Chapitre 13

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"Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.

Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant,

Noir squelette laissant passer le crépuscule.

Dans l'ombre où l'on dirait que tout tremble et recule,

L'homme suivait des yeux les lueurs de la faux."

Victor Hugo ; Les Contemplations ~ 1856

Il lui avait fallu une journée et une nuit pour guérir suite aux soins d'un vampire fort adroit en médecine. Les plaies étaient néanmoins recouvertes de bandages. Elle avait chanté toute sorte d'incantations pour sa douleur et sa cicatrisation. Aujourd'hui, deux vampires larges comme deux portes l'ont sortie de sa cellule avec la délicatesse d'une hache et l'amabilité d'un bourreau. Ils l'avait traîné jusqu'à une salle occupée par une vingtaine de personnes. Des miroirs, des porte-vêtements et des tables emplies de palettes de couleurs prenaient les la moitié de la place.

- Bonjour, je serai votre préparateur, lui dit tout haut avec un grand sourire un vampire fort bien habillé, quoi qu'un peu excentrique.

Claé ne comprenait pas ce qui lui arrivait, le « préparateur » la fit s'asseoir sur une chaise, tira le rideau séparant ainsi les différents miroirs. Il ordonna à Claé de se déshabiller, ce qu'elle refusa catégoriquement avant de se retrouver vêtu d'une seule culotte de coton noire simple. Elle croisa ses bras sur sa petite poitrine mais le préparateur lui tendit une serviette mouillée pour qu'elle se « lave ».

Une fois séchée, Filipp, puisque tel se nommait le préparateur, la vêtit d'une tenue noire différente de celle dont elle avait l'habitude. Ses jambes était à nues, seulement couvertes pas des cuissardes sanglées, un short montant et un haut prenant seulement sa poitrine, une veste à capuche venait parfaire le tout. Il la coiffa, la maquilla et, une fois son visage couvert d'arabesque blanches et dorées, il la laissa partir.

Les deux brutes qui l'amenèrent dans une autre salle, plus spacieuse que la dernière. Toutes sortes d'armes étaient disposées partout. Elle regarda en arrière mais les deux hommes la poussèrent en avant. Son regard caressa les fines lames des dagues, les katanas, longs et affûtés, les arcs fait d'acier et magnifiquement ciselés. Elle s'extasiait devant les armes pendant que d'autres entraient pour se saisir de ce dont ils avaient besoin.

Comprenant que si elle ne se dépêchait pas de prendre les armes qui lui fallait pour le combat, elle n'aurait plus rien, elle se jeta sur les dagues. Elle en saisit deux, légèrement courbées puis fixa un katana dans son dos grâce au complexe mécanisme des attaches prévues à cet effet. Elle n'avait pas besoin de plus.

Son regard tomba sur le cuir parfaitement nettoyé d'un fouet, enroulé avec délicatesse autour d'une pique de fer. Elle s'approcha, caressa la poignée puis s'en saisit pour le fixer à la ceinture qu'elle portait.

Force.

Quand ses pieds frôlèrent le sable, elle releva les yeux vers la foule. Des centaines, non des milliers d'yeux rouges, violets, verts ou encore bleus étaient fixés sur le petit groupe d'arrivant. Cinq. Cinq personnes qui ne se connaissaient pas, qui n'avaient rien en commun, mis à part la considération des vampires.

- Mesdames, mesdemoiselles, messieurs. Bienvenue à la dix-septième soirée des arènes ! Les adversaires de vos champions viennent d'entrer sur le terrain. Acclamez-les et priez pour que leur mort soit lente et époustouflante !

Tout le public hurla de joie. Le regard de Claé se dirigea vers la tribune royale. Diana. Elle se tenait seule, assise sur un fauteuil de brocard vermeille et blanc. Vêtu d'une robe verte presque fluorescente elle applaudissait et semblait crier de joie.

- Maintenant, veuillez soutenir vos champions qui vont entrer dans quelques secondes ! Bon spectacle !

Le présentateur se tut et les cris redoublèrent quand entrèrent neuf champions vampires, d'autant plus larges que les deux hommes qui avaient amenés Claé dans l'arène. Elle fit craquer son cou, ses épaules et ses doigts, s'accroupit et se redressa pour détendre ses muscles.

Sa vie était en jeu et rien ne devait lui voler la victoire. Elle ne mourrait pas ce soir.

Le coup de départ sonné, les champions se ruèrent vers le groupe de Claé. Certains partirent en courant, effrayés, d'autres hurlèrent et foncèrent dans la mêlée. Claé ne bougea pas.

Quand un des vampires s'approcha, une hache presque aussi grande que Claé à la main. Elle recula sa jambe droite, fléchit la gauche et leva les poings. Le public riait, criait, s'amusait des morts et de la situation créé par Claé, ou encore des adversaires qui s'enfuyaient en courant.

La hache s'abattit sur la tête de Claé. Elle s'effaça de justesse, sauta sur le manche et, d'un mouvement agile, sauta par-dessus le heaume du vampire. Elle tapa de son pied gauche dans le dos de ce dernier qui bascula en avant, et elle roula sur le côté pour se relever dans un enchaînement parfait.

Il releva son arme, avec une vitesse affolante, et abattit son arme là où aurait du se trouver les côtes de Claé. Elle s'était baissée au sol. La jeune sorcière en profita et, en se redressant, pivota et envoya un puissant coup dans les parties inférieures du vampire. Son cœur battait rapidement. Excitation. Exaltation. Drogue.

Elle prenait enfin vie, depuis son départ pour Cranys elle ne s'était pas battu. Elle frappa à nouveau. Faisant couler le sang dans la bouche son adversaire. Elle s'effaça derechef quand la hache ne passa qu'à un fil de son buste. Ses armes ne servaient à rien dans une confrontation avec une hache. Elle courut hors de portée du vampire qui pensa qu'elle fuyait. Son erreur fut de la suivre, arrivée au bord de l'arène, l'homme jubilant, elle prit appuie sur le mur de pierre et, avec une agilité hors norme elle sauta en arrière, semblant voler un instant. Elle arracha le heaume de son adversaire, agrippa ses cheveux d'or et referma ses jambes autour de son cou.

Il n'eut pas le temps de lever sa hache que déjà, des lames s'enfoncèrent profondément dans sa carotide*. Le sang jaillit, tachant les jambes de Claé avant qu'elle ne saute du corps qui s'écroulait.

Elle se retourna et fixa un autre champion qui arrivait face à elle. Une promesse de mort dans le regard.

Obsession ◊•Tome1•◊ (en correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant