Chapitre 1 : Paris, 1932.

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Un air d'éternel recommencement : les grèves, les sans-logis, les manifestations, la circulation automobile, le réaménagement des Champs-Élysées, les démolitions aveugles

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Un air d'éternel recommencement : les grèves, les sans-logis, les manifestations, la circulation automobile, le réaménagement des Champs-Élysées, les démolitions aveugles... C'était, il y a plus de quatre-vingts ans.

Dans la presse populaire, les journaux tels que La Liberté, l'Intransigeant, le Petit Journal ou Paris-Soir, allaient tirer des millions d'exemplaires étalant à l'encre noire la crise du pays. L'invention du bélinographe, ­un aïeul du fax, ­introduit une révolution dans la presse quotidienne et permet de faire la part belle à l'image. Les journalistes terminaient leur journée de travail après avoir bouclé l'exemplaire qui sera publié le lendemain. Leurs doigts étaient usés par les touches des machines à écrire et le bruit assourdissant des déplacements de chariots. Les employés marchaient d'une façon pressée sur le pavé parisien, enneigé par cette nuit de début décembre. Vêtue de longs manteaux gris ou noirs et de chapeau, camouflant une part des visages moustachus des hommes.

Dans les quartiers aux alentours de Montmartre, les musiques et les chants des ouvriers résonnaient entre les quatre murs des bars. La classe ouvrière buvait, trinquait et riait pour pouvoir oublier leur maigre paye et les tensions avec les patronats. L'air de « Félicie aussi » de Fernandel retentissait, donnant une atmosphère de bon vivant autour des filles de joie. L'alcool s'écoulait sur les meubles en bois vintage des brasseries parisiennes. Le boulevard de Clichy était illuminé par les cabarets, le Moulin Rouge surplombant fièrement les alentours. Sa renommée attisait l'envie et la jalousie ; autant des hommes qui venaient satisfaire leur plaisir que les jeunes femmes remplies de rêve de faire partie du légendaire carrousel de French cancan.

Alice Lorentz ne faisait pas exception à la règle. L'adolescente accourait dans les rues à grande enjambée. Ses talons claquaient sur les pavés. Ses longs cheveux blonds, qui lui arrivaient en dessous des fesses, virevoltaient dans son dos. Elle portait une robe qui tomber jusqu'au milieu de ses mollets, de couleur marron. Son col en dentelle blanche soulignait son cou et les coutures agrémentées de blanc donné un air plus travaillé à sa tenue. Un nœud nouait sa taille de guêpe. Ses manches mi-longues ne la réchauffaient pas tant dans sa course. Un béret rayé de différentes nuances de couleur terre retient quelques mèches rebelles. Elle resserra son châle en fourrure blanche autour de ses épaules, seule trace de sa bonne condition.

Oui, la jeune fille vivait dans un foyer aisé. Sa mère était française et son père allemand. Grâce à cette double culture, sa famille était venue vivre dans la capitale du romantisme pour fuir les bombardements durant la Première Guerre mondiale. La blondinette âgée de 2 ans avait un vague souvenir de la découverte de sa famille du côté de sa mère. Cependant, la tragédie a voulu que leur course contre l'austérité s'arrêtât de bonne heure. Désormais orpheline, elle fut recueillie par sa tutrice, Dame Gothel Dinckel, une collègue et amie de ses parents décédés. Alice lui devait sa condition bourgeoise. Elle avait appris à apprécier cette figure austère qui lui sert d'uniques familles, bien que Dame Gothel avait un caractère imbu de sa personne et ses idéologies politiques étaient tournés vers l'extrémisme de droite. Elle n'avait rien en commun avec la belle Alice, naïve et joviale, prête à venir en aide autour d'elle. La jeune fille se rapprochait de l'immense figure du Moulin rouge qui illumina son regard émeraude.

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