10. ABANDON (Partie I)

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- Mais qu'est-ce que tu fais, Alice ? me plaignis-je tandis que celle-ci me tirait par la main.

Ma belle-sœur me traînait résolument du côté de la chambre, sans que je comprisse pourquoi. Quelques minutes auparavant, j'étais encore confortablement blottie dans les bras d'Edward lorsque sa sœur avait brusquement cessé ses va-et-vient dans le salon et m'avait arrachée à lui. Mon mari avait semblé aussi dérouté que moi - n'ayant visiblement pas réussi à deviner les intentions de sa sœur.

- Crois-moi, je fais ça pour ton bien, assura-t-elle. Et pour le mien aussi.

Rosalie ouvrit la porte de sa chambre à ce moment-là. Alice me poussa vivement à l'intérieur tandis que sa sœur soupira. J'eus peur que nous ne la dérangions.

- Je suis désolée, Bella, s'excusa-t-elle en refermant la porte derrière moi. Mais elle a consenti à m'épargner si je la laissais faire.

Je m'étais donc trompée. Il s'agissait visiblement d'un complot dont je n'allais pas tarder à connaître l'issue. Je craignais même d'avoir déjà compris. Alice m'abandonna pour aller fouiller dans la penderie de Rose.

- Ta façon de t'habiller est désespérante, constata-t-elle en me tournant le dos.

- La simplicité, Alice, ça te parle ? rétorquai-je, sarcastique.

- Si tu étais humaine, passe encore. Mais tu es ma sœur, je ne peux pas fermer les yeux, répondit-elle en secouant la tête.

- Je crois que je suis assez grande pour me fringuer comme bon me semble, grommelai-je.

Personne ne releva. Il m'apparaissait évident qu'Alice avait réellement besoin de distraction pour oser passer le cap de me faire subir ce genre de supplice, au vu de la situation. Je commençais déjà à accepter l'idée de devoir me rendre sans me battre.

J'avais un peu pitié d'elle - connaissant son goût pour la mode, elle devait être torturée de me voir me complaire dans cette banalité. N'ayant aucun moyen de remédier aux problèmes les plus urgents, elle devait refuser de céder aux petites tracasseries dont elle avait la solution.

Tout à coup, une idée me traversa l'esprit. La brise qui ondulait la chevelure de Rosalie venait de me suggérer un moyen de pimenter cette distraction, en évitant de passer entre les mains d'Alice.

Lentement, je m'approchai de la baie vitrée laissée grande ouverte en posant un doigt sur ma bouche afin que Rose ne trahisse rien. Celle-ci comprit et ne laissa échapper qu'un sourire, invisible à sa sœur qui nous tournait toujours le dos.

Lorsque j'atteignis mon objectif, je grimpai agilement et toujours silencieusement sur la rambarde du balcon avant de m'accroupir. Alice venait visiblement de trouver son bonheur, vu qu'elle tenait une tenue suspendue à un cintre au bout du bras. En constatant le luxe et le raffinement de la robe qu'elle venait de me dégoter, je ne pus tenir ma langue.

- Tu sais quoi ? fanfaronnai-je. Tu devras recourir à la force pour me faire enfiler un truc pareil.

Au dernier moment, Alice se retourna, juste à temps pour comprendre. D'un bond, je sautai à l'extérieur et m'enfonçai dans la forêt.

- Traîtresse ! l'entendis-je s'écrier.



TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)Donde viven las historias. Descúbrelo ahora