Chapitre 5

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"L'arbitraire est une arme à un si grand nombre de tranchants, que ceux qui la tiennent s'y couperont éternellement les doigts."

Henri Rochefort La Lanterne

Claé s'avança plus rapidement en direction de la silhouette. Elle ouvrit de grand yeux stupéfaits et sauta de Rebor, non sans gémir de douleur et courut vers l'ombre une dague au bout des doigts.

- Mam...

La silhouette disparut.

Claé s'arrêta net et regarda autour d'elle. Personne. Seulement les feuilles mortes tombant à terre et le bruit du vent dans le feuillage des arbres.

Silence.

Rebor hennit pour rappeler sa maîtresse. Elle rangea sa dague contre sa cuisse et retourna vers son frisson. Elle lui retira sa selle et son harnais, passa sa besace en bandoulière, et monta les marches de son arbre pendant que Rebor gambadait, heureux et naïf. Elle poussa sa porte et entra dans la petite pièce qui lui servait de salon et de cuisine. Elle grimpa encore quelques marches creusées à même le tronc et se retrouva dans une pièce plus grande que la première, entre les branchages.

Elle traversa la pièce, sortit sur le balcon et accrocha la selle ainsi que le harnais à une branche qui remontait vers la toiture ressemblant à du verre, mais faite d'un alliage si complexe que seules les sorcières en avaient le secret et la capacité de réalisation.

Elle se pencha à travers les branches pour regarder Rebor se balader tranquillement et se faire caresser par les petites filles des arbres voisins. Elle se redressa, une totale confiance en son cheval et rentra dans sa chambre.

Elle caressa le bord de sa baignoire faite de bois et de marbre très fin. Elle descendit les marches et alla s'asseoir sur son canapé. Elle regardait les moindres recoins de la pièce ne sachant que faire. Elle n'aimait pas être blessée. Du plus lointain souvenir qu'elle ait, elle n'avait jamais fait autre chose que se battre, lire et encore se battre. Elle allait à l'école et quand elle revenait elle passait des heures à s'entraîner, seule, avec une épée de bois, puis à plusieurs, avec les filles de son âge, avec des bâtons de bois. En grandissant elle avait appris à manier toute sorte d'armes, de l'arc à la hache en passant par l'épée et le fouet.

Elle comprit rapidement qu'elle n'avait pas la force nécessaire pour soulever une hache plus de quelques minutes alors elle s'était concentrée sur les petits gabarits. L'arc, les dagues, les longues lames.

Son arrière grand-mère lui avait enseignée l'art des sortilèges et des incantations. Elle...

Elle fut tirée de ses pensées par un grand bruit au bas de son arbre. Elle se redressa immédiatement, se précipita à la porte et l'ouvrit. Claé se pencha pour observer qui se tenait en bas et se recula aussitôt.

Arlea.

Sa tante avait du la prévenir. Quelle garce ! Elle ne ratait jamais une occasion de la rabaisser aux yeux de tous. Tout cela pour une vieille querelle de famille, de plus ce n'était même pas de la faute de Claé.

Elle soupira, inspira profondément et descendit, dagues à portées de main. Claé serra les dents, l'onguent lui brûlait en la cicatrisant.

- Tu es revenue bien tôt Claé... Aurais-tu trouvé plus tôt que prévu les postes ? Demanda une jeune femme face à elle. Arlea. La chef des armées, le grade juste au-dessous de celui de la commandante Tiunay. Comme la majorité des sorcières importantes elle teignait ses cheveux d'un blond platine impeccable et brillant, ce qui relevait le vert profond de ses pupilles. Aucune tâche de rousseur, aucune cicatrice, aucun grain de beauté, rien ne venait entacher ce visage semblable à celui des vampires. Inhumaine.

- J'ai été blessée et ne pouvant pas me soigner sans attirer des vampires je suis rentrée jugeant...

- Vous avez échouée Claé, je vais vous remp...

- Sauf votre respect Arlea je ne pense pas avoir échoué. Je n'ai passé que quelques heures en nation ennemi et vous jugez que j'ai échoué ? Et bien détrompez-vous. Je vais trouver des avants-postes puisque vous m'avez mandé de le faire. Je vais en trouver et nous allons gagner cette guerre sur les vampires. Nous asservirons leur peuple et monterons notre armée, encore plus puissante. Ainsi, nous pourrons rétablir la paix à travers les nations, retrouver notre puissance d'antan et admiration auprès des autres nations.

Arlea hocha la tête entendu. Malgré ses airs froids et superficiels elle n'était pas dupe, elle connaissait le potentiel de chacun, elle croyait en Claé et elle savait que si elle l'avait retiré de la mission elle serait tout de même repartie. Elle tourna les talons, suivie de plusieurs autres sorcières.

- Ne me déçois pas Claé...

Obsession ◊•Tome1•◊ (en correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant