Lily détestait les séances « d'entraînement » auxquelles elle était sujette. Apprendre à se défendre, certes, mais ça ne lui servirait pas à grand-chose alors que sa simple « mission » sur le terrain se limitait à « repérer les zones où le danger de mort était le plus imminent ». Ou un truc du genre. Rien de bien amusant, surtout quand on savait tout l'effort que ça lui demandait. Mais bon, elle n'avait rien trouvé de mieux pour donner un sens à sa vie, alors...
N'empêche qu'à ses yeux l'entrainement au combat était une perte de temps.
Et puis Lily préférait courir, faire du footing...ou encore défouler sa rage et frustration sur un objet...ça ça lui permettait d'évacuer toutes les toxines néfastes et toute la noirceur qu'entraînait, entre autres, l'utilisation de son « don ».
Mais non, bien sûr. Ici, on était contre la violence, même sur vulgaire objet (ce n'était pas de sa faute si elle considérait un membre du corps ciblé pour un objet), parce que « cultiver une telle atmosphère en ces lieux n'était pas une bonne chose » pour citer les mots agaçants de Sam. Non, à la place, lui avait opté pour des « séances de relaxation » obligatoires (ou 'tentative' de relaxation plutôt, oui !) qui « feraient le plus grand bien » à Lily. Enfin, c'était plutôt une punition pour le comportement de Lily que Sam avait jugé « trop instable » en ce moment, parce qu'il devait se douter que Lily détesterait avoir à s'assoir sans rien faire. Mais, elle, elle n'y était pour rien si ces lieux lui inspiraient de moins en moins confiance et qu'au moindre évènement elle se montrait agressive ces temps-ci. C'était comme ça. Quand elle était tendue, il ne fallait pas la chercher.
Et puis, elle n'aimait vraiment pas sa « professeure » (qui ne devait être qu'une des gardes mis sur la touche, à son avis). Avec elle, elle n'arrivait à rien et n'avançait pas du tout. Sa voix la déconcentrait énormément. Et elle avait cette fâcheuse tendance à casser la distance de sécurité qu'elle se faisait mentalement. Lily n'avait jamais trouvé rassurant la proximité des gens.
Ce jour-là, elle avait enfin réussi pour la première fois, à la convaincre qu'elle y arriverait mieux si elle quittait la pièce pour la laisser seule faire cet « exercice ». Celle-ci avait accepté à une condition : elle garderait un œil sur la vidéosurveillance. En gros, à condition que je ne lui fasse pas un mauvais tour, songea Lily en retenant un grommellement. Elle n'aimait pas se sentir en cage, surtout alors qu'elle avait réussi à acquérir un grade et une importance si élevés aux yeux de ses supérieurs. Mais, elle avait raison après tout, je suis plutôt douée pour faire faux bon aux gens. Elle esquissa un sourire en coin, amusée par l'ironie de ses propos. « Seulement « plutôt » doué, t'en es sûre ? », lui soufflait sa conscience.
Et c'est donc sur cette pensée que Lily s'était mise à l'œuvre.
Et elle était justement en train de tenter pour la énième fois de se détendre lorsque, prit d'un sursaut effroyable, elle ouvrit brusquement les yeux, plus écarquillés que jamais.
Une sensation de mal-être plus que désagréable s'insinua en elle.
Elle connaissait ce sentiment...
...la mort...
Il était arrivé quelque chose. Quelque chose de terrible.
Elle le sentait...et ça recommençait.
- Mince, ce n'est ni le lieu, ni le moment ! grinça-t-elle entre ses dents dans un chuchotement en songeant aux regards inquisiteurs que devaient avoir sa monitrice et les gardes sur la caméra de vidéosurveillance.
Mais c'était trop tard. La douleur s'emparait déjà de la recrue vingtenaire qu'était Lily.
Tout était brusquement froid, autour d'elle...même le tapis en mousse sur lequel elle était assise paressait gelé... Elle sentait comme un vent glacial lui traversait le corps, entrainant chez elle une respiration saccadée.
