Chapitre 10 : « Poussin de maïs »

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- Donc c'est ton père le coupable de tout ce drame, résume Mirajane, un peu étonnée, tout en buvant son Coca.

Les bruits de la cafétéria s'accentuent à cause des élèves sauvages qui profitent de la récréation pour se jeter sur les pâtisseries. Je croque dans mon pain au chocolat (ou chocolatine, ne soyons pas discriminatoires envers les faibles) avec un sourire, fière d'avoir été la première à sortir de la classe en courant pour en avoir le plus chaud. Non, moi, je ne suis pas sauvage.

- Ce n'est pas un drame, Mira, dit Levy en levant les yeux au ciel.

- Si. Comment est-elle sensée savoir s'il a de l'affection pour elle s'il évite de lui montrer de l'affection ?

- C'est vrai..., je complète distraitement, écoutant à moitié.

Levy ouvre grand la bouche et les yeux sous l'étonnement, n'arrivant pas à y croire. Puis elle jette un coup d'oeil furtif autour d'elle, avant de se reconcentrer sur nous. Ah oui, cela fait déjà plusieurs semaines qu'elle essaie de me convaincre que quelqu'un l'espionne. J'espère que sa folie est temporaire.

- Vous voyez vraiment la situation du mauvais angle, déclare-t-elle. Au contraire, ton père est d'une grande aide. Si Natsu reste avec toi malgré le fait qu'il n'a pas le droit de faire... euh... des choses avec toi, cela signifie qu'il ne s'intéresse pas qu'à... cette chose..., dit-elle, un peu gênée, avant de reprendre rapidement. C'est donc justement sa véritable preuve d'amour pour toi. Plus il t'aime, plus il se retient, et vice versa.

Mira et moi la fixons sans rien dire, pas très convaincues. Levy fait la moue et se tourne vers la blanche :

- C'est en partie à cause de toi qu'elle est devenue aussi pessimiste dans sa relation !

- Quoi ? Moi ? Répond Mira innocemment.

Je les interrompts avec ma main, en crachant au passage un bout de pain au chocolat sur la table. Personne n'a remarqué. Je mets un mouchoir dessus discrètement. Ni vu, ni connu.

- Non, elle n'y est pour rien. Je suis une patate depuis ma naissance. Sur toutes mes photos, j'ai l'air d'une droguée. Même mes soeurs me disent que je suis moche. Alors...

Soudain, Levy se lève de sa chaise :

- Arrête ça ! Tu ne te rends pas compte à quel point tu me fais complexer en répétant des choses aussi absurdes ! Tu es jolie, tu as des formes, moi je n'en ai pas. Je suis sous forme de A, sous forme de poire, j'ai l'anatomie d'une fourmi, et pourtant est-ce que je me plains ? Non ! Toi, tu devrais te plaindre encore moins !

Sous le coup de la colère et de ses cris, elle devient toute rouge, la rendant impossible à prendre au sérieux.

- Je comprends pourquoi tu te sens inférieure, reprend-elle. C'est en partie ta famille : vous vous dites rarement des mots affectueux et encore moins des compliments. Et pourtant vous devriez. Si ma mère ne me répétait pas tous les jours à quel point je suis jolie, j'aurais été peu confiante aussi, c'est vrai. Donc c'est l'affection de tes parents qu'il te manque, je le sais, mais ce n'est pas pour autant que tu dois te sous-estimer. Tu as des amis. Tu as un copain. Je suis là, moi, et je te valorise. Pourquoi ça ne te suffit pas ? Pourquoi es-tu toujours en train de te moquer de toi-même ? Si quelqu'un te dit que tu n'es pas attirante, je pense que cette personne parle surtout de ta façon de t'habiller ou de tes cheveux mal brossés. Naturellement, tu es belle. Voilà, c'est tout pour moi.

Elle se rasseoit sur sa chaise, met ses écouteurs dans ses oreilles, et ouvre un livre, ne me laissant pas répondre. Cela veut dire que la conversation est close. J'ai réussi à énerver la douce et gentille Levy ?

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