Chapitre 47: Libération et réalisation

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25 Août 1944

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25 Août 1944.

L'allée des Champs-Élysées s'était métamorphosée en une immense haie d'honneur. Des sourires et des rires aiguisaient les visages des habitants. Des applaudissements s'entendaient jusque dans les arrondissements voisins, prenant le dessus sur le bruit des moteurs des véhicules alliés. Des pancartes étaient brandies dans les airs. Message de reconnaissance, de bienveillance et d'encouragement. Paris était libre, mais d'autres régions et pays plus à l'Est n'avaient pas encore cette chance. Le Führer était toujours en vie, laissant planer sa menace sur l'Europe.

Mais à cet instant, personne ne voulait y songer. Les forces armées et résistantes se mêlaient à la foule dans une accolade collective. Les Français pouvaient en fin mettre un visage sur leurs sauveurs et celui qui leur a donné la force de continuer à se battre. En héros incontesté, De Gaulle saluait la foule qui l'acclame. Bien que peu habitué à tant d'éloges, il se prêta au jeu. Sans savoir que cela lui ouvrira les portes de la première présidence de la 5e République française.

Parmi les Parisiens, l'ancien chef de la résistance toulousaine tenta de se frayer un passage, tout en tirant par la main sa jolie rousse. Cette dernière tenta de réprimer son mécontentement. Cependant, Marie avait si peur de se perdre qu'elle préféra resserrer sa prise sur sa main tout en entrelaçant leurs doigts. Harold fut surpris par ce geste, mais ne prononça pas un mot. Préférant laisser son cœur se gonfler dans sa poitrine. Il ne pouvait être plus heureux. Maintenant qu'ils étaient de retour dans leur bonne vieille ville lumière, ils allaient pouvoir reprendre une existence plus proche de la normalité.

Après quelques slaloms entre la population, ils arrivent en face des grands panneaux d'affichage; où figurer les noms des pertes connus jusqu'à ce jour. Des photos et annonces de portée disparue avaient élu domicile tout autour. Des bougies et fleurs s'étaient déposées au sol. Le cœur lourd, Marie voulut faire demi-tour. Pourtant, elle se devait d'être sûre. S'il y avait une chance, même infime, que sa famille soit encore en vie, elle devait en avoir la certitude.

Elle prit une grande inspiration pour ravaler la boule qui s'est formée dans sa gorge. Ses doigts tremblants passèrent nom après nom. Elle fit une lecture en diagonale jusqu'à arriver à la lettre « A ». Ses larmes menacèrent de couler au coin de ses yeux. Elle avait d'abord vu le nom de son ex-mari. Déporté au Struthof, il n'avait à peine tenu quelques mois d'après la date du décès. Il la laissait veuve alors qu'elle avait à peine commencé à l'aimer. Il avait donné sa vie pour sauver la sienne.

Marie prit une nouvelle grande inspiration afin de se donner du courage. Elle ravala ses larmes pour poursuivre sa lecture jusqu'à la lettre « D ». Puis, elle éclata en sanglots. Sans ni un mot ni une explication, Harold comprit. La rouquine resta là, le front coller contre le tableau d'affichage. Elle laissait dévaler toute sa tristesse. Mais d'autres femmes, enfants, parents, frère ou sœur voulaient consulter ses papiers porteurs de souffrance.

Il la prit par le bras pour la forcer à se retourner et s'éloigner afin de diminuer les paroles désobligeantes autour d'eux. Marie n'avait pas à subir ça en prime. Elle se laissa guider sans protester, complètement anéantie. Il lui ouvrit les bras pour la glisser entre eux. Il lui caressa les cheveux tout en jetant un coup d'œil par-dessus les autres personnes présentes. De par sa grandeur, il put rapidement lire les noms à la lettre « N ». Il lâcha un soupir discret de soulagement en ne voyant pas le nom de son ami Jakob. Depuis qu'Odette et Astrid lui avaient rapporté la triste nouvelle, il n'avait pas eu de cesse de penser à son vieil ami islandais. Il comprenait le désarroi d'Elizabeth sans l'avoir revue. Jack' était un garçon solide et courageux. Il n'aurait pas pu disparaître ainsi sans raison. Il en était convaincu.

La Force de t'aimerWhere stories live. Discover now