Jamais très prudente au volant, Judith avait roulé toute la durée du trajet à tombeau ouvert, si bien qu'Edilio avait franchement intérêt à avoir le coeur bien accroché. La jeune femme possédait une Ford Mustang d'une imporbable couleur jaune canari, qui, lorsqu'elle se gara sur le parking du bâtiment, ne passa pas inaperçue. Elle en descendit l'air très serein, et avec un style certain, remonta ses lunettes de soleil sur le haut de son crâne. Judith se tourna vers son passager, le défiant du regard de faire un commentaire sur sa façon très particulière de dompter la route. Puis, d'un signe de la main, elle l'invita à la suivre.
Lorsqu'elle pénétra dans le hall de l'immense bâtisse, elle fut tout de suite happée par l'activité incroyable qu'il y régnait. Malgré l'heure matinale, le QG avait tout d'une fourmillière en ébullition. Judith retira le foulard à la Audrey Hepburn qu'elle portait noué autour de ses cheveux quand elle conduisait, et le fourra dans sa malette de cuir. Puis, s'assurant qu'Ed lui emboîtait bien le pas, elle emprunta les escalier. Pour accéder à l'avant-dernier étage, celui de son service, des ascenseurs étaient bien évidemment mis à disposition. Mais la blonde tenait en horreur les espaces confinés, et d'autant plus lorsqu'ils grouillaient de monde.
Réajustant la bandoulière de son sac sur son épaule, Jiji s'élança dans les couloirs pour retrouver l'agent référent d'Ed. Elle marchait d'un pas soutenu, ses talons claquants sur le carrelage. Elle ne s'arrêta qu'une fraction de seconde pour piquer le gobelet de café d'un employé distrait qui lui tournait de dos. Deux étages plus tard, vingt centilitres de caféine engloutis, environ sept kilomètres parcourus, et autant de jurons mal étouffés, Judith reconnut enfin la voix ample et posée de Sam, qui résonnait dans les couloirs.
