Chapitre 1

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"La finesse qui réussit toujours est peut-être la plus grande de toutes les forces."

Honoré de Balzac ; Les Marana ~1834

Clae était partie en mission, sous un recommandé de son supérieur, sur les terres des vampires du nord-est. Elle devait trouver des postes avancés intéressants à prendre pour une quelconque attaque afin de s'emparer des villes au fur et à mesure.

Son supérieur Arlea, la femme la plus influente au sein de l'activité de guerre juste après la chef de guerre Tiunay, l'avait envoyée seule. Elle n'aimait recevoir des ordres de la part de ses supérieurs, mais que pouvait-elle faire ? Sa mère lui disait souvent qu'elle était têtue, du moins quand elle était là. Après avoir discuté, enfin, après s'être battu plus d'une heure avant d'être mise à terre par Arlea, elle finit par accepter sa mission, de toutes façons elle n'avait pas le choix car cette dernière l'avait menacé qu'elle lui administrerait la charge d'une novice si elle n'acceptait pas. Hors, Clae détestait partir en mission et se battre avec quelqu'un.

Elle traversa à cheval un champ de blé puis arriva enfin dans un village proche de la grande ville. Tout y était prospère et coloré, du moins les rares choses qu'elle voyait de ce village, tout ce qu'elle détestait.

Elle fronça légèrement les sourcils puis continua son chemin vers une boutique de vêtements délabrée. Elle devait acheter une tenue locale pour ne pas se faire remarquer avec sa combinaison de cuir noir et sa longue cape de jais. Elle descendit de son cheval Rebor, un Frison* d'un mètre soixante, dont la robe était toute aussi noire que les vêtements de sa maîtresse, et l'attacha par la bride à une poutre prévu à cet effet devant les bâtiments. Elle regarda son cheval avant d'entrer dans la friperie.

La porte qu'elle poussa grinça bruyamment, elle serra les dents en soupirant puis s'avança vers le comptoir en bois qui trônait au milieu de la pièce. La pièce n'était pas débordante de choses, au contraire, il y avait trop peu de choses. Le comptoir collé au mur sur le côté gauche, une longue étagère sur le mur derrière le comptoir, un rideau cachant sûrement une porte... Elle n'eût pas le temps de regarder plus se disant qu'elle avait déjà trop traîné dans cette boutique. Elle tapa du poing sur le comptoir pour signaler sa présence. Tous ses gestes n'étaient pas menaçant, chacun d'eux était fait avec élégance et précision. 

Ce qu'elle supposa être le vendeur sortit du rideau et s'approcha doucement en regardant le visage dissimulé par une capuche de la jeune fille. Elle s'empressa de laisser tomber sa capuche sur ses épaules afin de dévoiler son visage albâtre strié de cicatrices plus profondes les unes que les autres. Ses longs cheveux de sang ondulant librement sur son dos avec seulement quelques mèches tressées pour les retenir en arrière. Elle finit par poser ses yeux cendrés sur l'homme qui lui faisait face et prononça quelque mots pour lui expliquer ce qu'elle voulait. Il s'empressa de disparaître derrière le rideau après quelques "Bien sûr" et "Avec plaisir". Son regard se posa sur le miroir vénitien à côté du comptoir. Une ombre à peine visible sur le sol lui fit remarquer qu'un homme était derrière elle. Elle détourna le regard du miroir et regarda le vendeur revenir avec une robe cendré simple et une longue cape bordeaux assez élégante. Elle sortit sa bourse et paya l'homme.

- Tiens tiens... Mais qu'avons-nous là ?

La personne présente dans son dos avait parlé d'une voix froide et sans nuances. Clae décida de simplement l'ignorer. Elle remercia le vendeur, le gratifiant même d'un semblant de sourire. Elle se tourna et mit les affaires dans sa besace noire elle aussi. Quelques pas résonnèrent à travers la pièce. L'homme était derrière elle.

-Qu'est-ce qu'une étrangère vient faire par ici ? Même dans cette tenue tu ne gambaderas pas longtemps sans être repérée.

Ainsi derrière elle, il lui était impossible de sortir. Elle ne réagit pas devant le sourire taquin de son interlocuteur et posa une main sur l'épaule droite de ce dernier avant de plonger son regard clair et dur comme le diamant sur la porte.

- Que viens-tu faire ici ?

- Écarte toi je sors.

A ses mots elle pressa légèrement sa main sur l'épaule de l'homme en le poussant sur le côté sans la moindre gêne. Elle se décala du côté opposé et marcha vers la porte sans se soucier du regard de ce nouvel arrivant sur elle.

- Quelle audace, cela faisait un moment que je n'avais pas croisé de suicidaire ah la la...

La vanité de cet homme était autant reconnu dans ce royaume que dans tous les autres, tout comme son caractère explosif. Clae l'ignorait, le touchait et osait lui tenir tête avec un air supérieur.

- Idiote insolente... Avide imbécile... Imprudente en plus, tu ne tiens donc pas plus que cela à la vie ?

Le vieillard profita d'un instant pour sortir comprenant tout à coup que cette discussion finirait mal.



*Race de cheval de selle et de trait.

Obsession ◊•Tome1•◊ (en correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant