Chapitre 6 : jeunesse déçue

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Un petit orphelin, blondinet, voulut se faire discret

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Un petit orphelin, blondinet, voulut se faire discret. Il regarda à droite, puis à gauche, avant d'enjamber la fenêtre. Lorsque ses pieds touchèrent le parquet du dortoir. Il fut soulagé que le grincement n'ait interpellé personne. Surtout, leur surveillante, Yvonne Ursule, une vieille femme aigrie aux cheveux grisonnants courts et bouclés avec un certain surpoids, boudinait dans un complet violet. Son regard donnait la chair de poule à tous les enfants. Elle prenait un malin plaisir à user de la règle pour les punir de plusieurs coups sur leurs doigts, telle la souplesse de tentacule. Rien que d'y penser, Christophe eut des frissons de frayeur.

Il fuyait ses futiles réflexions en approchant de son lit. Il prit place sur le matelas et sortit habilement quelque chose de sous son oreiller. Il prit délicatement la chaîne d'un médaillon en argent. Il caressa du bout des doigts les cristaux nuancés de bleus dont la forme du flocon de neige était recouverte. Un soupire lui échappa, perdus dans ses plus beaux souvenirs d'enfant. Il se rappela de l'instant où Anne lui a confié ce bijou, venant de ses parents. L'unique objet de valeur, qu'elle voulait qu'il protège, met en sécurité des dangers de la rue.

Cela faisait deux semaines qu'il n'avait plus aucune nouvelle d'elles. Un matin, alors qu'il se rendait à leur rencontre, il n'avait trouvé personne dans le corps de ferme qu'elles habitaient quotidiennement. Elles avaient disparu. Elles s'étaient volatilisées d'un simple claquement de doigts. Pourtant, il tentait toujours de les trouver, les cherchant même dans les plus sombres ruelles. Mais rien. Aucune trace des sœurs Darendelle. Christophe soignait sa peine en espérant les revoir à l'instant où il s'y attendrait le moins. Cependant, il ne put s'empêcher de s'interroger. Où étaient-elles passées ? Étaient-elles en bonne santé ? Quelqu'un, leur auraient-elles fait du mal ? Mille et un scénarios se formaient dans sa tête, mélangée à l'insouciance de son enfance. Un grincement de porte le sortit de ses songes. Il rangea précipitamment le bijou dans une de ses poches avant de lever ses yeux vers l'intrus. Il respira fortement, sans se rendre compte qu'il avait cessé ce geste, si instinctif, pendant quelques secondes.

Il était soulagé que ce ne soit que son ami, Peter. Orphelin comme lui, le rouquin était espiègle, naïf et très loin des responsabilités de la vie d'adulte. Il n'appréciait pas ces grandes personnes qui veulent à tout prix dicter sa conduite. Lui, il était parfaitement bien dans sa vie enfantine. Il le faisait bien comprendre en faisant les quatre cents coups avec sa bande d'amis qui le suivait partout. Christophe était content de l'avoir parmi ses amis, plutôt que parmi ses ennemis. Quelquefois, ils effectuaient leur fugue ensemble. Bien que Peter ne comprenait pas son attachement aux sœurs Darendelle, notamment Anne. Le blondinet descendit de son lit pour rejoindre son ami qui s'approcha de lui de manière nonchalante, les mains dans les poches de sa veste couleur verte émeraude. Son expression dure commença à l'inquiéter.

- Tu as perdu ton sourire Pet' ? plaisanta-t-il.

- Je viens de la part de M'dame Ursule. Elle te demande.

La Force de t'aimerWhere stories live. Discover now