4. RENÉE (Partie XVI)

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Tous possédaient une philosophie de vie propre à chacun d'eux, mais l'esprit le plus raisonnable et le plus juste restait encore celui de Carlisle et j'avais été une nouvelle fois frappée par la sagesse qui avait découlé de chacune de ses paroles.

Quant à Esmée, je m'attelais désormais à chercher dans le moindre de ses mouvements, dans la moindre de ses expressions, quelque chose qui me rappellerait Renée. L'étape la plus compliquée resta néanmoins ma confrontation avec Renesmée. Que pouvais-je confier à mon enfant sans risquer de lui imposer ma souffrance ?

Je m'étais décidée à franchir le cap un soir, au moment de la coucher. Je m'étais assise au bord du lit, en tailleur, et avais pris sa main dans la mienne. Le vent soufflait fort dehors, le mois d'octobre touchait à sa fin. Les feuilles mortes voletaient dans un ballet incessant et les ramures ployaient sous la violence des rafales.

J'avais resserré ma prise et un pli soucieux était venu marquer le front de ma fille. À cet instant, quelque chose m'avait frappé - peut-être était-ce son regard qui me sondait ou son nez qui se plissait sous l'inquiétude - mais j'avais fini par mettre le doigt sur ce qui avait attiré mon attention. Certes, Renesmée grandissait vite, mais ces derniers temps, j'avais eu l'impression qu'elle s'était métamorphosée sans que je m'en aperçoive. Ses traits enfantins avaient commencé à s'effacer autour de ses pommettes et son visage tout entier s'était allongé en un ovale parfait. J'avais cligné des yeux, me détournant de ses prunelles inquisitrices.

- Qu'y a-t-il, maman ? avait-elle fini par me demander.

- Rien... Rien du tout.

- Tu es toujours triste, c'est ça ? avait-elle insisté.

- Oui, un peu, avais-je admis.

- Ça va aller, maman, nous sommes là pour toi, avait-elle assuré en caressant ma joue du revers de sa main libre.

- Je le sais bien, ma chérie.

Renesmée avait froncé une nouvelle fois ses sourcils clairs. À l'instar de Jacob, je pouvais deviner quand ma fille avait quelque chose à me demander.

- Comment était-elle ? avait-elle hésité.

- Unique, avais-je répondu sans réfléchir.

Je n'avais trop su quoi ajouter.

- Écoute, avais-je repris, j'ai conscience que tu dois te demander pourquoi je réagis de cette manière, mais...

- Je peux le comprendre, maman. J'ai une idée de ce que tu peux ressentir, avait-elle lentement déclaré en faisant jouer son médaillon entre ses doigts.

La lune vint illuminer le bijou d'un éclat laiteux et je saisis derechef l'allusion. « Plus que ma propre vie », tels étaient les derniers mots que je lui avais adressés, avec l'intention de la quitter pour toujours.


TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Where stories live. Discover now