TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)

10. ABANDON (Partie XV)

Renesmée avait surgi de nulle part - fruit inimaginable de notre union -, celle à qui je ne m'étais même pas autorisée à songer. Les vampires n'avaient pas d'enfants. Pourtant, elle avait fait irruption dans ma vie d'une manière inattendue, voire improbable.

Cela relevait du surnaturel, je le savais, mais rien n'était impossible. Pas à Forks du moins. C'est pourquoi j'avais tenu à aller au bout de ma grossesse, au péril de ma vie. J'avais aimé cet enfant dès l'instant où j'avais pris conscience de son existence et l'idée de m'en séparer - alors que je ne l'avais même jamais vue - m'avait révulsée.

- Tu tiens vraiment à faire ça ? m'interrogea Edward, adossé au mur.

Je ne l'avais pas entendu arriver.

- J'en ai besoin, soufflai-je.

Mon mari s'approcha du canapé avant de s'asseoir à côté de moi. Il jeta un coup d'œil sur l'album que j'avais posé sur mes jambes, puis me regarda.

- Est-ce que ça t'aide vraiment ? insista-t-il.

- Je n'en sais trop rien, avouai-je. C'est plutôt douloureux de ne pouvoir la toucher qu'à travers ce papier glacé.

Je caressai l'un des clichés du bout des doigts.

- Je vois, fit-il, pensif.

- Je n'ai que ça en tête, m'excusai-je. Je passe mon temps à retourner le problème dans tous les sens, mais ça ne sert à rien.

- Bella, nous en avons discuté des centaines de fois.

- Nous ne devons pas baisser les bras, le coupai-je. Il faut se battre pour elle et... pour Jacob aussi. Je commence à me dire que si la petite ne revient pas, je vais le perdre lui aussi.

- Je ne sais pas quoi te dire, hésita-t-il.

Me penchant vers lui, je déposai un baiser sur ses lèvres. Lorsque je lui fis de nouveau face, il n'avait pas bougé. Je me sentis brusquement impuissante face à son désarroi. Je l'avais fait culpabiliser alors que mon intention n'était pas là.

- Oublie, lâchai-je en refermant brutalement l'ouvrage. Alors, ce jardin ?

- Ce n'est pas aussi propre qu'à l'intérieur, rigola-t-il. Mais je crois que je ne m'en suis pas trop mal sorti.

Je me levai d'un bond et l'entraînai à l'extérieur. Je ne pus retenir une exclamation de surprise.

- C'est magnifique, Edward !

Le jardin était splendide. Il avait taillé les branches des rosiers, arraché les mauvaises herbes et enlevé le lierre qui commençait à courir sur les murs. Il avait même replacé les rocailles qui entouraient le plan d'eau, créant ainsi un ovale parfait. Des nénuphars surnageaient à la surface.

- C'est du beau travail, ajoutai-je.

- Ça m'a occupé les mains, se justifia-t-il. Et l'esprit aussi.

Faisant volte-face, je le saisis dans mes bras et toutes mes pensées convergèrent de nouveau vers Renesmée. Ma petite fille si parfaite, que j'aimais avec une force indescriptible.

J'avais cru en rencontrant Edward ne plus jamais pouvoir éprouver un amour aussi fort et intense, mais je m'étais trompée. J'aimais Edward, j'aimais Renesmée, chacun d'une façon différente et pourtant égale. Mais aujourd'hui, j'étais désormais privée de ma petite fille, privée d'une partie de mon cœur qui saignait de douleur.