Chapitre 1

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Il était bien jeune quand il quitta famille, amis et foyer.
Il ne cherchait point gloire et fortune.
Il court à la poursuite du vent disaient les uns.

Il recherche la vérité disaient les autres.

Mais cette soif de connaissance et de découvertes ne rendit pas sa vie facile. Sur son chemin, il fut dépouillé, frappé, laissé pour mort. Mais il se relevait toujours pour reprendre la route.

Jamais personne n'eut à se plaindre de lui. Homme d'honneur il était et sa parole trop facilement il donnait. Il combattit souvent monstres et créatures oubliés des hommes. Mais même lorsque son heure avait sonné il trouvait un moyen de les tuer.

Nul ne connaissait le nom et l'histoire de cet individu, alors Le Voyageur il fut nommé. De nombreux jeunes suivirent son exemple et devinrent les meilleurs des aventuriers.Mais un jour, Le Voyageur disparut. Où était-il allé? Qu'était-il devenu? Personne n'aurait pu le dire. Mais malgré toutes ses précédentes épopées, c'est le jour de sa disparition que commença sa vie d'aventurier.

Jour 5486, journal de bord, paragraphe du matin.

Aujourd'hui, je pars pour les ruines au nord-est de Gjunlur. Elles n'ont jamais été explorées mais beaucoup pensent qu'elles cachent un grand mystère. J'espère vraiment que la route sera praticable, mes provisions ne tiendront pas pour un long voyage.

Je pose ma plume et range mon nécessaire d'écriture. Je jette un oeil par la fenêtre. Le temps est clair, aucun nuage à l'horizon et les vents restent calmes. Mes sacs sont prêts, il est temps de partir.

Si vous repassez à Gjunlur aujourd'hui et demandez vers où ce jeune homme est-il parti, personne ne vous répondra, car personne ne l'a vu s'en aller. Nulle magie là-dedans, juste des préoccupations plus importantes que le départ d'un vagabond. Alors, même si personne ne le vit partir, il ne fait aucun doute que ce fut le dernier lieu où il fut aperçut en ce monde.

Il fait bon, la route reste praticable bien que pentue et recouverte de cailloux. Mais cela ne me dérange pas,je continue ma marche. J'entraperçois les ruines situées au sommet de la première montagne. Mes années de voyages me disent que je ne trouverais rien d'intéressants dedans mais mon instinct de voyageur me hurle qu'il faut quand même m'y rendre. Je privilégie toujours mes intuitions et amorce donc l'ascension. Ma progression est lente,les rochers sont instables et chaque prise est potentiellement dangereuse. De plus, la concentration de créatures de la région me force à rester sur mes gardes. J'entends de nombreux hurlements dans la vallée qui me rassurent. La horde verte a déjà trouvé un repas, ils ne viendront pas. 

Il grimpait avec assurance le flanc de la montagne. Lorsqu'il posa le pied sur la plateforme, il lui fallut un moment avant de voir le grand édifice. Ces ruines étaient grandes et, curieusement, les battants des portes de pierre en parfait état. Il entra sans hésitation, il savait ce qu'il faisait. Le hall était vide, les murs lisses, sans gravures. Le silence régnait en maître. Il continua de s'avancer tout en préparant une torches et une craie. Méthodiquement, il marqua cette salle aux endroits stratégiques et repéra trois portes, toutes fermées mais pas verrouillées. 

Des portes, un hall vide, décevant mais encourageant. Les ruines de Salknya m'ont habitués à mieux. Néanmoins il faut garder à l'esprit que l'on ne trouve pas tout dans la première pièce.  Je marque la première porte et l'ouvre. L'opération est difficile, le lourd battant de pierres'opposant à mes maigres muscles. Cmortil se moquerait si il était là, mais cette affaire dans le Sud l'en empêche. Le battant est suffisamment ouvert et le restera. Je note la description du hall dans mon carnet, allume ma torche et entre dans ce qui semble être un couloir.

Avant lui, personne n'était jamais entré dans ces ruines. Mais qui les avaient construites alors? Nul ne le sait, mais une chose était sûre: les ruines réparties partout sur ce monde venaient d'ailleurs. D'où? D'ailleurs. C'est tout ce que les plus brillants intellectuels avaient trouvés à dire lorsque les explorateurs leur avaient fournis les premières descriptions de ces lieux. Cette ruine était pourtant particulière. Pas de gravures, une grande sobriété mais les pierres ciselées de telle manière qu'on jurerait que jamais rien ne les a altérés. C'est aussi ce que pensa le voyageur tandis qu'il progressait. Il marquait chaque tournant, croisement ou couloir. Mais une chose l'interpella.Alors que le silence seul lui tenait compagnie voila qu'un bourdonnement se fit entendre. Il ne venait pas d'un étage inférieur, ni d'une direction en particulier. Ce bourdonnement était omniprésent. Il disparaissait quand on cessait d'y penser mais restait assez fort pour que le fil de nos pensées disparaisse dès qu'on lui accordait un peu d'attention. Mais le Voyageur était habitué. Les phénomènes étranges, c'était son domaine d'expertise, il continuait donc sa progression, jusqu'à la salle.

Elle était exiguë, à peine assez de place pour s'y tenir debout seul. Cette pièce, ou plutôt cette loge, était la seule pièce disposant de décorations murales. Cela ressemblait à une carte, des objets ronds sur lesquelles se trouvaient des espèces de cristaux. Mais au centre de tout cela, un immense cristal flottant. Il était étrange, comme gravé et réel à la fois. C'était sans doute un trompe l'oeil, mais pas question de prendre de risque en le touchant. Je me suis attardé un long moment dans cette pièce en recopiant toutes ces gravures. Mais j'ai repensé au temps qu'il me restait avant la nuit, une dizaine d'heures, pas assez pour que je m'attarde dans une seule pièce, j'ai encore beaucoup à explorer. Je reprends donc le chemin inverse afin de revenir au hall, cette branche des ruines ne contient pas grand chose d'autre et restait deux porte. Tandis que je suis mes marques, je commence à me sentir mal. Pas de douleur ni de nausée, juste un profond sentiment de ne pas être à ma place ici. J'aperçois la sortie et attribue ce malaise au manque d'air frais. 

Lorsqu'il sorti des ruines, il n'en crut pas ses yeux. Un désert s'étendait à perte de vue. Pourtant il n'était pas fait mention de quelque désert que ce soit à moins de dizaines de jours de voyages des ruines. Il n'y avait aucune explication logique à ce phénomène. Il fit  immédiatement demi-tour et examina les ruines. Elles étaient exactement comme lors de sa première entrée, comme si elles restaient immuable et le reste changeait autours d'elles.  Il ressortit une fois encore, le désert était toujours la et semblaient s'animer au gré du vent. Bien qu'il aurait préféré ne pas y croire, Le Voyageur dut se rendre à l'évidence: c'était bien réel.

Le VoyageurWhere stories live. Discover now