Alice, la sorcière revenante [Correction et Réécriture]

Le garçon mystérieux (Premier jour de cours)

Alice se réveilla en un saut duquel son excitation s'échappa presque. Elle regarda autour d'elle, inspectant la lumière blanche qui éclairait la pièce, puis passa devant le grand miroir qui reflétait son image. Un sourire se dessinait clairement sur son visage, elle ne l'avait presque pas sentie jusqu'à maintenant et venait de s'en rendre compte. Aujourd'hui, elle se sentait portée par une énergie remarquable de par sa force et sa ténacité. Toute excitée, elle se rua dans la salle de bain, poussant son frère des coudes pour y accéder.

"Alice, tu sais qu'on t'aime et qu'on sait que c'est ton premier jour, mais ma grande, tu veux pas te dépêcher ?"

Alice ria et tira la langue, même si son frère ne pouvait pas la voir. Elle était entrain d'enfiler une robe courte mais volumineuse, violette. Elle regarda dans le miroir. Ses cheveux bouclés et noirs tombaient sur ses épaules en vagues. Elle ne se le cachait pas : ceux-ci étaient un détail qu'elle appréciait chez elle. Il n'y avait de toute façon aucun mal à parfois apprécier les atouts de notre corps et notre âme, intérieurs et extérieurs.

Après s'être habillée, elle sortit de la douche, un sourire fier sur le visage. Elle fit un clin d'œil à son frère qui boudait en attendant. Il la regarda avec désappointement et lui attrapa le menton de sa grosse main.  

"Tu sais, tu devrais avoir un peu moins confiance en toi, ma grande. dit-il avec le sourire."

Alice poussa soudain son frère et courut dans les escaliers. Il se trouve qu'elle avait réellement été trop longue. Désormais, elle était presque en retard. Elle attrapa son sac au pied des escaliers et se hâta dans la cuisine qui était non loin de là.

Elle prit un verre de lait puis enchaîna comme une petite championne avec la coupe d'une baguette et l'étalement de la confiture. Rapidement, elle prit une grande bouchée de son met et après avoir enfilé des bottines de ses pieds, elle claqua la porte en manquant de se vautrer à cause des marches qui surélevaient sa maison. Elle ne prit pas la peine de fermer à clefs et s'aperçut rapidement que le bus venait de la dépasser. Elle regarda les fenêtres et les visages boutonneux avant de se rendre compte de son erreur. Rapidement, elle s'engagea, quitte à se faire une place parmi les passants, pour arriver en temps et en heure face pour emprunter son véhicule.

Lorsqu'elle arriva enfin au bus, le chauffeur lui fit signe de se dépêcher. Elle se hâta à l'intérieur avant de se laisser tomber sur les marches. Elle respirait à pleine haleine et était essoufflée.

Une fille de son âge s'approcha d'elle en rigolant.

"Oh bah ça alors, toi tu vas pas finir dernière au cent mètres ! s'esclaffa-t-elle en tendant sa main à la brune."

Alice observa quelques secondes la métisse. Elle était sans aucun doute très jolie, ses cheveux tirés en un chignon sévère mais un sourire qui disait tout l'inverse sur elle. Elle attrapa sa main et s'en aida pour se relever.

"Enchantée, je suis Alice. dit-elle.

-Je suis Éva. déclara-t-elle à son tour."

Les deux adolescentes s'adossèrent aux vitres du bus, et Alice remarqua alors le regard insistant et froid d'un garçon dans le fond. Quand Éva remarqua à son tour ce qu'il se tramait, elle chuchota, comme si elle parlait d'un interdit :

"Fais pas attention à lui. T'étais pas là l'année dernière, il apprécie pas trop les nouvelles. Et paradoxalement, toutes les nouvelles en question l'adorent. Elles raffolent toutes de son petit côté ténébreux, m'enfin...

-Moi personnellement, je trouve plutôt ça ridicule."

Quand Alice dit ça, Éva ricana doucement et la brune se rendit compte que le garçon l'écoutait. La brune avait vécu aux alentours de quatorze ans une relation avec un adolescent dans le genre du ténébreux. Elle avait alors un jugement sur lui.

Elle croisa alors les bras et respira un grand coup. Il était très gênant, son regard.

"Il est dans notre lycée ? demanda-t-elle en tournant la tête.

-Bien sur qu'il y est ! répondit alors Éva"

La jeune brune ne savait pas quoi en penser, il lui suffirait d'éviter la présence du garçon. Le bus s'arrêta brusquement, et les étudiants le quittèrent dans un brouhaha assourdissant. Alice examina rapidement la carrosserie de son véhicule. Il n'avait rien de moderne, il était griffé et elle voyait très bien sa mère utiliser ce genre de véhicule dans sa jeunesse pour aller en cours. Un vieux bus en somme.

Alice sortit du bus et observa rapidement le parking qu'elle devait traverser. Les adolescents les plus fortunés avaient garés leurs voitures et certains fumaient en groupe. Quand vint son tour de traverser l'arène, la brune se hâta aux côtés de sa nouvelle alliée et noya son regard dans le sien tout en blaguant inutilement. Comment, sinon, aurait-elle pu éviter les regards curieux qui se promenaient sans gêne sur son corps qui était tendu. 

Elle attrapa son sac et en tira son carnet qui lui avait été envoyé pendant les vacances scolaires. Elle n'était en effet pas une étudiante comme les autres, et recevait une aide particulière pour s'adapter aux cours au lycée. 

Elle poussa la porte et sans vraiment regarder où elle aller, elle se sentit percuter un objet droit et menaçant. Manquant de tomber, elle fut rattrapée par Éva qui souffla doucement :

"Oh non..."

Alice releva alors la tête et croisa le regard dur de la directrice de l'établissement. Elle l'avait déjà rencontrée auparavant et en avait toujours aussi peur.

"Vous êtes toujours aussi maladroite, Alice. déclara-t-elle en rehaussant ses lunettes, un air grave sur le visage. Mlle Hilton, j'apprécierai de pouvoir m'entretenir seule avec votre nouvelle camarade un instant. De plus, je ne pense pas que vous soyez de bonne compagnie et que vous puissiez m'assurer que vous n'entraînerez pas l'adolescente dans vos travers."

Éva baissa la tête et s'en alla rapidement. La directrice reporta alors son attention sur la petite brune qui semblait vouloir disparaître à présent.

"Alice, je suis Mme Gualterio. Vous devez sûrement vous rappeler de moi, j'ai longuement discuté avec votre mère il y a quinze jours. Ne vous en faîtes pas, le même sort ne vous est pas destiné. Je viens simplement vous prévenir qu'il est urgent que vous trouviez un binôme pour vous intégrer. Et vous êtes prévenue, Éva n'est pas apte à exercer cette responsabilité. Je vous ais mis par défaut avec Julian Parkson. Il sera votre binôme jusqu'à ce que vous en trouviez un autre."

Alice opina, alors qu'elle détaillait le hall de son nouveau lycée. Les murs étaient presque tous constitués de verre et de gros piliers se dressaient pour supporter le sol qui écrasait la pièce quelques mètres au dessus de la tête de l'adolescente. Quand enfin elle revint à la réalité, elle fut surprise de voir le garçon du bus sous ses yeux. Elle haussa les sourcils et il comprit devoir lui expliquer.

"La directrice est partie il y a une minute environ. Je suis Julian. déclara-t-il en caressant sa barbe de quelques jours."

Alice déglutit. Comme binôme, elle devait se coltiner celui qui lui rappelait le plus son ex. Elle croisa les bras et le défia du regard. Il plissa les yeux en comprenant ce qu'elle tentait de faire.

"Il y a un problème ? demanda-t-il.

-Eh bien, en fait- commença-t-elle.

-Tu sais quoi, je m'en fiche. déclara-t-il en baissant les yeux, comme-ci la réalité l'avait rattrapé."

Alice s'étonna de ce changement de comportement. C'était comme-ci le brun s'était refermé sur lui-même, comme-ci il se contrôlait.

Histoire à suivre, pensa-t-elle.