Chapitre 6

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"L'imminence de la mort n'est pas seulement une obsession personnelle, c'est une manière de se rendre à la nécessité de ce qui se donne à penser, à savoir qu'il n'y a pas présence sans trace et pas de trace sans disparition, donc mort."

Jacques Derrida Le Monde De l'Education ~2000

Debout, les mains sur la table en bois de merisier, le Roi réfléchissait. Les sorcières ne gagnaient pas de terrain mais n'en perdaient pas non plus. Les trolls et géants s'étaient unis contre les vampires et les attaquaient sur le front est quant aux elfes ils avaient signés un traité de paix avec les vampires et les trolls et géants pour avoir le temps de se réarmer. Seulement, la nation des vampires ne demanderait jamais un traité de paix. Fierté et orgueil. Dans cette contrée, tout était excusé si l'honneur était en jeu.

- Les sorcières prévoient un coup d'attaque contre nous, déclara Alexei Wladrofshka à ses ministres.

- Si je puis me permettre Sire, nos espions n'ont rien rapp...

- Leurs espions à eux si. Alors, si vous ne contiez pas exclusivement sur vos espions en terre ennemi vous pourriez ouvrir les yeux et remarquer qu'il y a des sorcières parmi nous Arianovska ! S'exclama Alexei.

Les ministres se turent et se regardèrent les uns les autres. Le doute. Le plus puissant des poisons. Le plus simple à administrer et le plus dur à soigner. Alexei s'assit négligemment sur son grand fauteuil de velours rouge carmin et contempla la table, autour de laquelle une multitude de ministres tentaient de trouver comment vaincre les sorcières. Une carte était ouverte sur cette dernière et des figurines, dignes des plus grands sculpteurs des temps ancestraux, symbolisaient les armées.

- Cela fait quatre ans que cette guerre dure. Je veux qu'elle cesse par l'abandon des sorcières maintenant ! Vous avez assez traînés. Trouvez-moi tous les renseignements qu'il faut mais que cette guerre cesse par notre victoire ! Il reprit sa respiration en regardant autour de lui. Je vais pour ma part tuer toutes les sorcières que je vais croiser.

Sur ces mots il sortit du conseil. Les ministres continuèrent de débattre un bon moment avant de se résoudre à simplement envoyer plus d'espions. Ils devaient trouver la moindre faille dans leur stratégie guerrière et la barrière de protection érigée autour de leur nation. Les sorcières se relayaient toutes les trois heures à la surveillance et au maintient de la barrière par des incantations.

Rien ne passait la barrière mis à part des sorcières. Cela ils l'avaient compris suite à de nombreux décès dans leurs rangs. La chair disparaissait et seuls les restaient accrochés à la barrière presque invisible, mais mortelle.

Alexei se drapa de sa cape aux couleurs de sa nation, le vermeille et le blanc, et emprunta l'escalier central fait d'obsidienne et d'or. Ses talonnettes claquaient sur le précieux métal et ses pas résonnaient dans tout le vaste hall. Il aimait être aussi important, aussi regardé.

Des femmes nobles, vêtues de ravissantes parures de diamants et de rubis, qui plongeaient dans leur décolleté prononcés, agitèrent leur éventail sous leurs yeux tout en suivant Alexei Wladrofshka du regard. La poitrine en avant, elles n'avaient pas besoin de rentrer leur ventre déjà parfaitement plat. La mode se voulait aux robes décolletées et moulant le haut du corps, la jupe devait arriver au-dessus des genoux et bouffer sous des tonnes de crinolines et dentelles. De plus, certaines nobles à qui l'argent ne manquait pas, faisaient rajouter une traîne de dentelle ou de crinoline tombant jusqu'à leurs pieds, chaussés de talons brillants sous les éclats de diamants collés à ces derniers.

Leurs yeux rouges, verts, bleus ou encore violets étaient relevés par du khôl brillant, accentuant ainsi les œillades séductrices qu'elles laissaient à l'intention du Roi Alexei.

Un seul regard reteint son attention. Un regard aussi dur que le diamant et éclatant que le soleil. Il s'arrêta une fraction de seconde, et pourtant le temps semblait s'être arrêté. Il perdit l'usage de ses sens, absorbé par les pupilles dilatées couvrant la quasi-totalité des iris bleutés de la jeune femme. Une mèche brune et bouclée tomba sur les yeux de la jeune femme et Alexei s'en détourna.

Il avait pensé à la jeune sorcière. L'obsession pour cette femme coulait dans ses veines. Elle était entrée dans sa peau, avait fait courir l'excitation de la chasse sur sa peau albâtre, elle détenait ses pensées, et rien ne le tourmentait plus que ses yeux cristallins. Il voulait l'entendre le supplier, il voulait la faire plier, la mettre à genoux. Il voulait l'entendre reconnaître son excellence, sa suprématie, sa divinité. Il voulait qu'elle s'excuse de ses dires, de sa prétention. Il voulait caresser ses cheveux vermeilles, les tirer en arrière, faire pleurer ses yeux audacieux.

La dominer.

Personne ne s'opposait à lui. Il était trop parfait pour que quelqu'un ose. Et pourtant, dans cette misérable boutique, il y a quatre jours, une jeune sorcière l'a provoqué, et il a laissé tomber une goutte de son précieux sang dans celui de la mystérieuse et dangereuse étrangère.

Obsession ◊•Tome1•◊ (en correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant