Chapitre 7

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"La force de la vérité est qu'elle est dure."

Proverbe égyptien

Claé sortit de chez sa bisnonna un peu plus en forme qu'il y a une semaine. La plaie s'était refermée laissant une vilaine marque boursouflée qui s'ajoutait aux autres. Son arrière grand-mère avait fait son possible pour qu'elle n'est pas de cicatrice mais Claé avait tout son possible pour la garder. Elle voulait se souvenir. Elle devait se souvenir du jour où elle avait affronté pour la première fois le vampire Alexei Wladrofshka. Elle n'était pas prête à le battre le jour où elle l'avait rencontré. Aujourd'hui, elle se préparait à cette nouvelle altercation.

Ne pouvant pas faire grand-chose elle s'était mit en tête de nettoyer, poncer et tailler toutes ses armes. Nettoyer entièrement son arbre maison à la main contrairement à d'habitude où elle nettoyait par quelques incantations rapides. Cela lui avait prit cinq jours. Et cela faisait deux jours qu'elle se baladait dans les rues et sur le ponts sans trop savoir comment passer le temps.

Elle croisa une horde de petites filles à la poursuite d'un chat, blanc, contrairement aux contes traditionnels où toutes les sorcières possédaient un chat noir ou un corbeau. Il est vrai que les sorcières appréciaient les corbeaux, c'était même leur emblème. Mais le malheur du chat noir n'était que pure bêtise.

- Claé, l'interpella une jeune et rondouillarde sorcière. Claé !

- Eliya ? Demanda froidement Claé.

- Claé... La jeune sorcière sembla reprendre son souffle pendant une bonne minute avant de tendre une brindille surmontée d'un seul petit bourgeon à Claé. Message... Conseil de guerre...

Claé n'écouta pas plus longtemps la sorcière et prit la maigre branche entre ses doigts agiles, la brisa et ferma les yeux. La voix d'Arlea résonna dans sa tête. Elle était priée, non, obligée d'assister au conseil de guerre avant la cérémonie de la Lune. Son cœur explosa de joie même si son faciès ne laisser rien paraître. Elle jeta la branche par terre et s'éloigna sans un regard pour Elyia. Cette dernière soupira en regardant Claé partir, n'avaient-elles pas été amies ?

Après avoir traversée des rues totalement vides, un grand arbre d'au moins sept mètres de diamètre se dressa face à elle. Immense. Gigantesque. Gargantuesque. L'arbre du conseil.

Le sud de la nation, là où résidait Claé, était érigé en étoile. Tous les chemins partaient du centre, et le centre était représenté par l'arbre. Vieux de plusieurs millénaires il trônait fièrement, surplombant tous les autres arbres qui paraissaient ridicules face à tant de grandeur.

Une avancée de trois mètres, qui servait de promontoire pour les chefs de la nation quand il y avait d'importantes informations à faire passer au peuple, s'élevait à plus d'une dizaine de mètres. Contrairement aux arbres maisons, l'Arbre du Conseil possédait une porte au bas de son tronc. Peu la connaissait mais les chefs ne la cachait pas. Une fois cette porte passée, un escalier taillé à même le tronc montait vers la première salle de réunion, ou descendait vers les archives.

Claé emprunta cet escalier mais ne s'arrêta pas dans la première salle. Elle continua de gravir les marches jusqu'à la salle du conseil de guerre. Au dernier palier, entre les branchages.

- Tu n'es pas en avance Claé ... dit une sorcière assez âgée assise sur un fauteuil de bois et de mousse.

- Je l'ai prévenue au dernier moment Rethys tu n'as pas à la rabrouer, déclara Arlea avant de désigner la place de Claé de sa main parfaitement blanche.

La jeune femme à la chevelure vermeille s'avança doucement vers la table, tout en veillant à garder une démarche assurée et un regard neutre. Le conseil commença. Elles avaient évoqué la paix avec les elfes et les fées dû à leur alliance, la mort d'un chef troll et l'avancée des géants sur le territoire des défenseurs de la mer. Après plusieurs heures de conseil, vint enfin l'évocation de la mission de Claé. Réticences, mépris, accusations, et finalement, acceptations.

Le conseil se conclut par la récitation d'une incantation, veillant à renforcer le bouclier de défense de la nation et à insuffler le courage dans les rangs de sorcières qui ne seraient pas là ce soir.

De retour dans son arbre maison, épuisée, Claé chanta une incantation pour emplir son bain d'eau chaude. Elle retira sa combinaison, son ses gants, ses bas et ses bottes. Elle dénoua sa tresse et plongea son corps marqué dans l'eau. Elle profita de cet instant de tranquillité jusqu'à ce qu'une petite sorcière entre dans la pièce par l'ouverture extérieure.

- Claé ! Dépêche-toi de te préparer tu vas être en retard pour la cérémonie !

Drylha, une petite sorcière de huit ans, les cheveux roux et les yeux vairons. Elle excellait en incantation et sortilèges, surtout dans la fabrication de potions. Bisnonna va la prendre sous son aile pour la médecine... pensa Claé.

La cérémonie de la Lune. Claé sortit du bain, se sécha et commença à remettre sa combinaison quand Drylha hurla. Claé s'empara de sa dague prète à attaquer quand...

- Tu ne vas pas te rhabiller comme ça ?! Tu es folle !

Elle sortit à toute vitesse de la pièce. Drylha et la mode... Elle revint quelques minutes plus tard, cachée sous une tonnes de robes en voilages et morceaux de tissus que Claé n'avaient pas jetés de son placard. Après une bonne demi heure d'essayage et de retouches. Elle sortit de l'arbre-maison en compagnie de Drylha portant une robe blanche en crinoline et satin brodée d'argent. Resserrée à la taille par un fin ruban bleu nuit qui retombait jusqu'à ses pieds dans son dos, elle se trouvait élégante. Drylha avait bien des talents.

La fête commença et se finit très tôt le lendemain matin après avoir prié la Lune et le vent. Alya veillant seule dans son arbre maison, priant pour la survie de son arrière petite-fille lorsqu'elle affronterait de nouveau le Roi des vampires. Priant pour que cela n'arrive pas. Priant pour quelle revienne, en vie.

Obsession ◊•Tome1•◊ (en correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant