulève brusquement et le bruit sourd de sa respiration saccadée me cloue sur place.

-Vas t-en je t'ai dit, arrive t-il a murmurer entre quelques respirations. Laisse-moi.

-Ce serait de la non assistance à personne en danger, je soupire et m'accroupis à quelques centimètres de lui.

Il m'est déjà arrivé de faire quelques crises d'angoisse dans ma vie. J'ai déjà vu des personnes en faire, mais de loin. Parce que je ne suis pas le genre de personne à qui on vient demander de l'aide en premier. Je suis un spectateur, je fais partit des curieux, ce qui se font dégager parce qu'ils n'apportent rien de plus qu'un surcroit d'angoisse pour la personne déjà angoissée. Je n'ai aucune expérience avec ce genre de personne et je ne sais absolument pas comment faire pour apaiser une respiration qui n'est pas la mienne. Alors oui, j'ai essayé de raisonner ma mère qui semblait plongée dans un état de panique similaire à une crise de folie et d'angoisse à la fois, mais la seule chose dont je me rappelle c'est que ce fut désastreux.

-Je suis pas...en danger.

Son regard se pose alors sur moi et me fusille sur place.

-Dégage, répète t-il encore une fois avant de détourner ses yeux.

Follow you | Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant