Chapitre 19

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« La folie est un don de Dieu »

Jim Fergus – Mille femmes blanches

Alya hurla en s'affalant au sol. Elle fut secouée de spasmes avant de simplement tomber évanouie. Claé mourrait.

La jeune sorcière se réveilla en sursaut et, dans son élan, heurta une poutre de bois dur avec son front. Elle retomba dans les draps humides. Elle posa une main sur son front prit d'assaut par la douleur. Elle le frotta activement pour la faire disparaître. Elle se redressa à nouveau, en faisant bien attention à la poutre et se leva en grimaçant. Son flanc était bandé et sanglant. Des traces jaunes et rouges venaient tâcher les bandes, elle avait mal cicatrisée.

- Tu es enfin réveillée...

Claé regarda la femme qui venait de parler. Vêtu avec élégance d'une robe longue aux manches tombante au sol elle lui souriait, tenant un brocart d'eau et un linge propre.

La jeune sorcière se leva rapidement, tangua de droite à gauche avant de se stabiliser. Elle chercha ses dagues avant de remarquer qu'elle était nue. Elle se saisit des draps pour se cacher et regarda la bonne femme avec méfiance.

- Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?

La femme rit doucement et posa le brocart sur une table. Elle s'approcha d'elle et croisa ses mains.

- Tu es l'élue. La divinité vermeille qui doit tous nous sauver. Tu es le feu éclairant nos maisons, tu es la terre accueillant nos cultures et l'eau purifiant nos corps de nos péchés. Tu es notre déesse ô grande Ishgrad !

Claé écarquilla les yeux surprise, ouvrit la bouche en forme de O, puis ses pensées affluèrent en masse. Elle referma rapidement sa bouche et fixa la femme, méfiante. Qu'est-ce que cette folle racontait ? Aucune des religions qu'elle connaissait ne parlait d'une femme aux cheveux rouges qui viendrait les sauver. Pure folie. Démence verbale.

- Et vous êtes la prêtresse de Lishad c'est cela ? Dit-elle d'un ton narquois.

- Ishgrad. Oui c'est cela je prépare les offrandes et engendre la descendance de Rutag, votre époux.

Claé se retint de rire. Cette femme était folle. Elle n'avait en revanche jamais entendu parler de cette religion et elle l'intriguait.

- Où suis-je ? Je veux dire dans qu'elle nation.

- Vous êtes dans la nation des vampires ô grande Ishgrad. Dans mon humble demeure.

Claé soupira, elle n'avait pas quitté l'enfer. Elle repensa tout à coup à sa chambre d'hôtel. Elle devait y retourner avant qu'il ne jette ses affaires. Elle se leva et s'appuya contre l'angle d'une table.

- Combien de temps faudra-t-il pour que je sois totalement soignée ? Comment se fait-il que je sois ici ?

- Environ six jours.

Elle ne pouvait pas rester si longtemps il fallait qu'elle parte.

- Et bien je vous ai trouvée ici, allongée sur le lit et blessée. Vous avez dormis deux jours sans discontinuer.

Claé soupira et se rassit délicatement. Elle regarda autour d'elle, observant les moulures de bois de chêne foncé. L'intrigante femme versa l'eau dans un bac de bois recouvert de draps puis elle se tourna vers Claé.

- J'espère que l'eau sera à bonne température pour votre corps.

La sorcière soupira derechef, se leva en grimaçant et marchant dans une position assez étrange pour se plonger dans le bac, méfiante. Elle trempa le bout des doigts dans l'eau et attendit. Pas de changements, elle glissa un pied dedans puis laissa tomber le drap qui cachait sa nudité derrière elle. Elle s'immergea totalement, cédant à la tentation d'un bon bain. La prêtresse s'approcha et lui retira son bandage sous un regard orageux de Claé.

- Vous avez eu de la chance d'arriver ici. Vous avez du vous blesser dans votre chute avec le bois et l'alliage en métal du toit.

Claé la regarda suspicieuse, puis, comprenant que cette femme croyait qu'elle était invincible elle opina du chef. Pourquoi détruire une religion alors que celle-ci la couvrait ?

Alya se releva, tremblante. Elle prit appuie sur la table basse et grimpa jusqu'à sa chambre. Du sang glissa de son flanc dans une danse meurtrière. Elle retomba sur le lit laissant à ses mains parfaitement lisses, le soin de couvrir la blessure d'un onguent.

La jeune sorcière se réveilla le lendemain, caressa sa blessure boursouflée. Décidément, cette prêtresse ne savait pas soigner... Sa bisnonna aurait su quoi faire. Elle se redressa, manqua de peu de percuter la poutre et se tourna vers l'ombre qui venait d'entrer dans la chambre.

Le petit garçon aux cheveux de neige venait de se glisser dans la chambre avec une immense discrétion, ses yeux rouges fixés sur Claé.

Obsession ◊•Tome1•◊ (en correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant