Chapitre 15

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Point de vue de Lee:

Le passé ne s'efface pas.

Je le sais pour le vivre chaque jours.

On n'oublie jamais.

Pourtant, malgré mes vielles douleurs enfouies, les nombreuses personnes que j'ai vu mourir et toutes les révélations exorbitantes, j'ai eu de la chance.

Car ça aurait pu être bien pire.

Il y a toujours pire.

***

L'océan était agité ce jour-là quand je me suis rendue sur la plage. Les vagues s'écrasaient de manières irrégulières contre les rochers avec une violence inouïes alors que de menaçant nuages couvraient le ciel en cette fin de décembre.

Un homme était assis sur le sable, fixant le pacifique comme si c'était la seule chose qui existait, comme si tout le reste s'était évaporé devant l'immensité de l'océan.

-Salut, soufflai-je en m'asseyant à ses cotés.

-Salut, répondit Isaac sans détourner son regard de l'horizon.

-Alors comme ça Kylie t'a embrassé, m'exclamai-je en me souvenant de ce que Lily m'avait raconté.

Un éclat passa dans ses yeux bleus métalliques.

-Les nouvelles vont vites, se contenta-t-il de dire avant de reprendre, Alors comme ça Alan t'a quitté.

Je haussais les épaules en retenant une grimace.

-Les nouvelles vont vites, lui lançai-je en citant ses paroles.

Il étouffa un rire avant de se tourner vers moi.

-Tu sais au fond, je te connais pas vraiment, mais c'est probablement mieux pour toi. Je veux dire vous veniez pas du même monde... Il ne pouvait pas comprendre.

Je méditai sa remarque quelques instant.

-Mais moi, de quel monde je viens, hein? Je suis censé être humaine mais je semble encore avoir des pouvoirs et... Et toutes mes connaissances sont des Surnaturels, hors du commun. Tu sais, je crois que je suis un peu perdu quelques part entre ces mondes, j'attend toujours que la balance penche d'un coté ou de l'autre.

Il hocha la tête avant de reprendre sa contemplation de l'océan.

-Tu t'es attaché à Kylie, n'est-ce pas? commentai-je en empoignant du sable avant de laisser les grains retomber les uns après les autres tel un sablier.

-Ça ne sert à rien de s'attacher au gens, murmura-t-il doucement, Les gens finissent par mourir de toute façon.

-C'est ironique quand même venant de quelqu'un d'immortel.

Il plongea ses yeux dans les miens.

-Crois-moi Lee, si il y a une chose que j'ai appris dans ce monde ou dans un autre, c'est que rien n'est permanent.

Je le fixai un instant.

-Que t'es-t-il arrivé de si horrible Isaac pour que tu sois si noir, quelle est ton histoire?

-Qu'est ce qui te fait croire que j'ai une histoire? Je ne peux pas juste être méchant de base? chuchota-t-il d'une voix grave comme si lui même ne croyait pas à sa réflexion.

-Tout le monde à une histoire.

Il tourna précipitamment sa tête vers moi.

-Ecoute, Lee, mon histoire n'a rien d'un conte de fée, ça se finit mal, très mal... Dans la mort et le sang.

-Je t'assure que des horribles histoires, j'en ai entendu.

-Et moi je t'assure qu'aucune n'était comparable à la mienne, m'avertit-il sèchement alors que je hochais prudemment la tête.

-Tu es américaine mais tu dois probablement être au courant des événements survenus dans les années quarante en Europe, commença-t-il alors que j'acquiesçai.

-La deuxième guerre mondial, soufflai-je me rappelant la mort de James, médecin sur le terrain.

-Mon histoire est aucunement lié au batailles qui se sont passé ces années-là, elle se passe dans les camps de concentrations.

J'écarquillai les yeux d'horreur.

-Isaac, m'exclamai-je, C'est un prénom d'origine juive.

-Ma mère était juive, m'expliqua-t-il, Tu es probablement au courant que Gabriel et moi somme demi-frère, nous avons le même père, pas la même mère. J'ai grandis en France dans les années quarante, j'avais seize ans quand j'ai découvert l'existence de Gabriel, il vivait à Londres. C'est cette même année qu'on été créé la plupart des camps de concentration, des milliers de juifs se faisaient déporté chaque jours, c'était de plus en plus dure de se cacher. Je savais me battre et j'étais jeune et malin, je savais quoi faire pour les fuir, mais ma mère était avec moi, elle n'avait pas les mêmes capacité et elle était faible, la fuite était de plus en plus difficile. Un jour j'ai réussi à contacter Gabriel, je lui ai expliqué mon histoire, mes origines, mon identité, il ne me connaissait pas et je le connaissais pas mais je lui ai demandé une seule chose: la protéger. Je lui ai demander d'emmener ma mère à Londres et de la cacher, contre toute attente il a accepter. Gabriel est venu jusqu'en France, il n'était pas du tout l'homme que je pensais qu'il serait, il semblait déjà détruit par la vie, cependant il m'a promis de veiller sur elle au péril de sa vie. A l'évidence, il a menti. Quelques mois plus tard, j'ai été découvert par le nazis et envoyé dans un camp mais honnêtement je n'en avais pas grand chose à faire. Peu m'importait ma vie tant que celle de ma mère était sauve.

Je cru voir une larme perler au coin de ses yeux.

-Je te laisse imaginé à quel point j'ai été détruit lorsque je suis arrivé là-bas et que je l'ai vu, squelettique et à l'article de la mort, parmi les autres prisonniers.

Je laissai échapper un cri d'horreur.

-Que c'est-il passé avec Gabriel? Pourquoi... Comment... Il n'a pas...

-Non, me coupa-t-il, Il n'a pas tenu sa promesse et elle est morte dans mes bras, de faim, de soif, de maladie... Le pourquoi leur importait peu, ils ont juste... Brulé son corps avec les autres, comme si elle ne représentait rien. J'ai cru mourir ce jour-là. Plus tard, quand les alliés nous en libérer, je l'ai est retrouvé, tout ceux qui nous avait fait du mal et qui était encore en vie, et je les ai tous tué, eux et leur famille. Je n'étais pas le méchant de l'histoire, mais je n'avais plus aucune envie d'être le gentil. C'est pour ces meurtres que je suis devenu un démon, meurtre que je n'ai jamais regretté, pas une fois, pas une seconde.

Je restai silencieuse, figé d'horreur, d'effroi, devant ce garçon qui m'avait révélé son passé, son histoire, ses souffrance.

-C'est pour ça que je suis si froid, si noir, si sans-coeur, reprit-il, Je me souviendrai toujours de son regard quand elle est morte dans mes bras, de ses yeux bleus, limpide, de cette souffrance, cette douleur atroce et puis de la délivrance, enfin, comme si elle attendait ça depuis tellement longtemps. Son regard à durée une seconde mais j'ai cru y voir défiler toute une vie.

Il sembla refouler le torrent de larmes qui menaçait de l'envahir avant de replonger ses yeux dans l'immensité de l'océan.

-Le jour où je l'ai perdu, je me suis perdu. J'étais totalement est irrémédiablement brisé... Je le suis toujours.

***

Note de l'auteur:

Je vous dois des immenses excuses pour les nombreux retards accumulés ces dernier mois sur Ces yeux-la!

Cependant je peux vous annoncer que dorénavant les chapitres seront plus fréquents histoire de se replonger dans les aventures de Lee.

Un grand merci de continuer à me lire malgré tout.

Vous êtes mes héros.

Nina Quartenoud.

Ces yeux là [Tome 2 de Elle a les yeux bleus]Where stories live. Discover now