Lily venait tout juste d'atteindre le niveau concerné qu'elle ressentit les vagues de panique et d'affolement qui régnaient en maître en ces lieux.
Elle leva les yeux au ciel.
Eh, déstressez les gens, ce n'est qu'un meurtre ! avait-elle envie de dire. Et il déjà mort, vous ne pouvez plus rien pour lui.
Elle avait tellement côtoyé la mort que ce genre de chose la rendait plus blasée qu'autre chose.
Au lieu de quoi, Lily se faisait discrète dans ce tableau de désordre grâce à sa capacité à se fondre tel un caméléon dans le décor. Elle gardait ses distance et cherchait justement le mort du regard lorsqu'elle entendit presqu'aussitôt quelqu'un l'interpeller :
- C'est vous Lily et Caitlyn ? J'ai besoin de l'une des deux...
Lily retins alors un hoquet de sarcasme, amusée de voir qu'on avait déjà besoin d'elle.
- Oui ? argua-t-elle avec un léger sourire coin.
Un comportement qui semblait totalement contraster avec ses « collègues », mais maintenant tout ça ne lui faisait ni chaud ni froid. A l'ancienne elle, peut-être, mais Lily était largement en mesure de rester totalement indifférente, voire de s'amuser dans la réaction démesurée et exagérer des autres. Les voire perdre leurs sang-froid de la sorte lui donnait encore moins envie de manifester une once d'émotions similaires à la leur.
Cependant son sourire s'effaça aussitôt qu'elle eut pénétré dans la pièce où Jiji et d'autres l'attendaient. Ici, l'atmosphère avait changé du tout au tout... Elle sentait une puissance Odeur prononcée de culpabilité dans l'air...
Elle ralentit alors le pas, méfiante, avant de lever les yeux vers la personne à l'origine de tout ça. Le meurtrier se trouverait-il dans cette pièce ? Elle croisa alors le regard affolé d'un grand jeune homme aux yeux bleu-gris et aux cheveux châtains clairs. Elle avait déjà vaguement entendu parler de lui...un certain...
- ...Jérémiah, c'est ça ?
Mais Lily n'attendit pas sa réponse, à vrai dire, celle-ci l'importait peu. Il aurait tout aussi bien s'appeler Gertrude, cela n'aurait rien changé à l'attitude anormale qu'il adoptait. Elle entreprit alors de le sonder du regard, tout en s'avançant doucement vers lui pour l'étudier.
Hum...elle ne sentait pas quelque chose de « morbide » ou « meurtrier » autour de lui...elle sentait du froid, certes, du froid comme la mort...
Elle frissonna à cette idée.
...mais il y avait bien plus...quelque chose de trop fébrile pour pouvoir le qualifier comme étant le « meurtrier »... Non, derrière son langage corporel, se cachait surtout une certaine maladresse, de fines mimiques presque imperceptibles traduisant une volonté de cacher quelque chose...quelque chose qu'il tenait surtout à cacher à ses supérieurs à en croire ses brefs regards apeurés vers Judith...
Puis soudain, la réponse s'afficha clairement dans son esprit et cette fois elle ne put retenir le rire sarcastique qui s'était épris d'elle. Mais bien sûr !
Les autres devaient sûrement la regarder comme une folle aussi elle se reprit, non sans un regard pétillant d'amusement.
- Oh, je vois...tu as fait quelque chose d'illicite, toi ! railla-t-elle à l'intention du jeune homme devant elle.
Puis elle se tourna vers les individus aux alentours, et n'y alla pas par quatre chemins :
- Cet individu vous fait perdre votre temps. Fouillez ses poches, vous serez vite fixés !
Puis elle ajouta, l'air de rien, quoique d'une voix un tantinet menaçante :
- Ah ! et : vous devriez un peu plus vous méfier du petit Cal à l'avenir !
Et c'est sur cette réplique qu'elle tourna le dos aux gens de la pièce pour se diriger vers la sortie.
- Bon je ne sais pas vous, mais on a un meurtre à élucider. Il faut que je voie le corps. Qui sait ? Je peux peut-être vous être utile ?
Son ton c'était plus fait ironique qu'autre chose. Mais c'était ainsi, Lily avait plus un don pour agacer les gens qu'autre chose. Et elle préférait ça. Comme, ils lui ficheraient la paix et ne l'embêteraient pas avec leur sentimentalisme ridicule. A ses yeux, la vie était cruelle. Et il était inutile de feindre le contraire en enjôlant les relations entre les individus.
Puis elle quitta définitivement la pièce, son sourire en coin toujours en place.
Mais ce qu'elle ne dit pas, c'est que si elle avait senti ce froid mortel autour de ce Jérémiah sans que ce soit le tueur...ça voulait dire qu'il n'en avait plus pour très longtemps.
